Une exposition de photographies de la cinéaste libanaise Jocelyne Saab a été partiellement censurée mercredi en raison de la présence de photos jugées controversées montrant le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, et Jésus-Christ, a annoncé l’artiste.
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“La société immobilière Solidere, propriétaire de l’espace culturel où s’est ouverte l’exposition mardi soir, nous a demandé ce (mercredi) matin d’enlever deux photos qu’elle jugeait controversées puis en a ôté sept autres”, a déclaré Mme Saab à l’AFP.
La principale oeuvre censurée, intitulée “Terrain de jeu américano-israélien”, montre un cadre sous verre du Christ crucifié entourée de rangées de photos du chef de la milice chiite libanaise avec deux poupées Barbie en arrière-plan.
“Je ne voulais pas faire de la provocation, a affirmé l’artiste. Cette oeuvre symbolise un cimetière et dit qu’Américains et Israéliens nous utilisent comme un terrain de jeu. C’est un appel à la vigilance, à la cohabitation et non à la division ni à l’injure”.
L’autre photo montre la poupée masculine Ken crucifiée avec une Barbie en cheveux verts représentant la Vierge Marie. D’autres montrent des poupées enroulées dans des billets de banque irakiens à l’effigie de l’ex-dictateur Saddam Hussein.
“Ils l’ont enlevée pour dire qu’ils sont soucieux de protéger les sentiments de toutes les communautés”, a ajouté Mme Saab, qui se dit “outrée” par la censure.
“Les artistes et les intellectuels sont la soupape de cette nation et ils commettent une erreur monstrueuse en nous ligotant et en nous muselant”, a estimé Mme Saab, ignorant si l’exposition pourrait se poursuivre dans l’espace culturel.
L’exposition “Sense, Icons, Sensitivity” doit également être accueillie jeudi, avec les oeuvres controversées, dans une galerie privée de Beyrouth.
La société Solidere affirme avoir voulu éviter les tensions que pouvaient créer ces oeuvres.
“La politique et la religion sont deux questions très sensibles auxquelles nous ne voulons absolument pas porter atteinte, nous ne voulons créer aucun problème”, a déclaré à l’AFP une responsable de Solidere, Joumana Naquib.
Selon elle, l’artiste a obtenu leur autorisation “sans montrer ces deux pièces”, ce que nie Mme Saab.
“Je peux comprendre leur crainte mais je trouve inadmissible d’être censurée, d’autant plus par une société privée qui se proclame libérale”, a déploré l’artiste.
Le géant immobilier Solidere a été fondé par l’ex-Premier ministre Rafic Hariri, assassiné en 2005, auquel a succédé son fils Saad, chef du principal bloc de la majorité parlementaire antisyrienne.
Voir aussi:
États-Unis – Charia dans les arts. Photo d’une femme nue censurée en raison de menaces de violence
Islande – Reykjavik : l’appel à la prière islamique comme projet artistique
Allemagne – Une galerie ferme une exposition à cause de menaces islamistes