59% des turcs s’opposent aux rassemblement non musulmans
Par Compass direct News (CDN)
ISTANBUL, December 4 (CDN)
Certains s’étonnent que la Turquie soit l’un des pays qui ont le plus critiqué le référendum suisse. La Turquie se flatte d’être une démocratie laïque. Mais il faut souligner que cette démocratie est «imposée» par l’armée et que le modèle de «laïcité» ne permet pas de pratiquer librement sa religion. En fait, la vision de la religion qui prévaut en Turquie, reste très liée à celle du monde musulman en général. Les leaders religieux sont contrôlés par l’état. Les imams sont d’ailleurs des salariés de l’état.
Un récent sondage effectué avant le référendum suisse, le confirme. Il révèle que:
– 59% des Turcs interrogés estiment que les non-musulmans ne «devraient pas» ou «ne devraient absolument pas» être autorisés à tenir des réunions publiques pour discuter de leurs idées!
– 54% estiment qu’ils «ne devraient pas» ou «ne devraient absolument pas» être autorisés à publier des livres expliquant leur foi!
– 40% des Turcs disent avoir une opinion «négative» ou «très négative» des chrétiens.
Les suisses n’ont jamais même pensé à l’idée de retirer la liberté religieuse (et de ne pas en avoir une) et encore moins d’imposer une religion d’état. Les turcs ? C’est à suivre…
Marc Lebuis
Directeur Point de Bascule
59% des turcs s’opposent aux rassemblement non musulmans
Par Compass direct News (CDN)
Traduction Point de Bascule
Ali Çarkoglu, un des deux professeurs de l’Université Sabanci qui ont mené ce sondage, affirme que nulle part les non-musulmans ne peuvent se réunir «sans courir de risques».
«Même à Istanbul, dit-il, il n’est pas facile pour un non-musulman de pratiquer sa religion.»
Ce sondage fait partie d’une étude parrainée par l’International Social Survey Program, un groupe d’universitaires de 45 pays, qui mène des recherches sur des questions sociales et politiques. L’étude tente de quantifier le degré de religiosité des populations sondées.
L’ensemble des résultats de cette étude sera révélé en 2010. Les sondages ont eu lieu trois fois à dix ans d’intervalle.
C’est la première fois qu’un tel sondage a lieu en Turquie, le seul pays à majorité musulmane inclus dans cette étude.
Le professeur Çarkoglu pense que si tant de Turcs ont une opinion négative des chrétiens c’est à cause du système d’éducation où les chrétiens et les juifs «ne sont même pas mentionnés» et toujours décrits comme «les autres».
Pour lui, cette manière de parler ne peut que favoriser l’intolérance pour tout ce qui ne coïncide pas avec le «nous» musulman.
Le révérend Dositheos Anagnostopoulos affirme que les chrétiens grecs orthodoxes sont traités comme des citoyens de seconde classe en Turquie. Il affirme que les membres de sa congrégation se sentent «sous pression», mais ajoute que leur sort s’est amélioré lentement au cours des dernières années. Au début de l’année, deux cimetières grecs orthodoxes, l’un à Istanbul, l’autre à Izmir, ont été vandalisés.
«Il y a toujours des actes de vandalisme, mais les menaces physiques se sont faites plus rares», dit-il.
Les chrétiens sont souvent considérés comme des ennemis de l’État, de l’islam et des traîtres à la culture turque.
Un rapport (2009) du Secrétariat d’état américain sur les libertés religieuses dans le monde observe qu’en Turquie: «Aucune loi n’interdit explicitement des discours religieux ou les conversions; néanmoins, de nombreux procureurs et la police réagissent avec suspicion au discours et à l’activisme religieux. Les chrétiens qui défendent leur foi ont été parfois menacés ou ont subi des pressions de membres du gouvernement…..Les menaces contre les non-musulmans créent une atmosphère qui diminue la liberté de certaines communautés non-musulmanes. »
Au cours de l’histoire de la Turquie, le gouvernement a « souvent manipulé l’opinion publique» en laissant croire que les chrétiens turcs étaient alliés des pouvoirs étrangers qui veulent diviser la Nation, affirme Zakai Tanyar, un turc chrétien depuis 30 ans, également président de l’Association des églises protestantes en Turquie.
«Certains pensent que les chrétiens cherchent à miner le pays, particulièrement les missionnaires», dit-il.
En janvier 2007, Hrant Dink, rédacteur en chef de l’hebdomadaire arménien AGOS a été abattu à Istanbul. Trois mois plus tard, deux Turcs et un Allemand chrétiens ont été assassinés à Malatya. Les meurtriers arrêtés avaient tous des liens avec les nationalistes turcs. Deux autres ex-musulmans convertis au christianisme, subissent un procès. Ils sont accusés, entre autres choses, d’avoir ” insulté la turquitude ” et incité à la haine contre l’islam.
Le rapport du secrétariat d’état américain note qu’en Turquie, les services religieux ne peuvent avoir lieu que dans des lieux de culte approuvés par le gouvernement. Alors que les mosquées reçoivent une généreuse aide financière du gouvernement, les non-musulmans ont de la difficulté à ouvrir ou maintenir des lieux de culte.
Zakai Tanyar observe que la persécution contre les chrétiens a diminué quelque peu en Turquie, mais leur situation s’est détériorée sur d’autres plans.
«Les gens se sont habitués à l’idée que nous existons, et certaines lois ont changé pour nous accommoder», mais «d’un autre côté, la désinformation et les violences ont augmenté.»