ORIGINAL ENGLISH VERSION ON STEYNONLINE
Depuis que Mark Steyn a publié son article, les autorités allemandes ont relâché l’homme d’origine pakistanaise considéré au départ comme le principal suspect dans l’attentat de Berlin. Selon Radio-Canada, la police allemande est désormais à la recherche d’Anis Amri, un autre migrant, tunisien celui-là, qui est passé clandestinement par l’Italie il y a quelques années avant de faire une demande (refusée) de statut de réfugié en Allemagne. Toujours selon Radio-Canada, «Sur son site Internet, la [station tunisienne Radio Mosaïque] soutient qu'[Anis Amri] a été condamné en Italie pour l’incendie volontaire d’une école et qu’il y a purgé une peine de prison de quatre ans. Il aurait aussi été poursuivi pour des vols avec violence en Tunisie.» Depuis la publication de l’article de Mark Steyn traduit ci-dessous, l’État islamique a également revendiqué l’attentat au camion qui a fait douze morts (jusqu’à maintenant) et 48 blessés.
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TRADUCTION FRANÇAISE DE POINT DE BASCULE
Auteur : Mark Steyn
Référence : Steynonline, 19 décembre 2016
Titre original : Market forces / Archive.Today
[EXTRAITS] Douze personnes sont mortes et 48 blessées (au moment d’écrire ces lignes) parce qu’elles ont visité un marché de Noël à la Breitscheidplatz de Berlin. Un titre de la BBC annonçant la nouvelle reflète la folie de notre époque :Un camion tue 12 personnes dans un marché de Noël [Lorry kills 12 at Christmas market / Archive.Today]
Ha! Ainsi c’est la faute du camion. Donc c’est quelque chose qu’on pourra régler grâce à des mesures de contrôle du camionnage, comme l’immatriculation et l’enregistrement des véhicules.
[…] D’autres réactions moins évasives sont presqu’aussi décourageantes. Un touriste anglais originaire de Birmingham [en visite à Berlin] s’est plaint que, dans sa ville, des blocs de ciment laids sont alignés le long des trottoirs pour empêcher des camions meurtriers de passer à l’action dans le voisinage. Le marché de Noël est une tradition allemande qui remonte au Moyen-Âge : celui de Munich a commencé il y a plus de 700 ans. Une société qui doit préserver ses traditions qui datent de trois quarts de millénaire derrière des périmètres de sécurité impénétrables pour qu’elles survivent est une société qui va perdre ses traditions. Comme je l’ai déjà dit, si les pays libres doivent installer des obstacles laids pour assurer leur sécurité, pourquoi ne pas les installer autour de leurs frontières nationales plutôt qu’autour de chaque site individuel à l’intérieur de ces frontières? [/ Archive.Today]
Mark Steyn : «Je pense que c’est insensé quand j’entends des gens dire ‘Il va falloir installer des détecteurs de métal dans les clubs de nuit, augmenter la sécurité des clubs de nuit’. OK, qu’est-ce qui viendra ensuite? Ils vont faire exploser une pâtisserie, une toute petite pâtisserie, est-ce qu’on devra installer des détecteurs de métal dans chaque pâtisserie?»
«Au lieu de mettre en place des périmètres de sécurité individuels autour de chaque Dunkin Donuts, de chaque station-service ou de chaque succursale de J.C. Penny, pourquoi ne pas avoir un grand périmètre autour du pays? […] On pourrait appeler ça une frontière et on pourrait avoir quelque chose comme une sécurité des frontières?»
Mais c’est considéré comme un discours insensé. À l’émission populaire Kelly File à Fox News, Martha MacCallum a demandé à deux experts de réagir au carnage du marché de Noël et les deux ont immédiatement évoqué l’idée de bombarder l’État islamique, la nécessité de mettre en place une alliance militaire des pays musulmans et d’autres projets de grande envergure. Je suis certainement en faveur de détruire l’État islamique mais l’État islamique n’est qu’un symptôme, pas la cause. Après que l’État islamique soit détruit, ce sera quelque chose d’autre. Dans plusieurs régions du monde, c’est déjà quelque chose d’autre : Al-Qaïda, les Taliban, Boko Haram, Abu Sayyaf, Al-Shabaab, Al-Nusra, Al-Gama’a al-Islamiyya, Al-ceci, Al-cela, Al-quelque chose d’autre…
Aucun des invités de Martha ne s’est demandé pourquoi ces gens qui veulent vous tuer parce que vous visitez un marché de Noël avaient d’abord été admis dans le pays.
