Comment mon fils peut-il être raciste, demande la mère d’un garçon trisomique accusé après une altercation au terrain de jeu avec une fille musulmane
Jusqu’à récemment, Fiona Bauld pensait que son fils Jamie âgé de 18 ans n’avait pas pleinement saisi la gravité de la situation dans laquelle il se trouvait.
Elle était réconfortée que son enfant trisomique qui a l’âge mental d’un enfant de cinq ans, n’ait pas complètement compris les accusations de racisme et d’agression portées contre lui, et encore moins commencé à envisager les conséquences.
Mais peu de temps après Noël alors que la famille regardait la télévision, Fiona a réalisé avec horreur que Jamie n’était pas aussi inconscient qu’elle aurait espéré.
Une scène montrant une prison est apparue sur l’écran et Jamie a dit calmement: «Je ne veux pas aller en prison, maman. S’il te plaît ne les laisse pas m’amener là». Il a ensuite éclaté en sanglots.
«Je l’ai pris dans mes bras et lui ai dit que tout allait bien se passer», explique Fiona.
«Tout au long de ce cauchemar j’ai fait de mon mieux pour sourire et agir normalement autour de Jamie, simplement pour le protéger de tout cela. Mais ce soir-là, comme il sanglotait dans mes bras, je n’étais pas sûre que tout serait OK».
«Ma pire crainte était que Jamie serait emmené quelque part et que je ne serais pas capable de le protéger. J’ai dit: «Jamie, tu n’iras pas en prison », mais j’ai aussi fondu en larmes».
Lorsque Fiona – qui vit en Cumbernauld, Lanarkshire, avec son mari James, 46 ans, entrepreneur de télécommunications, et leur fille Stéphanie, 17 ans – utilise le mot «cauchemar», ce n’est pas un euphémisme.
Sa situation est tellement ridicule, elle serait risible si les ramifications possibles n’avaient pas été aussi graves.
Son histoire est aussi un exemple de la manière inquiétante dont la rectitude politique extrême peut permettre que des incidents mineurs soient gonflés hors de toute proportion.
Les événements qui l’ont tant angoissée au cours des derniers mois ont commencé avec un incident sur un terrain de jeu entre deux individus ayant des besoins spéciaux.
Tout a rapidement dégénéré en 7 mois d’une enquête criminelle qui pourrait avoir abouti à traîner le fils de Fiona devant un tribunal d’où il serait ressorti avec un dossier criminel.
En septembre dernier, Jamie – qui a 18 ans mais ne peut même pas attacher ses propres lacets, a besoin d’aide sur la toilette, ne doit pas être laissé seul dans la maison et compte toujours sur sa mère pour le mettre au lit le soir – a eu une altercation avec une fille musulmane du même âge, elle aussi une élève au Motherwell College dans le Lanarkshire pour les individus ayant des besoins spéciaux, où Jamie est étudiant.
En deux mots : la fille a irrité le garçon, le garçon a poussé la fille et lui a dit de s’en aller. Puis, la fille en a parlé au professeur.
Les deux ont été envoyées chacun de leur côté et leurs parents informés de l’incident.
Compte tenu de leur âge mental, ce n’était pas plus significatif qu’une altercation sur un terrain de jeu entre deux enfants de cinq ans. Ça aurait dû s’arrêter là.
Au lieu de cela, un avis a été placé dans le journal local – on ne sait pas par qui – demandant des témoins à une «agression raciale» au collège le jour en question.
Ce n’est pas encore clair si c’est cet avis qui a conduit à l’enquête de police ou si c’est la famille de la fille qui l’a contactée. Quoi qu’il en soit, un peu plus d’une semaine plus tard, Jamie a été accusé de racisme et de voies de fait.
C’était un exemple fou de rectitude politique zélée, une politique locale de tolérance zéro contre le racisme appliquée à l’extrême sans aucun sens commun, et encore moins de considération pour les circonstances inhabituelles des personnes impliquées.
Après des mois de stress et de peur, l’épreuve des Baulds a pris fin hier quand, dans une remarquable désescalade, le bureau du procureur de la Couronne a émis des excuses formelles à la famille pour la détresse causée au cours des sept derniers mois.
Toutes les accusations ont été abandonnées, mais pour Fiona, cela n’est pas suffisant.
Non seulement ont-ils été confrontés à de la confusion, à de la bureaucratie et au manque de compassion dans leurs rapports avec le système juridique écossais, ils craignent que la réputation de Jamie soit entachée à jamais à la suite de l’inculpation.
«Notre famille a été soumise à une épreuve terrible pour rien», explique Fiona. «Il est absolument ridicule que les autorités aient porté des accusations d’adulte contre notre fils, qui n’était pas seulement innocent, mais de toute évidence incapable de comprendre pourquoi il était dans le pétrin».
«Par exemple, lorsque la police est arrivée pour une entrevue avec Jamie, il les a salués avec un grand sourire et une poignée de mains. Comme ils lui lisaient ses droits, il a dit merci d’être venu me voir, et a acquiescé à tout ce qu’ils ont dit».
Ceux qui souffrent de trisomie sont souvent d’accord avec tout ce qu’on leur dit tout simplement pour plaire aux autres personnes.
Fiona poursuit: «J’ai dit: ‘Vous rendez-vous compte qu’il ne comprend pas ce que vous dites?» Les agents de police ont admis qu’ils n’avaient aucune formation sur la manière de transiger avec des personnes ayant des besoins spéciaux.
«Mais le processus officiel était déjà enclanché. À partir de ce moment, il semblait qu’il n’y avait rien que mon mari ou moi puissions faire pour y mettre fin».
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Mais peu de temps après la visite, une lettre est arrivée, disant que les autorités avaient assez de preuves pour accuser Jamie.
«C’est là que l’enfer a commencé pour toute la famille», explique Fiona. «J’ai lu la lettre avec des mains tremblantes, et je pleurais. J’ai téléphoné au bureau du Procureur à cinq reprises et demandé s’ils savaient que Jamie était trisomique, mais personne ne voulait parler du dossier avec moi».
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C’est seulement il y a quinze jours – sept mois et demi après l’incident initial – que la famille a reçu une courte lettre du procureur disant qu’il ne procéderait pas à la poursuite. Il ne s’est pas excusé.
Et malgré que la Couronne a présenté des excuses officielles hier, Fiona a toujours l’impression qu’ils ont été victimes de la «rectitude politique devenue folle».
Une porte-parole de Trisomie Scotland est aussi horrifiée par l’affaire et a appelé à un meilleur traitement et compréhension.
Elle dit «Je n’ai jamais rencontré un trisomique qui soit raciste. Cet incident aurait dû être limité à l’école. Il a été très mal géré».
La semaine prochaine, Jamie retournera au collège, et sa mère croit qu’il est probable qu’il va oublier les événements des sept derniers mois bien avant elle.
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