La tension est montée d’un cran jeudi aux Pays-Bas, après la nouvelle convocation du député d’extrême-droite Geert Wilders par le gouvernement, inquiet des dégâts économiques et politiques comme des violences que son film anti-islam pourrait causer.
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«C’était une heure d’intimidation pure», a déclaré M. Wilders à la presse néerlandaise dans la nuit de jeudi à vendredi, à l’issue de cette réunion avec les ministres des Affaires étrangères Maxime Verhagen et de la Justice Ernst Hirsch Ballin.
Il s’est cependant dit «déterminé» à diffuser le film sur lequel il travaille depuis l’automne 2007, dans lequel il veut démontrer le caractère «fasciste», selon lui, du Coran.
Le ministère de la Justice a indiqué que la conversation avait porté sur les éventuelles conséquences juridiques pour M. Wilders, si son film était blasphématoire ou incitait à la violence.
Les trois hommes ont également évoqué les conséquences politiques et économiques pour les Pays-Bas et les menaces pesant sur les institutions néerlandaises à l’étranger, a indiqué le ministère.
En novembre, le gouvernement avait déjà convoqué M. Wilders après l’annonce de son projet, et en janvier, les éventuelles retombées avaient été largement évoquées lors d’un conseil des ministres afin de préparer les autorités à de possibles réactions de colère des musulmans.
Cette vidéo d’une quinzaine de minutes, qui s’intitulerait «Fitna» (en arabe: division et discorde au sein de l’islam), sera prête en fin de semaine et diffusée en mars, sans doute sur un site internet propre, avait indiqué le député.
Geert Wilders, 44 ans, ancien élu du Parti libéral et aujourd’hui chef du Parti pour la liberté (PVV, 9 sièges de députés sur 150), a appelé le parlement à interdire le livre saint des musulmans qu’il compare à Mein Kampf de Hitler, estimant qu’il fallait en «déchirer» certaines parties.
Les autorités néerlandaises craignent qu’il n’exécute sa menace ou le brûle devant la caméra, provoquant aux Pays-Bas et à l’étranger une affaire comparable à celle des caricatures de Mahomet publiées par la presse danoise.
A l’issue d’une réunion ministérielle à Brodo Pri Kranju en Slovénie le 26 janvier, plusieurs ministres avaient également exprimé leurs craintes de tensions avec le monde islamique.
Des pays comme l’Iran ou l’Egypte ont exprimé leur indignation, menaçant les Pays-Bas d’un boycottage économique et déplorant des «attaques gratuites».
De nombreuses associations musulmanes néerlandaises ont déjà appelé les musulmans du pays au calme, les priant de ne répondre à la provocation.
Selon les médias, le film montrerait entre autre des images de l’actualité sanglante des pays musulmans: «une décapitation en Irak, une lapidation en Iran et une exécution en Arabie saoudite, où la charia (loi islamique, ndlr) est appliquée», en les rapprochant de sourates du Coran.
Le député vit sous protection policière depuis l’assassinat en 2004 du cinéaste et polémiste Theo van Gogh, égorgé par un islamiste après la diffusion sur une chaîne publique de son film «Submission», dénonçant l’oppression des femmes par l’islam.
Le scénario avait été écrit par l’ancienne députée néerlandaise d’origine somalienne Ayaan Hirsi Ali, ancienne collègue de M. Wilders au parti libéral, et qui vit elle aussi sous protection policière.
Voir aussi:
Pays-Bas – « Fitna », le film anti-islam du député Wilders
Pays- Bas – Les musulmans se préparent à la sortie du film sur l’islam
Pays-Bas – Un film sur l’islam suscite l’inquiétude
Pays-Bas – Exposition annulée par crainte des islamistes