Un raid sur l’un des repaires importants d’Al-Qaida au nord de Bagdad a permis de découvrir des preuves de l’existence d’un réseau d’enfants forcés de perpétrer des attentats-suicides à travers l’Irak.
Un plan pour la formation et le recrutement d’enfants était stocké sur la carte mémoire d’un ordinateur trouvée sur le corps d’un émir d’al-Qaida dans le nord de l’Irak après qu’il ait été tué dans l’assaut contre son repaire souterrain à la mi-novembre.
Des officiels de l’armée et des services de renseignement croient que Abu Ghazwan, l’homme le plus recherché dans la province de Diyala, à 40 km au nord de la capitale, a été directement responsable du recrutement d’enfants comme kamikazes, dont deux qui se sont fait exploser au cours de l’été.
Les données récupérées lors du raid révèlent que Ghazwan utilisait des clubs de jeunes pour recruter des jeunes hommes dans un réseau qui s’étend jusqu’à Mossoul au nord, et à la prison d’Abou Ghraib à l’ouest de Bagdad. Le recours à des enfants était considéré comme un moyen de contourner les contrôles de sécurité qui sont devenus plus serrés dans tout le pays.
Les forces américaines ont essayé pendant des semaines de contrarier les plans visant à mener des enfants à la mort. Une attaque sur les zones identifiées sur la carte mémoire a donné peu de résultats, mais les officiels restent convaincus que la cellule d’Abu Ghazwan a constitué des cellules dormantes d’enfants qui recevront de ses successeurs des instructions de perpétrer de futures attaques.
Un tel système est considéré comme dépravé même en Irak, où l’exploitation des membres les plus vulnérables de la société est parfois devenue monnaie courante pendant les trois années d’insurrection.
Deux enfants ont perpétré des attentats au cours de l’été. L’un d’eux a blessé grièvement un cheikh appartenant au mouvement appelé Éveil, également connu sous le nom de Fils de l’Irak, et l’autre a tué un soldat américain. Beaucoup d’autres auraient été enrôlés de force, et les officiels tant américains qu’irakiens essaient de les trouver.
La semaine dernière, 18 femmes qui avaient été recrutées comme kamikazes, elles aussi dans le gouvernorat de Diyala, se sont livrées aux forces américaines et ont rejoint les rangs du mouvement de réconciliation qui gracie les délinquants pour leurs crimes passés s’ils désavouent la violence. Leur reddition faisait suite à au moins 27 attaques menées par des femmes de la même région au cours des 18 derniers mois.
Une jeune fille d’à peine 13 ans a été la dernière à se faire exploser à Diyala, bien qu’une femme se soit fait exploser à un poste de contrôle de Bagdad la semaine dernière. L’adolescente est morte à la fin octobre, tuant aussi cinq officiels des Fils de l’Irak qu’elle avait ciblés à Baquba, la capitale régionale de Diyala.
Un garçon 10 ans s’est fait sauter en septembre près du cheikh Imad Jassem, le co-leader des Fils de l’Irak en Tarmiya, le blessant grièvement. Le garçon l’avait suivi pendant trois jours, se faisant passer pour un vendeur de fleurs en face de la maison du cheikh.
L’enfant a couru vers le cheikh au moment où il franchissait la porte de sa maison, mais il a trébuché sur ses babouches plusieurs mètres avant d’atteindre sa cible et sa bombe a explosé prématurément. Le cheikh a perdu une jambe et se remet de ses blessures dans un hôpital américain.
Son père, le cheikh Sayed Jassem, avait été menacé directement par Abu Ghazwan avant qu’il soit tué dans la fusillade de novembre. Cheikh Jassem et d’autres Irakiens de la ville croient qu’Abu Ghazwan a recruté les enfants qui ont tenté de tuer son fils.
«Nous savons qui a envoyé l’enfant», a-t-il dit, laissant entendre que les maîtres du garçon avaient des liens avec la police. «Ils sont un gang et nous avons arrêté certains d’entre eux … Nous connaissons leur histoire, ils coopéraient pleinement avec Al-Qaida et partageaient tout leur équipement et leurs armes. Personne n’osait aller à la police».
Dans une déclaration publiée hier, le Major Al Hing de la 2e Brigade Stryker de la 25e division d’infanterie, a déclaré: «Autour de mars/avril, nous avons commencé à voir un conglomérat de cellules … associées au recrutement de jeunes kamikazes. À Tarmiya, nous avons vu les Lions Club, le Fatah al-Islam, les Jeunes du Ciel et Jeunes du Paradis. Dans la zone de Taji, nous avons eu des rapports sur Jeunes du Ciel et à Falahat nous avons vu les premiers rapports sur les cellules Fatah al-Janna sous Haythum Sadun».
«Il y a eu plusieurs rapports faisant état d’une cellule de commandos suicide à Tarmiya opérant sous le courvert du Fatah al-Janna et … qu’ils “endoctrinaient” [les jeunes enfants] pour mener ces types d’opérations».
En l’espace de quelques semaines, l’attaque contre le cheikh Jassem a été lancée. «Cet événement suggère que le kamikaze était conscient de ses actes», a déclaré Hing
Voir aussi:
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