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J’AI CRU que je ne pourrai jamais rentrer », confie Jennifer, 23 ans, sa petite Clara de 18 mois sur les genoux. Cette jeune maman et son enfant ont été retenues contre leur gré pendant plus d’un mois par une famille dans un petit village de la campagne marocaine, près de Khouribga, à deux heures de route de Casablanca. Avec un but précis : qu’elle accepte de se marier avec le fils aîné de cette famille.
« J’avais été invitée par une ancienne copine de lycée, Nadia, et son mari Rachid à passer une semaine de vacances avec eux au Maroc. Nadia avait réussi à me convaincre malgré mes réticences. Au début, tout s’est bien passé. Mais, au bout de trois jours, le frère de Rachid, Mustapha, m’a demandé de l’épouser. J’ai refusé, mais il n’arrêtait pas de revenir à la charge », raconte Jennifer. Au bout d’une semaine, Rachid annonce que le séjour va durer plus longtemps. Il est manageur d’artistes et lui explique qu’il est retenu pour signer des contrats et qu’il ne peut donc pas la ramener en France comme prévu au départ. « J’ai vu des musiciens, des contrats, je ne me suis pas méfiée tout de suite », avoue la jeune femme.
Mais les choses commencent à se gâter. Cette fois, c’est Nadia qui revient à la charge et lui intime d’accepter un mariage blanc si elle ne veut pas d’un vrai. Jennifer refuse toujours et obtient la promesse de rejoindre Casablanca le lendemain pour prendre un bus puis un bateau pour la France.
« J’ai essayé de m’enfuir mais, avec la chaleur, je n’ai pas réussi »
Le lendemain matin, direction Casablanca. Mais elle est retenue dans la voiture pendant que Nadia va au consulat de France pour demander les papiers nécessaires pour le mariage. Jennifer est ramenée dans le petit village.
Entre-temps, le couple a pris possession de son passeport et refuse de le lui rendre. Désormais, la famille ne donne plus que du pain à manger à Clara et plus question d’avoir de l’eau en bouteille ! « On était obligées de boire de l’eau du puits, qui n’était pas bonne. Clara a commencé à être malade. J’ai essayé de m’enfuir mais, avec la chaleur, je n’ai pas réussi. »
A Angoulême, la mère de Jennifer, Patricia, commence à remuer ciel et terre. Elle appelle le ministère des Affaires étrangères, contacte le commissariat, qui prévient le procureur. La police marocaine est prévenue en milieu de semaine dernière. La police judiciaire marocaine vient chercher Jennifer et sa fille, mais les laisse dans un hôtel, sans prévenir le consulat de France. Samedi dernier, la mère de Jennifer alerte le consulat, mais le standardiste refuse de transférer l’appel au responsable de permanence. Après l’intervention d’un journaliste de « la Charente libre », le consulat envoie finalement une émissaire chercher la jeune maman et sa fille à l’hôtel de Khouribga.
Jennifer et Clara sont finalement rentrées en France jeudi soir, grâce à un billet d’avion payé par Patricia. Clara souffre notamment d’une gastro-entérite parasitaire et d’une anémie. Hier, Jennifer est allée déposer plainte pour séquestration.
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