Israël et l’Affaire Mohammed Al-Dura
Par ELIAS LEVY, Reporteur pour le Canadian Jewish News
Publié le jeudi 13 Janvier 2011
Israël vient d’effectuer un revirement à 180 degrés dans la très controversée Affaire Mohammed Al-Dura.
Philippe Karsenty
Pour la première fois, dix ans après la diffusion par la Chaîne de Télévision française France 2 d’un reportage de son correspondant permanent à Jérusalem, Charles Enderlin, prétendant montrer que cet enfant Palestinien a été tué par des tirs provenant de l’armée israélienne au carrefour de Netzarim, à Gaza, le gouvernement israélien a émis un communiqué officiel remettant sérieusement en question la version des faits telle qu’étayée par France 2.
Voici le communiqué émis par le Bureau du Premier ministre d’Israël:
« 1. Les conclusions dans l’Affaire Mohammed Al-Dura, et notamment le reportage de la Chaîne de Télévision allemande A.R.D., éveillent des doutes sur le bien-fondé des affirmations de la Chaîne de Télévision française France 2, telles qu’elles ont été diffusées le 30 septembre 2000, et selon lesquelles Mohammed Al-Dura aurait été tué par des tirs en provenance du poste de l’Armée israélienne au carrefour de Netzarim.
2. Il est à signaler que depuis l’incident, des méthodes ont été révélées selon lesquelles les Palestiniens ont créé et mis en scène des événements médiatiques au service de leur propagande. D’ailleurs, le journaliste à l’origine du reportage sur Mohammed Al-Dura -le cameraman Palestinien Talal Abu Rahma- avait admis dans un documentaire être au courant de ces pratiques palestiniennes. On se rappelle tout particulièrement la campagne d’horreur qui prétendait attribuer à Israël un “massacre” à Jenin, qui n’a jamais eu lieu, ainsi que l’épisode où un “mort” était tombé du brancard et avait commencé à marcher. Au vu de ces cas, on est en droit de s’attendre à ce que les médias vérifient minutieusement de tels reportages et évitent de publier des allégations non vérifiées. Il faut souligner à ce sujet que pendant des années, l’Affaire Al-Dura a servi de prétexte à certains pour inciter à la haine, à l’antisémitisme et à la violence contre des Israéliens.
3. Quoi qu’il en soit, il est clair à présent que dans l’Affaire Al-Dura, on ne devait pas faire endosser la responsabilité à Tsahal et à l’État d’Israël. Les éléments révélés réfutent les assertions qui avaient été alors émises à l’encontre des Israéliens, et que les médias internationaux, France 2 en tête, n’avaient jamais soumises en leur temps à un examen approfondi. Malgré la présence sur place de dizaines de photographes, aucune preuve supplémentaire, filmée ou autre, n’a jamais été fournie sur le tir israélien supposé en direction de Mohammed Al-Dura et de son père, Jamal. Même les circonstances de ce tir (la distance, l’angle, les indices sur le terrain) démontrent qu’il ne pouvait pas provenir du poste israélien.
4. Comme on s’en souvient, l’incident avait fait l’objet d’une enquête scrupuleuse de la part de Tsahal. Cette enquête, comprenant des tests de lignes de feu, des expertises balistiques, l’analyse de la documentation relatant cet incident… avait conclu à l’impossibilité de démontrer de manière claire et nette l’identité de la personne qui aurait atteint le garçon Palestinien. A ce moment-là déjà, la thèse d’un tir de Tsahal avait été sérieusement mise en doute. Selon plusieurs sources, dont certaines étaient proches de l’endroit où se tenaient le garçon et son père, une autre et forte probabilité a été aussi évoquée: Mohammed Al-Dura aurait été en fait atteint par le feu nourri des Palestiniens présents au carrefour de Netzarim. »
Pour l’avocat français Philippe Karsenty, qui, depuis dix ans, s’escrime, avec une opiniâtreté inébranlable, à démontrer que le reportage diffusé par France 2 n’est qu’ « un faux », « une mise en scène pure et simple », le communiqué émis par le gouvernement d’Israël « réfute vigoureusement la version des faits mensongère » défendue inlassablement par France 2 et son journaliste, Charles Enderlin.
