Par Joseph Facal
Le 17 janvier 2011
Blogue JosephFacal.org
La semaine dernière, je disais qu’il fallait prendre la menace islamiste très au sérieux et que les sociétés occidentales, malgré leurs défauts, valaient la peine d’être défendues.
Parmi les nombreuses réactions reçues, les plus intéressantes à examiner sont évidemment les réactions négatives. On peut les regrouper en quatre catégories.
La première catégorie est ce que j’appellerais le syndrome de la bulle. Une menace pèse peut-être sur les États-Unis, voire le Canada, mais pas sur le Québec, m’a-t-on dit. Nous serions à l’abri.
Cette attitude isolationniste, très répandue au Québec, a plusieurs causes: notre statut provincial déresponsabilisant, notre influence nulle dans le monde, et notre pacifisme sans limites. Malheureusement, les islamistes ne font pas ces distinctions: pour eux, nous sommes des Occidentaux, et c’est tout l’Occident qui est à conquérir, par la violence, la propagande intellectuelle et l’activisme socio-religieux.
C’est aussi un vieux réflexe. Quand Hitler détruisait jadis tout ce qu’il y avait de plus précieux, beaucoup de Canadiens français y voyaient une affaire qui ne concernait que les Européens. Ce fut une des pages les plus moins belles, avouons-le, de l’histoire du Québec contemporain, bien qu’il y ait eu des attitudes similaires dans toutes les sociétés du temps. L’indifférence et la neutralité n’étaient pas le bon choix.
La seconde attitude est le syndrome Big Brother. Au nom de la sécurité, dira-t-on, les gouvernements occidentaux empiètent progressivement sur nos libertés individuelles. C’est une préoccupation réelle, légitime et que je partage.
Il est cependant impossible de déterminer objectivement où est la ligne qui sépare les mesures de sécurité raisonnables et les mesures déraisonnables. Gardons aussi en tête que les islamistes font disparaître ces libertés chéries partout où ils réussissent à s’imposer, parce qu’elles sont, pour eux, ce qui permet à ceux qui en jouissent de ne pas se comporter comme ils le voudraient.
La troisième attitude est le syndrome du bouc émissaire. Yves Langlois m’écrit que « le conflit israélo-palestinien est la cause principale du terrorisme islamique ».Tout est donc la faute d’Israël. Réglez ce problème, et les islamistes deviendront soudainement gentils avec les femmes qui se croient égales aux hommes, avec les gays, avec les Juifs qui resteront, et ils cesseront de vouloir convertir l’Occident et ses « infidèles » à leurs vues.
C’est parfaitement loufoque. Le terrorisme islamique a souvent frappé dans des pays (Irak, Algérie, Liban, Pakistan, Kenya, Indonésie, Tunisie, Yémen) dont les autorités ne soutiennent pas inconditionnellement Israël.
Les cibles visées, comme l’ambassade du Danemark au Pakistan en juin 2008, en « riposte » aux caricatures du journal Jyllands-Posten, ne sont pas toujours des acteurs alignés sur les positions israéliennes.
Les islamistes, comme d’ailleurs les gouvernements des pays arabes, se fichent complètement des infortunés Palestiniens, qu’ils manipulent cyniquement comme des pions pour faire avancer leur agenda.
La quatrième attitude est le syndrome relativiste. Marc Tremblay trouve « outrecuidant » que j’ose dire que les sociétés nord-américaines et européennes sont moralement et matériellement supérieures. Me reproche-t-il de le dire ou de le penser ?
S’il me reproche de le penser, je m’attends, en toute logique, à ce qu’il nous démontre, point par point, que les sociétés moyen-orientales sont plus avancées que les nôtres pour le niveau de vie moyen, l’instruction, l’espérance de vie, la santé des populations, la lutte à la pauvreté, le respect des droits humains, la tolérance religieuse, l’égalité des sexes, la protection des minorités, le degré de corruption, les découvertes scientifiques et la créativité artistique. Bon courage et bonne chance.
Entre la politesse de ne pas dire à autrui ses quatre vérités et la pusillanimité, il n’y a qu’un pas. Quand l’autre veut vous éradiquer, la vigilance lucide et la légitime défense deviennent les seules attitudes raisonnables.
Publié dans Journal de Montréal et Journal de Québec
Référence supplémentaire:
Le bon combat par Joseph Facal, Journal de Montréal/Québec, 12 janvier 2011