A Suresnes, un salon propose d’isoler les femmes qui souhaitent se faire coiffer à l’abri des regards.
Salle réservée à la femme voilée. Ces quelques mots inscrits sur le prospectus publicitaire d’un salon de coiffure de Suresnes, le Marrakech, en ont interloqué plus d’un. Du syndicat des coiffeurs aux associations de quartier en passant par la mairie, « on n’a jamais vu ça ». « Jamais entendu parler » d’un salon proposant une telle prestation.
«C’est la loi de l’offre et de la demande»
Quatre fauteuils de coiffeur sont installés dans ce « coin », qui s’étend quasiment sur la moitié du salon. Il suffit de tirer un rideau pour isoler la surface ouverte de la partie protégeant « l’intimité de la femme musulmane ».
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Au Conseil national des entreprises de coiffure (CNEC), le principal syndicat de coiffeurs, on est pour le moins intrigué. « C’est très surprenant. Alors qu’on parle d’intégration et après tout ce débat sur la laïcité, je m’étonne, commente sa secrétaire générale, Michèle Duval. Mais après tout, chacun peut proposer le concept qu’il veut. Ce coiffeur a peut-être trouvé un créneau porteur. »
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A l’association Zy’va de Nanterre, emblématique des associations de quartier, on se montre autrement plus tranché. « Nous, les Français d’origine étrangère, on lutte contre les discriminations et à la fois on se discrimine nous-mêmes, s’irrite Hafid Ramouni, président de Zy’va. Il y a en ce moment une mode des espaces réservés aux pratiques religieuses, comme les piscines où seules les femmes peuvent aller à certaines heures. Cela me choque et relève de comportements asociaux dans un pays laïc. »