La Presse et le Journal de Montréal viennent de publier une série de reportages sur les liens entre un Iranien et des Libanais proches du Hezbollah vivant au Canada et une fonctionnaire et des policiers.
Déjà le 7 septembre 2012, le gouvernement canadien a expulsé les diplomates iraniens du pays et fermé sa propre ambassade en Iran. Dans les mois qui avaient précédé, le journal Ottawa Citizen avait révélé que l’Iran utilisait son ambassade à Ottawa comme base d’opération contre le Canada et les États-Unis.
Voici les titres et des extraits de ces articles récents.
Andrew McIntosh – Journal de Montréal – 29 janvier 2014
La police de Montréal a «déplacé» de ses fonctions, hier, un autre policier vedette de sa division du crime organisé parce qu’il est visé par une enquête avec de possibles répercussions internationales.
Selon les informations obtenues par notre Bureau d’enquête, les allégations qui visent le sergent-détective Philippe Paul sont si préoccupantes que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) et le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS) sont intervenus dans le dossier pour assister le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans son enquête.
Le printemps dernier, la GRC a informé le SPVM qu’elle avait reçu des allégations d’une source qui remettait en question l’intégrité du sergent-détective Paul, de la Division du crime organisé.
Cette source a prétendu que l’enquêteur fournissait de l’information à Arian Azarbar, un mystérieux homme d’affaires canado-iranien de Montréal.
Cette même source mentionne, selon un rapport du SPVM, que la personne à qui Paul communiquerait des informations serait «un agent de renseignements iranien.»
Enquête criminelle sur une star du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM)
Vincent Larouche – La Presse – 29 janvier 2014
Un véritable roman d’espionnage est en train de se jouer au SPVM, où l’un des policiers qui contrôlent le plus d’informateurs dans l’univers des stupéfiants s’est vu retirer précipitamment ses fonctions mercredi. Craignant que son sergent-détective vedette [Philippe Paul] ne soit devenu trop proche du crime organisé, la direction de la police de Montréal a lancé une enquête interne en matière criminelle d’une complexité sans précédent.
[…] Deux autres [policiers] ont fait l’objet de rapports accablants rédigés par l’enquêteur [Philippe Paul] qui les accusait, là encore, de liens inappropriés avec le crime organisé.
L’un de ces policiers est Mario Lambert. Après avoir été dénoncé par le sergent-détective [Philippe Paul] en 2009, il a vu sa carrière détruite. Il a été impossible d’obtenir ses commentaires pour ce reportage, mais plusieurs sources ont relaté son histoire.
Lambert, un enquêteur à la longue feuille de route au SPVM, était à l’époque sur la piste de Bashir Ayad, acteur important du crime organisé libanais à Montréal et présumé membre du Hezbollah. La GRC collaborait à son enquête pour le volet lié au terrorisme.
Officiellement vendeur de voitures usagées, Bashir Ayad était fiché comme un trafiquant de drogue au casier bien garni. Son groupe envoyait aussi des armes et des voitures volées par conteneurs vers le Moyen-Orient.
La police craignait que le quadragénaire ne tente d’acquérir au Canada des composés chimiques destinés à la confection de «bombes sales» pour le Hezbollah.
Lambert l’ignorait, mais Bashir Ayad était aussi un informateur de police contrôlé par le sergent-détective [Philippe Paul] qui fait maintenant l’objet d’une enquête, comme l’ont confirmé plusieurs sources à La Presse.
En avril 2009, Lambert commence à soupçonner que son enquête est sabotée par des fuites au sein du SPVM. Il est convaincu que l’enquêteur a prévenu Ayad de l’existence d’une enquête pour lui éviter une arrestation. Il dénonce donc son collègue à la GRC.
Quelques mois plus tard, en juillet 2009, Bashir Ayad est tué de plusieurs projectiles devant sa résidence de Laval. Lambert continue de s’intéresser à son groupe et ses contacts.
Mais il ne peut pousser plus loin son enquête. En septembre 2009, Lambert est lui-même arrêté par la division des affaires internes du SPVM. L’un de ceux qui l’ont dénoncé n’est nul autre que le sergent-détective [Philippe Paul]. On l’accuse d’avoir cherché des numéros de plaques d’immatriculation dans l’ordinateur de la police et vérifié l’identité d’au moins un propriétaire de voiture à la demande de l’un de ses contacts proches du crime organisé libanais. La preuve démontre qu’il n’a jamais reçu un sou pour ce geste.
