Le refus par un médecin de soigner des lesbiennes en raison de ses croyances religieuses est inacceptable au Canada et dans la profession médicale. De surcroît, les lesbiennes ont probablement les mêmes maladies que les femmes hérétosexuelles. Les provinces qui font venir des médecins étrangers doivent s’assurer que ces derniers s’engagent à ne jamais placer leurs croyances religieuses avant leur devoir envers leurs patients. Un médecin étranger qui ne peut signer un tel engagement n’a qu’à pratiquer dans un pays où ses croyances seront accommodées.
L’homosexualité est un mystère pour un médecin de la ville
Un couple de même sexe a déposé une plainte devant la commission des droits de la personne contre une femme médecin de Winnipeg Sud, affirmant que cette dernière a refusé de les prendre comme patientes et leur a dit qu’elle ne savait pas comment traiter les lesbiennes.
Andrea et Ginette Markowski, qui ont récemment déménagé de Yellowknife à Winnipeg, ont été surprises la semaine dernière quand un médecin de famille au Centre médical de Lakewood leur a suggéré de chercher un autre médecin car l’homosexualité contrevient à ses croyances religieuses.
Le couple qui est légalement marié allègue aussi que le médecin a dit qu’elle n’avait aucune expérience dans le traitement des lesbiennes.
Andrea Markowski a dit qu’elle, et celle qui est sa conjointe depuis 18 ans, ont pris rendez-vous avec le Dr Elias Kamelia après avoir entendu dire qu’elle acceptait des nouveaux patients. Elle a dit qu’Elias a commencé à prendre l’histoire médicale du couple et leur a demandé depuis combien de temps elles étaient ensemble. C’est à ce moment qu’elle leur a dit qu’elle n’avait jamais traité des lesbiennes auparavant.
Markowski dit qu’elle a demandé à Elias si le traitement d’un couple de même sexe était un problème pour elle, et elle affirme qu’Elias a répondu par l’affirmative.
Elias a déclaré au Free Press qu’elle n’a aucune expérience dans le traitement des lesbiennes et des gays qui ont parfois des «problèmes sexuels» et d’autres maladies. Elias a pratiqué la médecine en Égypte avant de passer quatre ans à Steinbach. Elle dit qu’elle n’a jamais traité des gays ou des lesbiennes dans ses 20 ans de pratique médicale.
«Ils ont beaucoup de maladies et d’infections», a déclaré Elias au cours d’une entrevue téléphonique. «Je n’ai pas refusé de les traiter, j’ai dit qu’il vaudrait mieux pour elles qu’elles trouvent quelqu’un qui a de l’expérience et qui prend ce type de patients. Il y a des médecins qui peuvent les soigner».
Shelly Smith, directeur général du Rainbow Resource Centre, a dit qu’en fait, les lesbiennes ont un taux inférieur d’infections transmises sexuellement. Ces infections sont plus souvent transmises par les hommes. Toutefois, elle a dit que la santé gynécologique est toujours importante pour les femmes de même sexe et que les taux de cancer du sein ont tendance à être plus élevés chez les lesbiennes puisqu’elles ne portent pas d’enfants.
Le couple a déposé une plainte auprès de la Commission des droits de la personne du Manitoba et du Collège des médecins et chirurgiens de la province.
«Nous avons été tellement choquées», dit Andrea. «L’ironie, c’est que nous avons déménagé dans une grande ville pour subir moins de discrimination».
Au Manitoba, les médecins peuvent accepter ou refuser un patient en fonction du nombre de leurs patients actuels, mais ils ne peuvent faire de discrimination fondée sur la race, le sexe, l’orientation sexuelle ou tout autre motif inscrit dans le Code des droits de la personne.
Dianna Scarth, directeur exécutif de la Commission des droits du Manitoba, n’a pas voulu confirmer qu’une plainte avait été déposée. Mais elle a confirmé que le Code des droits de la personne de la province ne permet pas aux médecins et aux autres soignants de refuser de traiter des gens à cause de leur orientation sexuelle.
Andrea a dit qu’elle et Ginette avaient été bouleversées par la réaction d’Elias face à leur orientation sexuelle. Elles ont dit à Elias qu’elle devrait poursuivre sa formation. Le couple a reçu des excuses par téléphone du directeur général du Centre Médical Lakewood pendant le week-end. Elles disent que la Clinique avait offert de leur fournir un autre médecin.
«Nous avons décidé que nous n’étions pas à l’aise de retourner là-bas», a déclaré Markowski. «Ils ont un sérieux problème sur les bras avec ce médecin».
Le registraire du Collège des médecins, Bill Pope, a dit que le processus d’orientation pour les diplômés internationaux en médecine avait été récemment prolongé de une à quatre semaines pour veiller à ce que les médecins formés à l’étranger en connaissent davantage sur la culture et les normes de conduite canadiennes.
Pope a dit que certains médecins n’ont jamais fait d’examen gynécologique sur des femmes, car ce n’est pas permis dans certaines cultures.
Il a dit qu’un nombre croissant de médecins qui viennent au Manitoba proviennent du Moyen-Orient et d’Asie du Sud-Est, où les barrières culturelles peuvent entraver leur compréhension des normes canadiennes.
«C’est clair que nous recevons de plus en plus de personnes issues de cultures très différentes de la nôtre, et vous ne pouvez pas blâmer une personne pour ce que sa culture lui enseigne et pour ne pas comprendre les attentes du Canada», a dit Pope.
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