L’Orient-Le Jour
Jeudi,27 janvier 2011
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Le chef du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, en exil à Londres, prévoit de rentrer dimanche en Tunisie, plus de 20 ans après avoir quitté son pays, a-t-on appris jeudi après du porte-parole d’Ennahda à Paris.
« Rached Ghannouchi doit rentrer dimanche à Tunis », a déclaré à l’AFP Houcine Jaziri, représentant en France du parti islamiste interdit sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali.
« Il ne rentre pas en triomphant, en revendiquant une quelconque place au gouvernement, mais comme simple citoyen pour renouer avec les forces vives du pays, pour favoriser un passage pacifique, tranquille, sans exclusion vers la démocratie », a-t-il ajouté.
Rached Ghannouchi avait annoncé lundi qu’il allait passer la main aux jeunes à la tête de son parti, n’estimant « pas nécessaire » de rester à la tête du mouvement alors qu’une génération « plus jeune » et « plus apte » que lui était prête à prendre la relève, dans une interview à la télévision France 24.
« Ennahda va demander sa régularisation (comme parti politique). Dans quelques mois aura lieu un congrès du parti et Rached Ghannouchine se représentera pas à la tête du mouvement », a précisé M. Jaziri.
La principale figure d’Ennahda est actuellement son porte-parole en Tunisie, Hamadi Jebali.
Rached Ghannouchi avait fondé en 1981 Ennahda (renaissance), avec des intellectuels inspirés par les Frères Musulmans égyptiens, et se dit aujourd’hui représentant d’un islam modéré proche de l’AKP turc1.
Toléré, y compris à l’arrivée au pouvoir de Ben Ali en 1987, le parti avait été réprimé après les élections de 1989, où la liste qu’il soutenait avait recueilli au moins 17% des suffrages.
M .Ghannouchi avait alors quitté la Tunisie pour l’Algérie, puis pour Londres. En 1992, il avait été condamné par contumace à la prison à perpétuité avec d’autres responsables religieux, pour un complot contre le président.
Le gouvernement tunisien de transition, mis en place après la chute de Ben Ali le 14 janvier, a adopté un projet de loi d’amnistie générale qui concernera aussi les islamistes, et doit être voté par le Parlement.
Informations supplémentaires:
Dans les années 1980, Rached Ghannouchi et son parti Ennahda ont fait usage de méthodes violentes comme commettre des attentats à la bombe dans des hotels fréquentés par des touristes, incendier des institutions éducatives dans le but de les paralyser, de battre à mort des imams ou des gardiens de la paix lors de manifestations, et de faire parvenir des lettres de menaces contre des journalistes…
Lire les détails dans l’Observatoire de l’islamisation, dirigé par Joachim Veliocas