Le témoignage de la superstar du SPVM, appuyé par ses informateurs du milieu criminel, est dévastateur pour Lambert, qui est finalement congédié et condamné au criminel pour ses gestes.
Lambert a toujours soutenu qu’il a été piégé par un confrère qu’il venait de dénoncer à la GRC. Il en appelle actuellement de sa condamnation devant la Cour d’appel.
Andrew McIntosh – Journal de Montréal – 29 janvier 2014
Où est-ce que le policier Philippe Paul peut bien avoir croisé Arian Azarbar? Selon nos informations, les deux auraient pu se croiser pour la première fois au tournant des années 2000, dans l’ouest de l’île de Montréal.
Arian Azarbar avait alors 21 ans. Il faisait affaire dans le télémarketing. Il avait dénoncé un chef de gang arabe qui l’extorquait – et permis à la police de l’arrêter –, ainsi que d’autres commerçants de l’Ouest-de-l’Île. L’enquêteur qui avait travaillé sur le dossier à l’époque était Philippe Paul.
En 2004, M. Azarbar s’est retrouvé dans le rôle inverse. Il a plaidé coupable à deux accusations criminelles d’extorsion et de voies de fait causant des lésions contre Manar Sawaf, qui œuvrait… dans le télémarketing.
Depuis, MM. Paul et Azarbar ont développé des intérêts communs au Venezuela. Le policier est impliqué dans une compagnie qui brasse des affaires avec le Venezuela. Il s’agit de Vortex Division: Panneaux d’Assemblage Structurel, située à Saint-Roch-de-l’Achigan, dans la région de Lanaudière.
Son nom figure sur le site web de l’entreprise aux côtés d’autres actionnaires de la compagnie, les policiers et frères François et Francis Bouffard. On ne précise pas quel est le rôle exact de Philippe Paul.
François Bouffard était commandant à la Division du crime organisé du SPVM avant d’être relevé de ses fonctions au printemps 2011 après que l’Escouade Marteau se soit penchée sur un projet de condos dans le secteur de Mascouche où son entreprise était impliquée. Le dossier a été soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales. Aucune accusation n’a été déposée.
En entrevue hier, François Bouffard nous a dit que M. Azarbar était un ami et une connaissance de Philippe Paul, et qu’il était un «facilitateur» pour leurs activités au Venezuela. «C’est une personne qui a des contacts là-bas», nous a dit M. Bouffard.
De son côté, M. Azarbar possède Sirius Group Ven Inc. Sur son site Facebook, il a mentionné que sa compagnie avait construit 10 000 logements sociaux au Venezuela entre 2011 et 2013, photos de la construction à l’appui.
Sécurité nationale: espionne suspendue à Ottawa
Vincent Larouche – La Presse – 14 février 2014
Une enquêteuse senior d’une équipe mixte sur la sécurité nationale vient d’être suspendue, car elle est soupçonnée d’avoir entretenu une liaison amoureuse avec l’une de ses cibles, Arian Azarbar, un homme d’affaires d’origine iranienne qui s’est retrouvé dans la ligne de mire de la GRC.
La jeune enquêteuse québécoise est une employée de Passeport Canada qui avait été prêtée à l’Équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN), un regroupement antiterroriste aux activités ultra-secrètes, formé en 2002 en réaction aux attaques du 11-Septembre et placé sous l’autorité du ministère de la Sécurité publique.
L’enquêteuse connaissait bien Arian Azarbar, l’homme avec qui elle flirtait par messages textes. Car elle avait été chargée d’enquêter sur ses allées et venues. Ses échanges avec lui ont duré plus d’un an.
Jennifer Graham – The Canadian Press – 12 février 2014
[Traduction PdeB] Le gouvernement fédéral met fin aux programmes d’immigrants – investisseurs pour toutes les provinces sauf le Québec.
[…] Le ministre fédéral de l’Immigration [Chris] Alexander déclare par courriel que «le Québec a son propre programme d’immigrants investisseurs car il jouit d’une autonomie en matière d’immigration. Cependant le programme québécois n’atteint pas plus ses objectifs qu’ailleurs. […] Les Canadiens comprennent quand il faut réagir face à l’abus et à la fraude en matière d’immigration».
Radio-Canada et Agence France-Presse – 28 décembre 2011