Notre site ne traite pas de géopolitique. Nous avons toutefois mis le Kosovo sur notre écran de radar, compte tenu de la proclamation probable en fin de semaine de l’indépendance de cet état à majorité musulmane – avec l’appui des Américains et malgré l’opposition des Russes. De multiples lignes de fracture traversent la région des Balkans. Se profile au loin le spectre de guerres civiles au cœur de l’Europe. Si la région devait s’embraser, on peut s’attendre à un afflux de djihadistes des pays de l’Europe de l’ouest et d’ailleurs vers le Kosovo à majorité musulmane, suscitant des tensions internes et des conflits d’allégeance dans plusieurs pays ayant des minorités musulmanes.
Les lignes de fracture concernent entre autres les intérêts américains et russes, les conflits ethniques entre serbes, croates et albanais et, bien sûr, les tensions entre orthodoxes, catholiques et musulmans. Une véritable poudrière!
Le Kosovo est le berceau culturel et spirituel de la Serbie. La population chrétienne y est maintenant minoritaire sauf dans la région de la ville de Kosovska Mitronica située à la frontière de la Serbie, et qui voudra possiblement s’y rattacher, entraînant la partition du territoire du Kosovo (une autre ligne de fracture). Le monde orthodoxe, profondément attaché au symbole que représente le Kosovo dans le conflit millénaire entre chrétiens et musulmans, est hostile à la volonté américaine de reconnaître l’indépendance du Kosovo.
Nous vous renvoyons à un texte faisant état de la position du Vatican sur la question complexe du Kosovo. Voici un extrait qui trace un portrait historique et démograhique de cet état :
«En juin 1914, on comptait au Kosovo 300 000 habitants dont moins de 130 000 étaient musulmans et albanophones. De 1914 à 1938, la population serbe, profitant de son niveau général supérieur à celui des Albanais, refusant la misère du Kosovo ruiné par quatre siècles d’oppression ottomane, puis par la Grande Guerre, a fortement émigré vers la région de Belgrade, mais aussi vers les États-Unis et le Canada (environ 35 000).»
«Ayant une démographie plus dynamique, les albanophones représentent un peu plus de la moitié de la population (58 %). Le coup de grâce au Kosovo serbophone est donné par le maréchal Tito. Croate, se méfiant des Serbes, il fit du Kosovo une province autonome de la République serbe, un des États fédérés constituant la Yougoslavie : de 1948 à 1981, la population albanophone croît de 15 %, les serbophones s’accroissent de 5 % seulement».
«En 1990, il ne reste que 27 % de Serbes. La politique de Milosevic pousse en 1999 les albanophones à fuir vers l’Albanie : au nom des grands principes, les puissances, au lieu d’aider les Kosovars albanophones à s’installer en Albanie, qu’ils auraient contribué à moderniser et développer, obligent manu militari (on se souvient des bombardements de Belgrade) les Serbes à laisser les albanophones revenir au Kosovo.»
«Les albanophones, triomphants, réclament leur indépendance du Kosovo, entraînant l’exode des 2/3 de la population serbophone. Il reste environ 10 % de serbophones au Kosovo aujourd’hui. Depuis les dernières élections, le gouvernement albanophone du Kosovo veut proclamer l’indépendance, avec l’accord complice de Washington. L’Union européenne se résignera à l’accepter ! Mais quelle sera la réaction de Moscou, allié depuis toujours de Belgrade qui refuse le démantèlement de l’État serbe ?»
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