L’écrivaine et journaliste américaine Danielle Crittenden a passé une semaine à Washington couverte par une abaya, le voile intégral noir avec niqab porté par les femmes en Arabie saoudite et d’autres pays du Moyen-Orient. On en voit de plus en plus en Amérique du Nord et en Europe. Dans un court vidéo, elle relate son expérience. Le vidéo est affiché sur le site du National Post. Cliquez ici. L’illustration est de Leif Peng pour le National Post.
Ce qui l’a étonnée – et bouleversée – est l’incroyable niveau de tolérance des gens. Son expérience confirme qu’il n’y a pas d’islamophobie rampante aux États-Unis. Et qu’on s’habitue à tout. C’est la banalité de la déshumanisation des femmes, personne ne s’insurge de cette forme de totalitarisme qui prive les femmes de leur singularité, de leur droit d’être «visibles» dans l’espace public.
En décembre dernier, elle a écrit une série d’articles sur son expérience pour le National Post. Danielle Crittenden: A cloak of my own
Voici une traduction de la transcription du vidéo:
La perspective de porter ça, maintenant, toute la journée, ma vie durant…
Je veux dire… Je ne peux pas imaginer comment cela va être. Mais j’ai le sentiment que cette abaya va vieillir très rapidement.
Je pense qu’au-delà d’un vêtement religieux, au-delà d’un vêtement culturel, c’est un vêtement politique qui représente un ensemble de croyances à propos des femmes, avec lesquelles aucune femme dans notre société ne devrait se sentir à l’aise.
Et comme femme qui a grandi dans une société libre qui respecte les femmes, j’étais un peu intriguée et intéressée de connaître ce que ça doit être de vivre sous ce type d’oppression ou de vêtement oppressif.
À quoi ça ressemble de vivre votre vie comme ça?
Comment est-ce restrictif, que ressentez-vous à l’intérieur?
Je pense que ce qui a été le plus étonnant a été l’incroyable niveau de tolérance (avec insistance). Je suis descendue dans le métro à l’heure de pointe. Le métro de Washington, dans le train qui va au centre-ville qui était bondé, personne n’a sourcillé.
Même m’asseoir ou me déplacer, si vous voulez le garder fermé à l’avant .. Et vous commencez à penser aux choses que vous devez faire – ou ne pas faire – en portant ça. Quand vous allez dans un magasin, faire l’épicerie, ou marchez simplement dans la rue, vous vous sentez auto-consciente, vous vous demandez ce que les gens pensent quand ils vous regardent…. Vous ne vous sentez pas vous-même.
J’avais très envie de l’arracher et juste d’ouvrir mon visage, c’était l’aspect le plus difficile dans l’expérience de porter ce vêtement.