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La commissaire en chef de la Commission canadienne des droits de la personne, Jennifer Lynch a finalement réagi à l’un des sujets les plus brûlants portant sur le respect des droits de la personne au Canada.
Elle l’a fait en prenant la parole à la conférence (15 juin 2009) de CASHRA, l’Association des institutions de défense des droits de la personne. (lire des extraits de son discours…)
À la suite des vives préoccupations exprimées depuis des mois, madame Lynch a finalement répondu à ceux qui critiquent la façon dont la commission respecte son mandat, et qui s’interrogent sur l’impact que cela peut avoir sur la liberté d’expression, garantie par la charte
Sa réaction n’est pas très encourageante.
Au lieu de réagir à la pertinence des objections, Jennifer Lynch a prononcé un discours pétri d’arrogance et de salissage. De toute évidence, sa réaction est une tentative désespérée de renvoyer la balle aux critiques sincères et responsables. Son discours est tissu d’absurdités et faussetés et témoigne de la paranoïa d’une caste de fonctionnaires. Elle soutient de manière invraisemblable que le discours des « défenseurs » des droits de la personne est « frigorifié » par une « campagne » visant à « discréditer les procédures d’examen des commissions et la compétence de leur personnel » d’une façon qui, dit-elle, a été « parfois effrayante ».
Je peux vous dire que tout cela est faux et je le sais par expérience.
Afin de tester l’impartialité et le professionnalisme de la Commission canadienne des droits de la personne, j’ai déposé une plainte en 2008 au nom du site web Point de Bascule, qui lutte contre l’islam radical. Cette plainte, maintenant connue sous le nom de l’affaire Hayiti, porte sur le livre L’Islam ou l’Intégrisme?: un livre tout simplement abominable, écrit et distribué sur Internet par un imam salafiste montréalais Abou Hammaad Sulaiman Dameus Al-Hayiti. Ce livre attaque de manière virulente et haineuse les homosexuels, les non-musulmans, les femmes et d’autres groupes.
Dans ce livre, l’imam affirme par exemple (voir aussi l’analyse de ce livre par Point de Bascule ici):
– Que les homosexuels et les lesbiennes doivent « être exterminés », que les sodomites doivent être « décapités ».
– Que les infidèles (non musulmans) « vivent généralement comme des bêtes» « ils sont des gens pervers, qui adorent la perversité» « qu’ils sont nos ennemis » et « que leurs enfants sont les plus pervers ». Que les infidèles veulent « exploiter sexuellement les femmes» et que « l’une des pires ignorances ou injustices » pour les musulmans est de considérer les infidèles comme leurs égaux.
– Que le Christianisme est « est une religion de mensonges » responsable « de la perversité, de la corruption et de l’adultère » dans le monde occidental.
– Que les juifs « répandent la corruption et le désordre sur la terre »
– Que les hommes sont « supérieurs » aux femmes « parce que leur intelligence et leur mémoire sont plus complets »
– Que dans les pays musulmans, les musulmans doivent « humilier et punir » les chrétiens, les juifs, les hindous, les bouddhistes, les athées et qu’ils doivent les obliger à se convertir à l’islam ou « être tués ».
Dans cette affaire, la commission s’est montrée incapable de respecter les normes les plus élémentaires de l’administration publique. Ma plainte, préparée avec l’aide de deux avocats expérimentés, a été examinée de façon incompétente et l’on a cherché constamment à gagner du temps. Il m’a fallu attendre des mois avant de recevoir un accusé certifiant qu’on avait reçu ma plainte. La commission s’est révélée peu capable de communiquer vraiment dans les deux langues officielles. Et l’agent de commission chargé d’établir la liaison entre moi et l’équipe d’avocats de la commission a fait preuve de négligence. Mais on m’a fait comprendre que je devais interpréter tout cela comme de bonnes nouvelles pour ma cause.
Ma plainte a été rejetée en dépit des preuves solides apportées contre l’imam. Les médias ont été scandalisés d’apprendre que la commission la jugeait sans fondement. Pour la commission, les propos de l’imam Hayiti n’incitent pas « à la haine » ou « au mépris » envers « un groupe identifiable ». C’est probablement la première fois dans l’histoire judiciaire canadienne que les juifs, les femmes, les non-musulmans et les musulmans apostats ne sont pas considérés comme des «groupes identifiables ».
Des journalistes et des citoyens responsables et pondérés – aucun dangereux extrémiste parmi eux – ont été outrés par la décision de la commission. Une crise de confiance palpable en a résulté car les Canadiens se sont mis à douter de l’impartialité de la commission. On s’est demandé si elle aurait réagi envers un rabbin ou un prêtre qui auraient tenu des propos semblables à ceux de l’imam montréalais.
Après tout cela, la commissaire Lynch ne trouve rien d’autre à faire que d’accuser les critiques de vouloir discréditer la Commission. Convaincu que les commissions des droits de la personne ont un rôle à jouer au Canada, je ne peux pas m’empêcher de constater que c’est la commission elle-même qui s’est discréditée.
Quant à l’imam, il se montre aussi intraitable que madame Lynch et se contente d’affirmer qu’il n’avait fait que citer le Coran!
Marc Lebuis, directeur www.pointdebasculecanada.ca
Lire aussi:
Lettre de la Commission canadienne des droits de la personne à Marc Lebuis