Une chronique de Rima Elkouri sur le parcours d’immigrés kabyles, Sabrina et Hocine.
Rappelons que le premier objectif de la politique d’immigration du Québec est la pérennité de la langue française. Les immigrants maîtrisant cette langue sont donc recherchés. La réalité, toutefois, est qu’il est pratiquement impossible d’obtenir un emploi à Montréal à moins de maîtriser aussi l’anglais. Après tout, on est en Amérique du Nord.
Comme dit Hocine: «On nous parle de la loi 101, de la protection de la langue française. Mais vous allez partout, on exige le bilinguisme !»
Les difficultés rencontrées par certains immigrants dans leur recherche d’emploi tiennent probablement en grande partie à leur manque de maîtrise de l’anglais. Mais aussi… à la réticence d’employeurs potentiels craignant d’être en butte à des demandes d’accommodements sans fin. Salles de prière, bains de pieds, adaptation de l’uniforme, refus de manipuler les produits du porc… Voir: Québec – La charia fait son entrée dans une entreprise de Blainville
Aux candidats immigrants du Maghreb, prenez bonne note du témoignage de Hocine: «L’espoir d’une vie meilleure ? Hocine y croit de moins en moins. « Je suis franchement déçu. J’étais bien chez moi… »
Quelques extraits de la chronique:
D’Alger à Anjou
Même si l’intégration à l’emploi est difficile, il y a plein de choses que Sabrina et Hocine apprécient dans leur pays d’accueil. La société algérienne est plus codifiée, observent-ils. Ici, l’individu a une plus grande liberté. En tant que Berbères, ils ne s’ennuient pas de la persécution culturelle dont ils étaient victimes en Algérie. Allergiques à tout dogme religieux, ils ne s’ennuient pas non plus de l’omniprésence de la pression religieuse. Le couple se dit parfois surpris de voir que certaines choses qu’ils ont fuies les rattrapent ici. « Que des gens importent des barrières dans un pays libre, je ne comprends pas ! » dit Sabrina.
Sabrina et Hocine ont beaucoup entendu parler depuis leur arrivée du débat québécois sur les « accommodements raisonnables ». Ils en pensent quoi ? « On ne peut pas demander au contenant de prendre la forme du contenu », dit Hocine, philosophe, en pointant sa tasse. « Si on met du café dans un verre, c’est le café qui doit prendre la forme du verre. Moi, je suis le café. »
Sabrina raconte que dans l’entreprise où elle travaillait à Alger, elles n’étaient que deux femmes à ne pas porter le voile. « La deuxième est aussi rendue ici, à Montréal ! » Elle se pose de sérieuses questions quand elle voit des femmes voilées ici. « Je n’ai pas fait 6000 km pour vivre comme là-bas. »
Voir aussi:
La production en masse des victimes, par Jean-Jacques Tremblay
Intégration des musulmans dans la Belle Province, par Jean-Jacques Tremblay