Mais ne vous énervez pas! Comme Malcolm Turnbull [l’actuel premier ministre] d’Australie nous en a assurés, c’est seulement «un très, très petit pourcentage» [/ Archive.Today] de la communauté musulmane qui sont des «extrémistes violents». Comme d’autres leaders occidentaux, il ne nous dit pas quel est ce pourcentage : 1%, 0,1%, 0,0001% mais je suis certain qu’il le connait sinon il n’en parlerait pas aussi allègrement, n’est-ce pas?
Au moins, nos leaders s’entendent pour admettre que c’est un pourcentage. Un pourcentage est un concept très simple. Si 0,001% de la communauté musulmane sont des «extrémistes violents» et que vous avez 100 000 musulmans, en effet c’est un «très, très petit pourcentage» [de la population générale]. Si vous admettez un autre 100 000 musulmans, vous venez de doubler votre nombre «d’extrémistes violents». Que vous fassiez cela année après année ou que vous en importiez en bloc un million et demi (comme l’a fait Angela Merkel), même si le pourcentage «d’extrémistes violents» demeure inchangé [parmi les musulmans], vous n’en avez pas moins importé toujours plus de gens qui veulent tuer vos propres citoyens.
Pourquoi? Quel bénéfice en retire-t-on? Et pourquoi les gens comme ce touriste de Birmingham pensent que la réponse à l’arrivée de plus en plus de musulmans est l’installation de plus en plus d’obstacles en ciment? J’ai passé la plus grande partie de 2015 en France et dans d’autres pays d’Europe de l’Ouest. Les soldats sont partout : à l’extérieur des églises, des bureaux de poste, des gares, des centres commerciaux, des écoles juives d’abord et maintenant des autres écoles, des plages nudistes et des marchés de Noël… Et ce n’est pas suffisant et ce ne pourra jamais être suffisant. Et, même si ce l’était, qui veut vivre comme ça?
À peine quelques heures avant que douze familles allemandes aient été éprouvées par la perte sanglante d’un des leurs dans la semaine précédant Noël, mon vieil ami et, à l’occasion, mon présentateur, Jonathan Kay a fait montre d’un timing parfait et il y est allé d’une remarque sarcastique à propos de ces simples d’esprit qui s’en font à propos de ce que l’avenir nous réserve :
Jonathan Kay : «Bonne discussion @CBC180. Grâce à une hystérie à la Mark Steyn, les Canadiens pensent que les musulmans représentent 17% de la population du Canada alors qu’ils ne sont que 3%.»
[Version originale anglaise] Jonathan Kay : «Great @CBC180 discussion. Due to Mark Steyn-esque hysteria, Canadians think Canada is 17% Muslim. It’s actually 3%.»
Ha! Quelle bande de réactionnaires [rubes], n’est-ce pas? Vous, les arriérés d’Australie ne valez pas mieux : vous évaluez le pourcentage de musulmans à 12% alors qu’ils ne sont que 2,4% chez vous. Pourquoi s’en faire avec un si faible pourcentage?
Aussi flatteur que ce puisse être d’être tenu responsable de l’islamophobie de toute une nation, je dirais que la raison pour laquelle les Canadiens et les Australiens, comme les Français, les Allemands, les Belges et presque tout le monde, pensent que les musulmans sont plus nombreux qu’ils ne le sont en réalité est assez évidente : l’islam prend une place disproportionnée dans l’actualité. [Voir les réponses à la question 1 d’un sondage Ipsos de 2016.] Même lorsque les nouvelles ne rapportent pas que des gens qui magasinaient pour Noël ont été fauchés et un ambassadeur russe tué au nom de l’islam, on nous apprend qu’un prêtre français a été poignardé, qu’un aéroport belge a été attaqué, que des femmes qui célébraient la nouvelle année ont été agressées sexuellement ou que des cafés de Sydney ont été attaqués. Même les nouvelles les moins spectaculaires concernant l’islam en Occident reflètent une assurance et une confiance qui seraient impressionnantes si les musulmans ne représentaient que 17% de la population. Quand ils atteindront effectivement les 17%, vous penserez qu’ils sont 48%.
Puisqu’on semble être devenu obsédé par les pourcentages, je suppose que douze Allemands morts c’est vraisemblablement un pourcentage tellement insignifiant qu’il ne justifie pas «une hystérie à la Mark Steyn» de la part de nos élites éclairées. Mais, aujourd’hui c’est le 20 décembre et, pour les familles des victimes, dans cinq jours ce sera 100% de leur enfant, de leur parent, de leur copain ou de leur blonde qui sera absent à la table de Noël. Dites une prière pour eux : ils sont morts à cause de l’insouciance des élites politiques occidentales qui n’en finissent plus avec cette expérimentation sociopolitique qui ne pourra que se terminer de façon catastrophique.
Lecture complémentaire
Point de Bascule : FICHE Allemagne