Adonis (surnom du poète syrien Ali Ahmad Saïd Esber) est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grand poète arabe vivant. Il a été mis en nomination pour le Nobel de littérature en 2005. Son œuvre révèle plusieurs thèmes : injustice, dictature, guerre, misère…
Il a pris position contre le port du foulard islamique, un «voile sur la vie».
…«les interprétations religieuses qui imposent le port du voile à la femme musulmane dans un pays laïque distinguant le religieux du politique et affirmant l’égalité des droits et des devoirs entre les femmes et les hommes révèlent une mentalité qui ne se contente pas de voiler les femmes, mais désire profondément voiler l’Homme, la société, la vie dans son ensemble. Et voiler la raison».
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Chibane accuse Adonis d’atteinte à l’Islam
Cheikh Abderrahmane Chibane, président de l’Association des Oulémas Musulmans Algériens, a annoncé qu’il tient à ses déclarations dans lesquelles il a qualifié le poète Adonis de pervers et de laïc. L’association des Oulémas Musulmans Algériens a estimé, dans un communiqué, que ceux qui l’ont critiqué suite à sa position, ne connaissent pas sa personnalité ni ses idées appelant à la tolérance.
Cette association a expliqué dans un communiqué, qui a été signé par Abdelhamid Abdous, « Directeur de Rédaction de l’hebdomadaire algérien réformiste Al- Basair », que le Cheikh Chibane n’allait pas répondre au Docteur et Poète Adonis ou même débattre ses opinions s’il s’est limité, dans la conférence qu’il a animée, sur sa vision poétique. Toutefois, le poète a préféré critiquer la doctrine musulmane et sa jurisprudence et même les compagnons du prophète QSSL.
Le président de l’association des Oulémas Musulmans a qualifié Adonis, dans un précédent communiqué, de provocateur du pays d’un million et demi de martyrs, dans une conférence qu’il a animée à la Bibliothèque Nationale, le 14 octobre en cours, et où il a déclaré : « le retour à l’Islam signifie l’extinction de notre civilisation ».
En 2002, le journal algérien Liberté avait publié un bijou de chronique expliquant les raisons pour lesquelles Adonis dérange tant.
Adonis bouscule les rangs usurpés, par Abdennour Abdesselam
Un vieux proverbe berbère dit : “À peine ai-je tiré sur la corde que la montagne s’ébranla.”
Le philosophe et poète Adonis a-t-il seulement déclaré que la religion devrait être tenue loin des mécanismes de gestion des sociétés et des États et que le monde arabe est resté figé sur un passé totalement dépassé et révolu que le monde dit des ouléma, incapable de relever un débat contradictoire dans lucidité et la mesure, s’est aller à la panique et à la dérive trempée au vitriol.
L’organisation a crié au scandale. Mais pour qu’une telle réaction arriva, il eut fallu que leurs positions acquises et bien calées sur l’archaïsme soient ébranlées et remises en cause. Adonis, qui assume être un penseur polémique et provocateur, est certainement satisfait que de telles réactions, à fleur de peau, surgissent. Cela veut tout simplement dire que son discours est vrai, porteur, rénovateur et réformateur de la conception qu’ont les hommes d’état et de ses missions.
Ils s’attendait certainement à ces égarements car dit-il : “je suis content de générer autour de moi et autour de ce que j’écris cet esprit polémique et provocateur qui remet en cause tout ce qui relève du conservatisme.” Adonis sait que tout réformateur est un être dérangeant dans la mesure où il bouscule les traditions et les rangs usurpés par ceux qui trompent leur peuple et qui les illusionnent de leur construire un avenir sur un passé dépassé qui fuit de toute part.
Ces trompeurs sont l’incarnation de la révolution de la fuite et de la marche arrière, pendant que le poète séculier Adonis, toujours dans un état du réel et non du théorique ou de l’empirique, s’engage sur les sentiers de la révolution du changement avec les données du maintenant. Le penseur sait que les certitudes absolues sont des pièges abominables. Mais la raison, comme doute surmonté, échappe, hélas, aux oulémas restés accrochés à la foi obscurcie par tant de manipulation. Qu’à cela ne tienne, avec Adonis, c’est toute l’aventure de la pensée moderne qui est inaugurée dans la sphère de l’intelligentsia humaine. La caravane du changement ne s’arrêtera pourtant pas.