Le 22 septembre 2012 David d. Patrick et Steven Erlanger du New York Times ont interviewé le président égyptien Mohamed Moris alors qu’il était de passage à Washington. Point de Bascule vous présente les faits saillants de l’interview.
– David d. Patrick and Steven Erlanger (New York Times – September 22, 2012): Egypt’s New Leader Spells Out Terms of U.S.-Arab Ties
Mohamed Morsi ne fait aucun mystère sur les liens profonds qui l’unissent aux Frères Musulmans. « J’ai grandi avec les Frères Musulmans. J’ai acquis mes principes avec les Frères Musulmans. J’ai appris à aimer mon pays avec les Frères Musulmans. J’ai appris la politique avec les Frères Musulmans. J’ai été un leader des Frères Musulmans. »
Le président Morsi affirme qu’il reste entièrement loyal aux Frères Musulmans. « Il a quitté l’organisation en accédant à ses nouvelles fonction, mais reste membre de son parti politique. Il mentionne de ne voir « absolument aucun conflit » entre sa loyauté aux Frères Musulmans et son serment de gouverner dans l’intérêt de tous, incluant les membres de la minorité chrétienne et ceux ayant une vision plus séculaire. »
Il affirme toutefois que selon lui, ni une femme ni un chrétien ne feraient un président convenable pour l’Égypte. Il ajoute par contre qu’il respecterait la Constitution, et ne bloquerait pas d’éventuelles candidatures de ce type. Morsi s’est de plus engagé à maintenir l’égalité des droits entre tous les Égyptiens.
Bien qu’il félicite le gouvernement Obama pour son comportement durant le Printemps arabe, Morsi affirme que les États-Unis sont entièrement responsables de la mauvaise image qu’ils ont dans le monde arabe. C’est aux Américains, et aux Américains seulement, que reviendrait la responsabilité d’améliorer les relations avec l’Égypte et le monde arabo-musulman.
Selon Morsi, les Américains devraient modifier leur position dans le conflit israélo-palestinien et respecter les valeurs et sensibilités du monde arabo-musulman, même quand elles entrent en conflit avec les valeurs occidentales (charia, etc.).
Le président Morsi rend le respect du traité de paix conclu entre l’Égypte et Israël conditionnel au bon comportement américain, principalement en ce qui concerne la situation palestinienne.
Il ne définit pas l’Égypte comme un allié des Américains, mais plutôt comme un « ami ». L’objectif des deux pays, selon Morsi, devrait être la « coexistence ». Selon Morsi, ce qui est approprié pour l’Égypte ne l’est pas pour les Etats-Unis, et vice versa.
Morsi insiste énormément sur les valeurs, traditions et particularités propres à l’Égypte (charia, etc.), qui devront être respectées par l’Occident.
Le président Morsi s’est joint aux Frères Musulmans durant ses études aux États-Unis. Tout en soulignant y avoir fait un bel apprentissage scientifique, il affirme avoir été troublé par les mœurs sexuelles du pays, et notamment par les couples hors mariage et les restaurants sexy. « Mais c’est leur société. Ils vivent à leur manière. »
Quand il s’exprime, Morsi parle autant au nom des Égyptiens que des arabo-musulmans en général.
Sa cote de popularité, en Égypte, est actuellement de 70 %.
Références supplémentaires
– GMBDR (July 2, 2012): New Egyptian President Pledges To Free Blind Sheikh
– Point de Bascule (9 août 2012) : Egypte : la presse indépendante proteste contre la censure des Frères Musulmans
– Point de Bascule (12 août 2012) : Le président égyptien Mohamed Morsi annonce l’annulation de larges pouvoirs accordés à l’armée