MOSCOU (Reuters) – Un russe qui a traité la police locale de «racaille» dans un commentaire affiché sur Internet a reçu une peine de prison avec sursis lundi pour «extrémisme», ce qui incite les bloggers à mettre en garde contre une répression de la liberté d’expression sur Internet.
Savva Terentiev, un musicien de 28 ans de Syktyvkar, à 1515 kilomètres (940 milles) au nord de Moscou, a écrit sur un blog l’an dernier que la force de police devrait être nettoyée en brûlant symboliquement des policiers deux fois par jour dans une square urbain.
Condamné sur des accusations «d’incitation à la haine et à la discorde» Terentiev a reçu une sentence d’un an de prison avec sursis, ont rapporté les agences de presse russes.
Les militants pour la liberté d’expression ont déclaré que la décision pourrait créer un précédent dangereux pour la liberté d’expression sur l’Internet, un forum dynamique pour les débats politiques dans un pays où les grands médias traditionnels font preuve de déférence envers les autorités.
«C’est un verdict tout à fait injustifié», a déclaré à Reuters Alexander Verkhovsky, directeur du centre SOVA à Moscou, une ONG qui surveille l’extrémisme. «Savva a assurément écrit un commentaire impoli… mais ce verdict signifie qu’il sera impossible de faire des commentaires impolis au sujet de qui que ce soit».
Le verdict a été discuté sur des blogs russes lundi. «Je ne sais pas maintenant si je dois être écrire ici ou pas», a commenté le blogger Likershassi sur un site Web.
«Le fait que Terentiev ait eu une condamnation avec sursis est sans importance. Ce qui est important est le précédent», a écrit un bloger nommé Puffinus.
GRAND FEU DE JOIE
Contacté par Reuters lundi, Terentiev a confirmé la sentence mais a déclaré qu’il n’était pas en mesure de faire d’autres commentaires.
Le commentaire sur le blog pour lequel il a été poursuivi a été retiré de l’Internet. Le journal russe Kommersant l’a cité comme disant: «Ceux qui deviennent flics sont des racailles», et demandant qu’on en fasse un feu de joie».
Après que l’accusation ait été déposée, Terentiev a écrit une lettre ouverte au Président russe Dmitri Medvedev protestant de son innocence.
«Il est de notre devoir d’assumer la responsabilité de nos paroles sur l’Internet… mais je n’ai pas appelé à la haine sociale envers les personnes salariées du service de la police», a-t-il écrit dans la lettre affichée sur l’un de ses sites www.zasavva.ru
La plupart des Russes reçoivent leurs bulletins de nouvelles et leur information de stations de télévision et de journaux contrôlés par l’État ou par des hommes d’affaires ayant des liens avec le Kremlin. Les voix de l’opposition sont en grande partie confinées à l’Internet, à la radio et aux publications à faible circulation.
Medvedev a dit qu’il considère la liberté d’expression et une société civile florissante comme essentiels et que la Russie doit y aller avec retenue lorsqu’elle fait la police de l’Internet.
«Dieu merci, nous vivons dans une société libre», a déclaré Medvedev le mois dernier dans un entretien avec Reuters.
«Il est possible d’aller sur l’Internet et d’y trouver tout ce que vous voulez. À cet égard, il n’y a pas de problèmes d’accès fermé à l’information en Russie aujourd’hui, il n’y en avait pas hier et il n’y aura pas demain», a-t-il dit.
Voir aussi:
Comment Internet défie le gouvernement égyptien, par Ahmad Zaki Osman
France – NON à la censure : un hébergeur suspend un blog anti-djihad et pro-US
Canada – Censure économique : Tarification Internet par site visité à compter de 2010