Dans l’édition du 23 décembre 2010 du journal Atlas.Mtl, Abdelghani Dades revient sur son éditorial de l’édition précédente (9 décembre) dans lequel il avait accusé la députée Monique Richard d’avoir tenu un discours « suintant l’islamophobie la plus crasse» parce qu’elle s’était opposée au financement par le ministère de l’Éducation du Québec de l’école Dar al-Iman contrôlée par les Frères Musulmans. En dénonçant le support gouvernemental aux activités des Frères Musulmans, la députée aurait attaqué tous les musulmans, plaidait Dades et il lui demandait de s’excuser.
Faisant allusion aux réactions négatives qu’ont entraînées sa condamnation des propos de madame Richard dans l’édition d’Atlas.Mtl du 9 décembre, Abdelghani Dades écrit dans l’édition subséquente du 23 que « nous n’avons en aucun cas à nous justifier de notre libre exercice de notre droit à la liberté d’expression ».
En recourant à Google, nous n’avons trouvé aucune déclaration de la députée Richard demandant à Abdelghani Dades de « justifier l’exercice de sa liberté d’expression ». Quant à Point de Bascule, nous n’avons jamais demandé à Dades de le faire non plus. Dans une société libre, les individus devraient pouvoir confronter leurs idées, notamment quant elles concernent la dépense de fonds publics, sans constamment devoir s’excuser et faire face à des poursuites judiciaires pour un motif frivole ou un autre.
En fait, dans toute cette affaire, le seul qui ait demandé à quelqu’un de « justifier l’exercice de son droit à la liberté d’expression » ce fut Abdelghani Dades quand il demanda à la députée Richard de s’excuser. Dans les circonstances, il est plutôt ironique de constater que Dades insinue que c’est lui qu’on aurait voulu faire taire. Argumenter avec quelqu’un n’équivaut pas à vouloir le faire taire.
George Orwell : « Si la liberté signifie quelque chose, c’est le droit de dire aux gens ce qu’ils ne veulent pas entendre » (Animal Farm, New York, Knopf, 1993, p. 107. Appendix I – The Freedom of the Press).
Point de Bascule avait réagi au premier édito d’Abdelghani Dades en publiant deux articles:
– Atlas Média, journal de la diaspora marocaine à Montréal, se met au service des Frères Musulmans
– Abdelghani Dades défend-il les Frères Musulmans au nom du gouvernement marocain?
La mise au point du 23 décembre de Dades est disponible en version PDF sur le site d’Atlas.Mtl. L’ensemble des archives de ce journal est disponible ICI.
À titre de référence pour le futur, voici l’essentiel de la mise au point d’Abdelghani Dades du 23 décembre. Les fautes d’orthographe font partie du texte original. PdeB a seulement ajouté un hyperlien au texte original :
« Atlas.Mtl et l’auteur de ces lignes, pour vous mettre dans le contexte, ont ainsi été l’objet d’une levée de boucliers par un certain nombre d’internautes qui voit en nous un dangereux suppôt de l’extrémisme religieux (d’inspiration musulmane; cela va sans dire…); ce qui, soit dit en passant à dû faire bien rire mes amis musulmans, juifs, catholiques et laïcs.
Nous ne reviendrons pas sur les raisons de cette colère; elles sont écrites (voir notre éditorial du précédent numéro) et chacun peut à loisir en prendre connaissance d’une part, d’autre part, nous n’avons rien à justifier comme nous n’avons en aucun cas à nos justifier de notre libre exercice de notre droit à la liberté d’expression et à l’expression de nos avis, points de vue et conviction. Et surtout, en conformité avec la charte éditoriale que nous nous sommes imposé et que nous respectons contre vents et marées, nous ne souhaitons pas entrer dans une polémique assurément stérile.
Nous signalerons toutefois à nos nouveaux contempteurs que tout au long de notre carrière journalistique nous avons, tour à tour été considéré comme:
Un ennemi de la langue arabe, parce que nous sommes francophones;
Un ennemi de l’Islam parce que nous condamnons en toutes occasions les excès de groupes ou personnes qui dans divers «combats» se réclament de cette religion;
Un agent du sionisme parce que nous agissons pour le dialogue des religions et la cohésion sociale;
Un adversaire des causes nationales de notre propre pays d’origine parce que nous avons défendu l’idéal Maghrébin;
Un ennemi du Maghreb parce que nous nous sommes élevés contre les violences qui entravent la marche vers l’union des peuples de la région nord-ouest africaine etc.
Ennemi de l’Occident et de sa culture, par contre coup du Canada et du Québec; voire du Parti Québécois; manquait à cette collection. Voilà donc réparée une grave lacune…
Portrait
L’auteur de ces lignes tient cependant à dire que sa pensée et ses réflexions se nourrissent et s’abreuvent à de nombreuses sources, des encyclopédistes du siècle des lumières aux penseurs contemporains occidentaux ou orientaux. Nous nous prévaudront ainsi autant des discours et écrits de feu Hassan II et de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que des legs de René Levesque, P.E. Trudeau et Robert Bourrassa; nous ne renions aucunement l’influence – plus près de nous – de Bernard Landry lorsque, parlant du Québec souverain qui lui tient à cœur, il affirme qu’advenant une indépendance, tous les peuples qui cohabitent aujourd’hui en Nouvelle France, seront également le peuple fondateur. Et nous n’avons que de la considération pour Jean Charest, Pauline Marois (elle pourrait elle-même en témoigner), Amir Khadir ou les leaders de l’ADQ; comme à l’endroit de Jean François Lisée, John Parisella ou Jean Louis Roy.
De même, nous ne manquons jamais de regretter l’érosion de l’intelligence collective québécoise, la rareté de penseurs contemporains capables par leurs idées de nous ouvrir des pistes menant vers un futur sans heurts et sans conflits. Ce qui nous amène parfois, sans doute, vers des analyses, postures ou attitudes qui peuvent déplaire, souvent lorsque face à nous des responsables se laissent aller à insulter notre futur commun. Essentiellement, nous appelons tous et chacun à cesser de se donner le seul passé (et les droits exclusifs qu’il est censé conférer à un sous groupe de population aux détriments de tous les autres) pour référence et de se donner pour point de mire le futur que nous souhaitons tous, dans un Québec inclusif, équitable et égalitaire, pour nous et pour notre descendance.
Nous estimons ainsi nous approcher du comportement d’un bon citoyen canadien, membre de la Nation québécoise, fier montréalais, citoyen utile en somme, respectueux des valeurs du pays et des valeurs universelles qui fondent l’humanité et l’humanisme.
C’est peut-être d’ailleurs bien cela qui gêne; pour certains en effets, une personne issue d’une communauté culturelle n’a pas droit à la citoyenneté; la revendiquer ou vouloir l’exercer relève donc à leurs yeux de la plus extrême des prétentions, d’une prétention qu’il faut discréditer même si pour cela on doit faire entorse à la vérité et à la morale à travers des propos ou des écrits tendancieux et mensongers. »
Références supplémentaires:
Abelghani Dades défend-il les Frères Musulmans au nom du gouvernement marocain?
Atlas Médias, journal de la diaspora marocaine à Montréal, se met au service des Frères Musulmans