Le Courrier du sud consacre deux pleine page de son édtition du 13 janvier 2011 au projet exprimé par trois leaders du centre communautaire musulman de Longueuil (ACMVL). Le vice-président et le président, Habib Ranni et Ali Benomar et le responsable des affaires religieuses, Mounir Zaid, qui a demandé au journaliste Léo Gagnon de ne pas apparaître sur la photo de l’article.
Pour répondre aux besoins grandissants de l’ACMVL, Habib Ranni, Ali Benomar et Mounir Zaid affirment qu’ils souhaitent s’installer dans un nouveau lieu de culte de 27 000 pieds carrés. Le 1398, chemin de Chambly qu’ils occupent depuis 2007, est l’un des sites envisagés pour la réalisation de ce projet. Une autre option est l’emplacement situé à l’angle des rues Brébeuf et Sainte-Foy, toujours dans l’arr. du Vieux-Longueuil.
Nous voulons quelque chose de pas trop apparent
Habib Ranni affirme qu’il n’y a pas de plans ou de maquettes des lieux. « La mosquée pourrait ressembler un peu à celle qui est située sur le boul. Grande-Allée, à Brossard. Mais nous voulons quelque chose de simple, de pas trop apparent », précise-t-il. Aussi, il faudra que le zonage permette l’installation d’une mosquée, ce qui n’est pas le cas, actuellement, avec le bâtiment situé au 312, boul. Sainte-Foy.
Lorsque la communauté musulmane a débuté ses activités en 2007, au 1398, chemin de Chambly dans le Vieux-Longueuil, une vingtaine de personnes fréquentaient le Centre en location. Ils sont aujourd’hui plusieurs centaines à se réunir pour entendre des discours religieux en français et en arabe, assister à des cours d’arabe ou apprendre les préceptes de leur prophète, Mahomet.
Près de 700 personnes ont pris part à l’une des deux fêtes de l’aïd (il y a celle de la fin du ramadan et celle du mouton) en septembre dernier.
Langue, culture et intégration
« La communauté vient ici pour répondre à son besoin de préserver ses coutumes, ses traditions, explique d’entrée de jeu Mounir Zaid, le responsable des affaires religieuses. Nous enseignons les langues qui ne sont pas officielles ici, dont l’arabe, et quelques préceptes et sémantiques du Coran. On enseigne aussi à nos membres les convenances et la façon de s’intégrer à la société sans imposer notre propre manière de vivre à autrui. »
« Nous sommes des gens qui s’intègrent bien à la société québécoise en gardant nos valeurs, nos traditions et coutumes»,
glisse M. Ranni, lui-même citoyen canadien originaire de Tunisie, qui habite au Québec depuis 30 ans. La langue n’était pas un obstacle pour eux, puisque le français est couramment parlé dans ces pays.
« Malheureusement, à Longueuil, on ne connaît pas la communauté musulmane qui vit ici autant qu’à Montréal. Voilà pourquoi nous sommes en train de préparer une fête qu’on appellera le festival du couscous et qui aura lieu d’ici la fin du printemps », fait savoir M. Benomar
Ali Benomar s’occupe des statistiques
Un grand pourcentage des musulmans qui fréquentent le centre sont issus de la communauté maghrébine – Tunisie, Maroc, Algérie – et ils sont âgés de 35 à 50 ans, précise Habib Ranni, vice-président de l’Association du centre communautaire musulman de Longueuil (ACML), que le journal a rencontré en compagnie du président de l’ACML, Ali Benomar, et du responsable des affaires religieuses, Mounir Zaid.
Ali Benomar, ingénieur de formation, indique que 90% des immigrants de la communauté musulmane qui viennent s’installer au Québec et au Canada proviennent du Maghreb arabe. Ils sont instruits; ils sont ingénieurs, docteurs, etc.
M. Benomar, qui estime entre 3000 à 3500 le nombre de citoyens de confession musulmane vivant à Longueuil. Ils seraient entre 6000 et 7000 personnes dans la grande Rive-Sud. Selon le dernier recensement de Statistiques Canada, 2635 personnes de confession musulmane vivent à Longueuil, tandis que 3560 habitent la seule ville de Brossard.
Selon M. Benomar, environ 50% des responsables de garderies en milieu familial sont des femmes musulmanes, dont la clientèle est composée à 80% d’enfants québécois.
Que font-ils ?
« Nous participons au développement économique du Québec. Il y a des gens de notre communauté qui occupent des postes très importants ici, que ce soit à Hydro-Québec, SNC-Lavalin ou dans d’autres grandes entreprises. Environ 50% des responsables de garderies en milieu familial sont des femmes musulmanes, dont la clientèle est composée à 80% d’enfants québécois. Tous sont contents que leurs enfants soient dans ce milieu familial parce qu’ils sont bien traités », de conclure fièrement M. Benomar.
Le mot de la fin.
Voici des extraits des déclarations de Ali Benomar, Habib Ranni et Mounir Zaid le responsable des affaires religieuse de l’ACMVL
Ali Benomar: « Depuis les événements du 11 septembre 2001, le vent à tourné. Il y a des gens qui ne comprennent rien à ce que les médias annoncent dans les journaux. Ils n’essaient pas d’analyser ce qui se passe. Ils se révoltent aussitôt. « Ah! Les musulmans ne sont pas bons», disent certains.
Ma barbe me cause beaucoup d’ennuis. Des gens disent : « C’est Ben Laden ». Je ne suis pas Ben Laden. Peut-être que Ben Laden est avec Bush en ce moment.
Heureusement, des gens plus ouverts connaissent bien les musulmans. On ne peut pas juger quelqu’un sans le connaître.»
Habib Ranni: « Je suis arrivé au Canada en 1975. Je pense que si nous respectons les gens, les gens vont nous respecter.
La société québécoise est très accueillante, elle nous a très bien accueillis et nous devons la remercier. Il y a un respect mutuel.
Je ne dirais pas qu’il n’y a pas de préjugés, oui il y en a.
D’ailleurs, c’est pour ça que nous sommes là, que nous avons créé ce centre communautaire, pour pouvoir expliquer aux gens ce que nous sommes, ce que l’on fait, ce que l’on peut leur apporter.
Notre rôle est d’expliquer ça aux médias, aux politiciens, à la population, pour qu’ils sachent ce qu’est un vrai musulman. »
Manour Zaid: « C’est vrai que nous, les musulmans, nous sommes mal vus. Parfois, on entend des choses qui font mal.
On n’a jamais été rejetés au travail à cause de notre confession.Mais on aimerait être écoutés, on aimerait montrer quelles sont nos vraies pratiques religieuses.Je ne suis pas d’accord avec le sens que certains donnent au mot « islamisme ». L’islamisme, c’est le reflet du comportement d’un vrai musulman. Des gens aux mauvaises intentions ont instrumentalisé les préceptes de l’Islam pour atteindre leurs objectifs, mais ça n’a rien à voir avec les musulmans. »
Source: La communauté musulmane de Longueuil veut une mosquée, par Léo Gagnon, Le Courrier du sud, le 13 janvier 2011