Cette nouvelle date du 29 décembre 2008, mais elle est toujours d’actualité.
Le Président du parlement européen démontre ce que le Canadien musulman Tarek Fatah appelle le «racisme de la moindre attente» (racism of lower expectation).
Il a critiqué l’attitude de Gilles Duceppe face à la candidature d’une islamiste (défaite à plate couture) aux dernières élections fédérales:
«…peut-être qu’à l’instar de nombreux partisans de la gauche, il pratique le racisme de la moindre attente, soit savourer la démocratie laïque pour tous les Québécois et Canadiens, mais pour nous musulmans, nous livrer à la merci de notre clergé. Non M. Duceppe, tout comme vos parents ont mis fin à l’époque de Dupplessis, nous aussi, musulmans, allons nous débarrasser de nos propres théocrates. C’est dommage que nous ne pourrons pas compter sur vous pour aider notre communauté à se débarrasser de ces marchands de haine misogynes et homophobes».
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Le président du parlement européen accusé de racisme par le directeur d’un site progressiste arabe : “Les peuples arabes aussi veulent liberté et démocratie” (aafaq.org) (Source: MEMRI)
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Lors de sa visite du 20 décembre 2008 à Oman, le président du parlement européen Hans-Gert Poettering (photo) a déclaré que la démocratie au Moyen-Orient évoluait de l’intérieur, qu’elle devait refléter les traditions et les valeurs locales et que l’Occident ne devait pas exercer de pressions sur les pays de la région pour leur faire accepter un système démocratique de style européen. Cette déclaration a soulevé les critiques d’intellectuels arabes ; le jour suivant, Omran Salman, directeur du site arabe réformiste Aafaq.org, [a] publiait un article fustigeant les déclarations de Poettering.
Les responsables occidentaux préfèrent préserver les dictatures occidentales
” (…) Que signifient des déclarations [comme celle de Poettering] ? Que le système démocratique européen est adapté à toutes sortes de pays dans le monde, mais pas aux pays arabes ?
De telles déclarations ne sont bien sûr pas anodines, et elles ne servent pas ces prétendues exceptions [les pays arabes] ; elles seraient plutôt la manifestation de tendances racistes et d’objectifs égoïstes.
Ces gens [de l’attitude de Poettering] pensent que les Arabes ne méritent rien de mieux que leurs actuels gouvernements, qu’ils ne méritent pas la démocratie dont bénéficient les nations civilisées. Il s’en suit qu’il est préférable de ne pas exercer de pressions sur les régimes dictatoriaux mais au contraire d’exaucer leurs souhaits, [et de recevoir] en échange accords, argent et profits, tandis que le peuple peut bien aller au diable.
En réalité, le président du Parlement européen, qui devrait avoir honte, n’est pas le seul traître de ce lot [d’hommes d’Etat occidentaux]. Malheureusement, de nombreux hauts responsables européens et américains partagent son opinion, certains rivalisant même pour tourner une nouvelle page [dans leurs relations avec] les gouvernements dictatoriaux, celui du [président syrien] Bashar El-Assad ou du [dirigeant libyen Mouammar] Kadhafi, ou d’autres encore.
Leurs positions sont basées sur les suppositions suivantes:
– Les peuples ne sont pas égaux dans leurs façons de parvenir à la démocratie ; il y aurait des nations de première classe et des nations de deuxième classe. Les “première classe” – l’Europe et l’Occident – méritent le plus haut niveau de démocratie, tandis que les nations arabes appartiennent à la deuxième classe et sont donc [intrinsèquement] différentes, contraintes d’accepter le pouvoir de leurs gouvernements [respectifs].
– La meilleure façon de défendre les intérêts occidentaux est de préserver l’existence des régimes tyranniques et non d’offrir à [ces] nations la possibilité d’adopter la démocratie, car une telle évolution pourrait nuire à ces intérêts [occidentaux].
– L’expérience démocratique est par nature évolutive ; il n’est donc pas utile de promouvoir et de faciliter [la voie] à la démocratie, notamment dans les pays arabes. Cela toutefois n’est toutefois pas vrai pour l’Europe de l’Est, l’Amérique du Sud ou l’Asie [où la démocratie a été instaurée rapidement].
– Toutes les nations de la région ont leurs propres caractéristiques culturelles et traditions, qui doivent être respectées ; ce serait donc une erreur de leur imposer la démocratie ou de les pousser à adopter [la démocratie].
Comme je l’ai déjà dit, ce ne sont là que des excuses avancées par certains politiciens occidentaux pour justifier leurs liens avec les gouvernements tyranniques et corrompus du monde arabe. Celles-ci révèlent leur dédain pour les nations de la région, traitées comme des espèces inférieures.
Les peuples arabes aussi veulent liberté et démocratie
La vérité est – même si ces opportunistes [occidentaux] ne voient pas les choses de cet œil – que toutes les nations ont également [droit] à la liberté et la démocratie. Il n’existe pas de nation qui ne lutte et ne se bat pour la liberté – et les nations arabes ne sont pas une exception.
En outre, la démocratie n’est pas un habit que l’on revête pour honorer ses traditions, ou que l’on adapte au climat. C’est une valeur humaine universelle qui transcende les continents et les cultures.
La suprématie de la loi, un gouvernement élu par le peuple, devant rendre des comptes [à ses citoyens], la séparation des pouvoirs, le pluralisme, la passation des pouvoirs par des moyens pacifiques, toutes ces choses ne sont pas tributaires des coutumes régionales. Si elles sont bonnes pour l’Occident, elles le sont aussi pour l’Orient et pour toutes les régions du monde, quelles qu’elles soient.
La seule chose qui reste à dire est que tous les réformistes, tous ceux qui défendent la démocratie et la liberté dans les pays arabes, doivent condamner le racisme et l’opportunisme de tels politiciens – le président du Parlement européen compris (…)
Voir aussi:
Pourquoi les sociétés arabes sont-elles opposées aux droits de l’Homme ?