Rapplons que le rapport Bouchard-Taylor recommandait l’enlèvement du crucifix placé au-dessus du siège du président de l’Assemblée pour préserver la neutralité de l’État. L’Assemblée nationale a plutôt adopté une motion à l’unanimité affirmant que le crucifix allait garder sa place actuelle.
Le premier ministre Jean Charest a insisté que le crucifix avait une très forte valeur symbolique, et qu’il fallait le voir dans une perspective historique. « C’est notre histoire, nos 350 ans d’histoire marqués par les institutions catholiques et on ne peut écrire l’histoire à l’envers », a-t-il dit. « L’Église a joué un rôle important dans l’histoire du Québec et le crucifix est le symbole de cette histoire ».
Espagne. La bataille des crucifix a commencé
Un crucifix en bois domine la salle de classe. Cette situation, aujourd’hui encore réalité dans de nombreuses écoles publiques espagnoles, pourrait bientôt ne plus exister. C’est du moins ce qui ressort du jugement rendu le 24 novembre par un tribunal de Valladolid.
Tout débute, voilà quelques mois, par la requête d’un parent d’élève d’une école publique, Fernando Pastor. Ce dernier, considérant qu’« un collège est lieu public et par conséquent non confessionnel », demande au directeur de l’établissement de retirer les crucifix des classes. Face aux refus répétés de la direction de l’école, Fernando Pastor, porte l’affaire en justice. Le jugement du tribunal est sans appel. Il invoque la Constitution espagnole de 1978 qui stipule dans son article 16.3 « qu’aucune confession ne pourra avoir le caractère de religion d’Etat ».
« Un symbole »
Le juge exige donc le retrait des symboles religieux. L’affaire semblait donc entendue. C’était sans compter sur le poids de l’Eglise catholique et de ses partisans. Les réactions face au risque que la sentence ne fasse jurisprudence ne se sont pas fait attendre. L’archevêque de Valladolid, Braulio Rodriguez, a promptement réagi. Il soutient qu’il « n’existe aucune norme qui interdise les crucifix en classe » et défend la présence de la représentation du Christ comme un « symbole de la culture occidentale ». Le Vatican a également regretté la décision de justice.
Dans la rue, les opinions sont contrastées. Mercedes, 63 ans, est indignée : « Que cela plaise ou non, la croix est et restera un symbole de l’Espagne. C’est notre identité ! » Autre génération, autres valeurs. Ana, madrilène de 29 ans, est catégorique : « Imposer ce symbole dans une école publique est un scandale. C’est de l’endoctrinement. Il faut enlever d’urgence tous ces crucifix ! »
Le jugement de Valladolid va-t-il se généraliser dans toute l’Espagne ? D’ores et déjà, la responsable de l’Education en Andalousie s’est déclarée « favorable au retrait immédiat des centres publics de tout symbole qui porte atteinte à la liberté religieuse ». Au-delà de cette querelle se profile un débat plus profond sur le poids du catholicisme dans la société.
À une époque où les églises sont désertées et où l’enseignement religieux est remis en cause par Zapatero, un nouveau revers dans cette affaire serait un sérieux coup porté à l’Eglise espagnole.
Voir aussi:
France – Un musulman exige et obtient le retrait d’un crucifix dans une clinique privée catholique
Grande Bretagne- Suspendu pour avoir demandé de retirer un drap couvrant le crucifix
Espagne – Déchristianiser pour mieux islamiser