Une loi anti-blasphème controversée a été abrogée par le gouvernement néerlandais. Cette décision est remarquable car deux des trois membres actuels de la coalition au pouvoir sont des partis chrétiens qui, à l’origine, étaient favorables à cette loi.
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Par sa décision d’abroger la loi, le cabinet répond à la demande du Parlement où la majorité des partis ont fait valoir qu’offrir une protection juridique supplémentaire aux croyants était obsolète.
Le cabinet cherche plutôt maintenant à renforcer les lois anti-discrimination contre les groupes quelle que soit leur origine, mettant ainsi la composante religieuse hors de l’équation.
Le ministre de la Justice Ernst Hirsch Ballin dit que la loi va maintenant offrir la même protection à tous.
Liberté d’expression/non discrimination
Il a beaucoup été question de l’équilibre entre la liberté d’expression et le droit de ne pas être victime de discrimination au cours des dernières années aux Pays-Bas, en particulier eu égard au rôle de l’islam dans la société.
Des politiciens populistes comme Ayaan Hirsi Ali, qui a maintenant quitté la scène politique néerlandaise, et Geert Wilders, ont été très critiques de ce qu’ils considèrent comme l’influence négative de l’islam sur la société.
Geert Wilders est connu pour avoir diffusé FITNA sur le Web l’an dernier. Ce film de dix minutes alterne des versets du Coran avec des images des atrocités terroristes commises dans le monde entier, y compris les attaques du 11/9 sur les Twin Towers à New York. Le message de
Geert Wilders était clair: à son avis, l’islam est une religion violente qui cherche à détruire la liberté et la démocratie.
Menaces de poursuites
Dans le contexte de la critique continuelle de FITNA et de son réalisateur Geert Wilders, la loi néerlandaise anti-blasphème a fait beaucoup parler, comme un moyen possible de recours pour ceux qui se sentaient offensés.
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Des humoristes et des dessinateurs qui ont cherché à satiriser l’islam extrémiste ont également été exposés à des poursuites éventuelles en vertu de la loi anti-blaphème au cours des dernières années.
Le débat sur l’utilisation de la loi, qui remonte aux années 1930, a fait craindre à beaucoup de personnes que le droit à la liberté d’expression était érodé et que les droits des croyants de ne pas être offensés avait priorité.
Lettre morte
Une majorité au Parlement, qui pensent également que les croyants ne méritent pas une plus grande protection que les non-croyants, partageaient ces inquiétudes. Jan de Wit, qui est membre du parti d’opposition socialiste, explique:
«La loi était déjà lettre morte, mais c’est surtout que c’est injuste que les croyants aient davantage de protection que les non-croyants. Dieu merci, cela a maintenant pris fin. De toute façon, qui décide si Dieu se sent offensé ou pas?»
Le cas « Reve »
La loi actuelle, connue sous le nom de article 147, a connu un test célèbre dans les années 1960 lorsque l’écrivain néerlandais Gerard Reve a été poursuivi. Il avait écrit un article dans lequel Dieu revenait sur Terre comme un âne. Reve se décrivait lui-même, dans le détail, ayant des relations sexuelles avec l’âne.
Ce fut trop pour les partis politiques néerlandais chrétiens qui ont soulevé des questions au Parlement, et Reve a finalement été poursuivi en justice. Après un appel, Reve a été jugé non coupable – les passages ont été jugés blasphématoires, mais pas «malveillants et délibérément offensants», une définition précise qui était nécessaire pour obtenir une condamnation.
Après le cas Reve, on a présumé que la loi était maintenant lettre morte. D’autres tentatives de l’utiliser dans les années subséquentes ont échoué, de sorte qu’il est remarquable que la récente critique de l’islam dans les discussions publiques ait suscité un nouveau débat.
Voir aussi:
Angleterre- Abrogation des lois sur le blasphème
Islamisation du droit occidental : “diffamation” signifie “blasphème”
L’enjeu de Durban II : la liberté d’expression, par Mark Dubowitz, Wall Street Journal