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Dans son édition du 20 mai 2011, La Presse révèle que le journal Rue Frontenac est poursuivi par l’école Dar al-Iman de Montréal. Les motifs exacts de la poursuite ne sont pas mentionnés. Il est vraisemblable qu’il s’agisse d’une poursuite en diffamation.
Rue Frontenac a publié deux articles concernant l’école Dar al-Iman et son directeur, Lazhar Aissaoui, sous la plume de Vincent Larouche les 25 novembre 2010 (Archives PdeB) et 20 janvier 2011 (Archives PdeB).
L’école est identifiée dans les publications de la Muslim Association of Canada (MAC) comme une des « institutions de la MAC » (a “MAC institution”). Dans les documents soumis par la MAC à l’Agence de revenu du Canada de 2002 à 2010, Lazhar Aissaoui est identifié comme un membre du conseil de direction de l’organisation. De 2007 à 2010, il est spécifiquement identifié comme le trésorier de l’organisation.
Ce renseignement est d’une grande importance puisqu’il confirme qu’Aissaoui était le responsable des transferts de fonds de la MAC vers trois associations dont des membres ont été associés au terrorisme dans le passé. En avril 2011, soit quelques semaines après les révélations de Rue Frontenac, le gouvernement du Canada a révoqué de façon définitive le statut d’organisme de bienfaisance d’une de ces organisations, IRFAN-Canada, précisément parce qu’elle avait transféré des millions à l’organisation terroriste Hamas dans le passé. (Toronto Star – GMBDR)
Quelle proportion des fonds versés à IRFAN-Canada par le trésorier de la MAC, Lazhar Aissaoui, s’est retrouvée dans les coffres du Hamas?
La MAC déclare sur son site internet (Archives PdeB) « faire tous les efforts pour appliquer l’islam (…) tel qu’il a été compris dans le contexte contemporain par le regretté imam Hassan al-Banna. La MAC considère cette idéologie comme la meilleure représentation de l’islam tel qu’il fut présenté par le Prophète Muhammad. »
Un condensé de la doctrine de Hassan al-Banna (1906 – 1949) est disponible dans le manifeste en 50 points qu’il adressa à plusieurs dirigeants politiques du monde arabe en 1947 et qui fut republié sur le site des Frères Musulmans en 2007. Le manifeste promeut notamment l’abolition des partis politiques et l’instauration d’un système de parti unique, la modification des lois pour les rendre conformes à la charia, la multiplication d’associations vouées à la promotion de l’esprit du jihad dans la jeunesse, la fermeture des salles de danse et la censure des films et des pièces de théâtre. Dans son manifeste, al-Banna déclara même son intention d’imposer un code vestimentaire unique à la population.
Dans les jours qui viennent, nous comptons publier un article plus substantiel qui replacera la poursuite de l’école Dar al-Iman contre Rue Frontenac dans le contexte des informations publiées au sujet de l’école par Point de Bascule depuis novembre 2010. Dans l’intervalle, nous vous invitons à consulter notre dossier Dar al-Iman.
Au Canada, les tribunaux s’appuient sur le jugement Grant c. Torstar Corp., 2009 CSC 61, [2009] 3 RCS 640 rendu par la Cour suprême pour déterminer la frontière entre la liberté d’expression et la diffamation. Pour ceux qui désireraient se familiariser avec les principes de droit qui sont en cause, le jugement intégral est disponible sur Canlii. La firme d’avocats McCarthy Tétrault présente également un résumé de la cause.
Selon le rapport annuel 2007-2008 (page 86) de la Commission consultative de l’enseignement privé rattachée au ministère de l’Éducation du Québec, le permis d’opération actuel de l’école Dar al-Iman avait été émis pour une période de 5 ans. Il vient à échéance le 30 juin 2011.
Références supplémentaires
Une décision historique en matière de diffamation (McCarthy Tétrault)