Paris réclame en vain l’extradition de deux Canadiens mêlés à des actes terroristes.
L’affaire d’Hassan Diab, ce professeur arrêté en novembre à Gatineau pour sa participation présumée à un attentat en France en 1980, fait remonter à la surface le dossier d’un ex- Montréalais condamné en 2001 à Paris pour terrorisme mais que le Canada tarde à extrader.
Ce n’est pas un, mais deux Canadiens qui sont réclamés en vain par la France.
De l’autre côté de l’Atlantique, on s’impatienterait de voir Abdellah Ouzghar, visé par un mandat d’arrêt international présenté au Canada en 2001, et actuellement en liberté ici, répondre de ses actes.
On ne raterait d’ailleurs pas une occasion de se plaindre de cette situation «aberrante», a appris Le Journal de Montréal.
Pour une source du milieu antiterroriste français, le cas Ouzghar indique que la «justice canadienne, au contraire des Anglo-Saxons après les attentats de 2005, n’a toujours pas pris la mesure de la menace».
Cela démontre surtout, croit-il, l’urgence d’harmoniser les procédures d’extradition entre certains États.
«Les groupes terroristes ont un catalogue d’États laxistes, des zones de basse pression où ils peuvent s’établir sans crainte», mentionne-t-il sans citer le nom du Canada.
En janvier 2007, un juge de l’Ontario avait autorisé l’extradition d’Ouzghar. Mais depuis, rien n’a bougé car celui-ci en a appelé de cette décision. Il devrait revenir en cour seulement au début de 2009, indique une porte-parole de Justice Canada.
Cinq ans de prison
Le Canadien de 44 ans a été condamné en avril 2001 à Paris, in abstentia, à cinq ans de prison entre autres pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme».
Arrêté en novembre 2001 par la GRC, il avait été remis en liberté peu après, ce qui avait déclenché la fureur de l’ex-juge antiterroriste français Jean- Louis Bruguière.
Ouzghar faisait partie d’un groupe d’une vingtaine d’individus, connu sous le nom de «Groupe de Roubaix», qui ont commis des actes violents en France pour financer le jihad, lit-on dans le jugement.
Plusieurs d’entre eux vivaient à Montréal. C’est le cas d’Ahmed Ressam, qui purge une peine de 22 ans de prison aux États-Unis pour un complot contre l’aéroport de Los Angeles le 31 décembre 1999.
Ouzghar, que Adil Charkaoui n’a pas le droit de fréquenter, était considéré comme le falsificateur des documents de voyage utilisés par les terroristes.
Hassan Diab, suspecté d’avoir posé une bombe devant une synagogue à Paris, en 1980, demeure incarcéré en attendant son retour en cour, le 16 janvier.
Voir aussi:
Canada – La Cour suprême refuse d’entendre Charkaoui. Il pourrait être renvoyé au Maroc
Canada – Un paradis pour les vilains
L’immigration musulmane dans le monde post 11/9, par le torontois Salim Mansur