« La lettre émise par le Bureau du Premier ministre d’Israël est une première étape qui me réjouit. Les personnes que j’ai rencontrées à la présidence du Conseil lors de mon récent séjour en Israël semblent avoir définitivement compris la nature de la mise en scène de France 2. On peut donc s’attendre à un prochain communiqué officiel israélien beaucoup plus ferme et accusateur contre France 2 et Charles Enderlin. Ce sera une démarche importante pour le rétablissement de la vérité dans l’Affaire Al-Dura, qui a embrasé le Proche-Orient et terni l’image d’Israël. Il faut aussi espérer que cette déclaration publique du gouvernement israélien servira d’exemple dissuasif aux journalistes occidentaux qui croient qu’il n’y a aucun prix à payer quand on diffame Israël. Charles Enderlin devra rendre des comptes pour avoir couvert pendant si longtemps une telle imposture médiatique aux conséquences planétaires », nous a dit Philippe Karsenty en entrevue depuis Jérusalem.
Invité cet automne à Montréal par l’Association « Sauvons le Canada » -« Act for Canada »-, un Groupe militant contre l’intégrisme islamiste au Canada, Philippe Karsenty a présenté ses thèses sur l’Affaire Al-Dura dans le cadre de plusieurs conférences qu’il a données, notamment à l’Université de Montréal, en français, et au Collège Marianopolis, en anglais.
Au cours d’une entrevue qu’il nous a accordée lors de son bref passage à Montréal, Philippe Karsenty nous a dit que « plusieurs preuves accablantes et irréfutables -qu’il a présentées lors des divers procès judiciaires qui l’ont opposé ces dernières années à France 2- prouvent, sans le moindre doute, que le reportage de Charles Enderlin que France 2 a diffusé le 30 septembre 2000 est une mise en scène macabre et honteuse ».
« Malgré les 15 balles qu’auraient reçues Mohammed Al-Dura et son père, l’image finale du reportage de France 2 montre très clairement que ni le père ni l’enfant n’ont la moindre trace de sang sur leurs corps ou sur leurs vêtements, pas plus que sur le mur sur lequel ils étaient adossés. D’après la version du cameraman Palestinien de France 2, qui a filmé cette scène, les soldats israéliens auraient tiré délibérément sur les supposées “victimes » pendant 45 minutes sans les atteindre. Or, ces soldats se trouvaient à 80 mètres du fils et du père Al-Dura. Il faut vraiment être un tireur nul -ce qui n’est sûrement pas le cas des soldats de Tsahal- pour rater sa cible à une telle distance. Cette affimation est absurde! »
D’après Philippe Karsenty, les expertises balistiques, médico-légales et biométriqu« es infirment et corroborent le bidonnage » de la version des faits donnée par France 2.
« À la fin du reportage de Charles Enderlin, Mohammed Al-Dura lève le coude, tourne la tête vers la caméra, baisse le coude et garde le pied suspendu au-dessus du sol. Si, après avoir visionné cette scène hallucinante, vous trouvez un médecin capable de nous confirmer que le petit Al-Dura est bel et bien mort, présentez-le nous! Charles Enderlin ment grotesquement quand il affirme détenir les images de l’agonie de l’enfant. Nous attendons toujours qu’il nous montre ces images. »
Philippe Karsenty est résolu à poursuivre fougueusement son “combat pour la vérité” tant que France 2 et Charles Enderlin n’« admettront pas publiquement avoir commis une bourde professionnelle énorme, qui a ravivé l’antisémitisme et l’anti-israélisme dans les quatre coins du monde ».
« Le parti pris anti-israélien est devenu un grand combat pour les démocraties française et occidentales. Si nos correspondants dans le monde sont capables de nous rapporter des informations aussi fausses, c’est que nous sommes en pleine désinformation. C’est inacceptable! La vérité est quelque chose qui est au-dessus de tout. Je ne peux pas vivre dans une société où les médias me mentent. »
Par souci d’équité, le Canadian Jewish News a contacté le journaliste Charles Enderlin pour qu’il nous donne sa version des faits. Ce dernier a refusé catégoriquement de nous accorder une entrevue. Sa réponse, qu’il nous a adressée par courriel, fut fulminante :
« Juif, Franco-Israélien et en raison du souvenir des membres de la famille de ma mère disparus dans la Shoah, je ne collabore pas et n’accorde pas d’interview à un média qui publie les déclarations de quelqu’un qui m’a traité d’Hitler et qualifie mon livre de Mein Kampf. Je suis scandalisé par le fait qu’une certaine presse juive collabore à cette campagne injurieuse. Vous pouvez en faire ce que bon vous semble! »
Charles Enderlin a publié récemment un livre où il relate sa version de la sinistre Affaire Mohammed Al-Dura: Un enfant est mort. Netzarim, 30 septembre 2000 (Éditions Don Quichotte).
Références supplémentaires:
Affaire Enderlin-Karsenty: la mise au point qui n’en est pas une de Michel Desautels à Radio-Canada
Philippe Karsenty à Montréal: la supercherie derrière l’affaire Al-
Israël se prononce dans l’affaire Al-Dura: « un massacre qui n’a jamais eu lieu »