WASHINGTON: Selon un journal israélien, Manmohan Singh, le Premier ministre de l’Inde, a informé le Président Obama que des sites nucléaires dans la province agitée de la Frontière du nord-ouest au Pakistan étaient «déjà en partie » entre les mains d’extrémistes islamistes. Des experts américains sont extrêmement préoccupés de la confiance manifestée par Washington dans la sécurité de l’arsenal nucléaire de ce pays en difficulté.
L’information à l’effet qu’il y a eu des échanges de haut niveau entre New Delhi et Washington a été affichée sur le site Debka, un journal qui aurait des liens étroits avec les renseignements israéliens, sous le titre «Singh warns Obama: Pakistan is lost» (Singh prévient Obama: le Pakistan est perdu). Un bref article indique que le Premier ministre de l’Inde a identifié des sites nucléaires pakistanais dans les régions sous contrôle des talibans/Qaida, et dit que ces sites sont déjà en partie entre les mains d’«extrémistes musulmans». Le sous-titre de l’article déclare: «India gets ready for a Taliban-ruled nuclear neighbor» (L’Inde se prépare à vivre à côté d’une puissance nucléaire gouvernée par les talibans).
Il n’y a pas eu de déclaration officielle de Washington ou de New Delhi sur ces échanges, l’Inde étant plongée dans des élections et les États-Unis étant au ralenti pour le week-end. Mais des experts américains ont été fortement perturbés au cours des derniers jours par ce qu’ils voient comme la nonchalance de Washington et sa confiance injustifiée dans l’arsenal nucléaire du Pakistan. Cette inquiétude est d’autant plus forte que le Pakistan renforce son arsenal nucléaire, alors que le reste du monde réduit le sien.
« Il est assez troublant de voir que cette Administration permet au Pakistan de renforcer quantitativement et qualitativement la production de matières fissiles, sans guère un reproche public, » a dit au Times of India Robert Windrem, un chercheur invité au Centre for Law and Security de l’Université de New York, et expert sur les questions nucléaires en Asie du Sud, dans une interview jeudi. «L’Irak et l’Iran n’ont pas eu droit à la même complaisance… alors qu’au chapitre de la prolifération et des défaillances dans la sécurité, le Pakistan a un pire dossier que tout autre pays dans le monde. »
Windrem, un ancien producteur à NBC dont le livre «Critical Mass» (Masse critique) a été parmi les premiers à signaler la prolifération par Islamabad qui remonte aux années 1980, s’est référé aux récents rapports et images satellites montrant que le Pakistan construit deux nouveaux grands réacteurs pour la production de plutonium à Khushab. Les experts disent que ces réacteurs pourraient mener à une amélioration de la quantité et de la qualité de son arsenal nucléaire. Ces réacteurs n’ont rien à voir avec la production d’électricité. Ils sont destinés à l’armement et sont construits grâce à des ressources dont le détournement est facilité par les milliards de dollars d’aide fournis au Pakistan par les États-Unis, a-t-il dit.
Windrem a également souligné que l’ancien directeur de la centrale de Khushab, Sultan Bashiruddin Mahmood, avait rencontré Osama bin Laden et son adjoint, Ayman al-Zawahiri. Il leur a offert un cours sur les armes nucléaires autour d’un feu de camp en Afghanistan, comme l’atteste l’ancien directeur de la CIA George Tenet dans ses mémoires « At the Center of the Storm » (Dans l’œil du cyclone). Pourtant, les Administrations successives aux États-Unis ont adopté une attitude nonchalante envers le programme nucléaire du Pakistan et son expansion, à un moment où le pays est en ébullition et assiégé de l’intérieur par des extrémistes islamiques.
Des responsables américains, allant jusqu’au Président lui-même, ont dit publiquement à maintes reprises qu’ils avaient confiance que l’arsenal nucléaire pakistanais ne tomberait pas entre les mains d’extrémistes islamiques, et qu’Islamabad leur avait donné des assurances à cet effet. Mais des spécialistes comme Windrem craignent que le programme nucléaire du Pakistan ne soit déjà infecté de l’intérieur par le virus du radicalisme, comme l’a démontré l’incident impliquant Sultan Bashiruddin.
Voir aussi:
Pakistan – Trahison dans l’armée. Plusieurs officiers se tournent vers l’islam radical des talibans