Djemila Benhabib présenta son dernier livre lors de son récent passage chez Dumont (VTélé). Elle élabora sur le fait que les promoteurs de l’islam radical ne limitent plus leurs activités à l’Orient mais qu’ils sont désormais engagés dans une offensive d’islamisation de l’Occident. Pour atteindre leurs objectifs, les islamistes ont recours à toute la gamme des activités légales permises dans les démocraties occidentales, pas seulement au terrorisme.
Djemila Benhabib présenta son dernier livre lors de son récent passage chez Dumont (VTélé). Elle élabora sur le fait que les promoteurs de l’islam radical ne limitent plus leurs activités à l’Orient mais qu’ils sont désormais engagés dans une offensive d’islamisation de l’Occident. Pour atteindre leurs objectifs, les islamistes ont recours à toute la gamme des activités légales permises dans les démocraties occidentales, pas seulement au terrorisme.
Les Frères Musulmans sont au cœur de cette offensive d’islamisation. C’est d’ailleurs le symbole de leur organisation qu’on retrouve sur la couverture du livre de Djemila Benhabib.
Nous avons retenu cinq points de l’entretien de Mario Dumont avec son invitée. Comme nous n’avons pas encore eu la chance de lire son livre, nous les avons commentés en ajoutant des éléments qui ne se retrouvent peut-être pas dans le livre.
L’islam radical est engagé dans une offensive en bonne et due forme pour imposer son idéologie à l’Occident
Pour confirmer le constat de Djemila Benhabib, mentionnons deux des nombreuses déclarations de leaders des Frères Musulmans qui font explicitement état d’un tel programme d’islamisation.
Le 27 juillet 2011, avant que Tariq Ramadan ne prenne la parole dans un hôtel de Dallas, on fit sortir de la salle les non-musulmans qu’on put identifier même s’ils avaient acheté leurs billets et qu’ils ne manifestaient pas d’écarts de conduite. Se sentant en confiance, Ramadan déclara alors à ses partisans : « Ça devrait être nous, avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes qui colonisons positivement les États-Unis d’Amérique. »
La vidéo de la conférence ainsi que la transcription (et la traduction française) des principaux extraits sont disponibles ICI.
Dans une fatwa publiée sur IslamOnLine en 2002 et archivée sur MEMRI, le guide spirituel des Frères Musulmans et mentor de Tariq Ramadan, Youssef Qaradawi, a fait état d’un plan formel de conquête de l’Occident en établissant un parallèle entre les offensives islamiques militaires du passé et les offensives islamiques idéologiques du présent :
« L’islam va retourner en Europe comme un conquérant et un vainqueur après en avoir été expulsé à deux reprises, une fois au sud en Andalousie (Espagne – 1492) et une seconde fois à l’est quand il frappa à plusieurs reprises aux portes d’Athènes (1830). (…) Cette fois-ci, je maintiens que la conquête ne se fera pas par l’épée mais grâce au prosélytisme et à l’idéologie. »
Point de Bascule : La conquête de l’Occident par le jihad idéologique
Le port du voile
Djemila Benhabib et Mario Dumont ont convenu que l’insistance des militantes islamistes à porter le voile en toutes circonstances est un geste politique. C’est indéniable. Ceci étant dit, en favorisant l’adoption de nouvelles lois contre le port du voile plutôt qu’en appliquant les clauses de lois déjà existantes qui obligent tout le monde être à visage découvert dans les banques, dans les aéroports et dans plusieurs autres endroits, on ouvre inutilement la porte à d’interminables poursuites pour discrimination.
Il suffirait de reconnaître la préséance du droit de propriété pour éviter que les entreprises ne soient forcées de modifier leur code vestimentaire et leur horaire de travail au risque de faire face à des accusations de discrimination.
Il est significatif que la Charte canadienne des droits et libertés ne reconnaisse pas le droit de propriété (un droit individuel) mais qu’elle reconnaisse le concept de droits collectifs. En effet, l’article 15 de la Charte qui ouvre la porte aux poursuites pour discrimination consacre, dans les faits, le principe d’une primauté du collectif sur l’individu.
Le propriétaire qui désire que ses employés répondent à certains critères ne force personne à travailler pour lui. Quand les tribunaux justifient le recours à la coercition contre ce propriétaire en l’obligeant à modifier l’organisation du travail dans son entreprise, quand les tribunaux justifient les restrictions à la liberté d’expression, ils donnent des munitions à ceux qui cherchent à faire triompher leurs valeurs collectivistes et totalitaires.
Face à tous ces groupes de pression qui disent représenter des minorités et face aux lobbies islamistes en particulier, c’est encore l’individu qui représente la plus petite minorité et celle dont la situation est la plus précaire. Salim Mansur déclara récemment lors de la présentation de son dernier livre à Ottawa que « c’est l’individu qui constitue la minorité qui mérite le plus d’être défendue ». Joanne Marcotte rapporta ses propos sur son blogue (Point de Bascule).
La république islamique
Durant son entretien avec Djemila Benhabib, Mario Dumont identifia l’Iran comme un modèle de république islamique que les tenants de l’islam radical rêvent d’instaurer. Bien que l’Iran soit à majorité chiite, elle jouit effectivement d’un appui considérable chez les Frères Musulmans (sunnites). Lors d’une rencontre interreligieuse organisée en 2008 à Tripoli (Libye) par la World Islamic Call Society mise sur pied par Muammar Kadhafi, Ibrahim Abu-Rabi, associé aux Frères Musulmans, déclara que « la seule révolution islamique qui ait véritablement été couronnée de succès, c’est celle de Khomeini, celle de l’Iran ». Il ajouta que « c’est le seul endroit où le clergé exerce un contrôle ferme sur l’État ». (Archives PdeB)
Subordonner le politique au religieux, c’est ce que dénonce Djemila Benhabib et c’est précisément ce que cherchent à accomplir les islamistes.
Abu-Rabi n’est pas un marginal sans importance. Il était le titulaire de la Chaire d’Études islamiques de l’Université de l’Alberta (Edmonton) jusqu’à sa mort récente. Voilà précisément le genre d’experts que les politiciens et les fonctionnaires consultent avant d’élaborer leurs politiques. Ces experts islamistes sont responsables de former ceux qui deviendront les leaders de la communauté musulmane de demain. Pour expliquer la croissance de l’islam radical au Canada et ailleurs en Occident, il est indispensable d’examiner l’infiltration des institutions officielles.
La Chaire d’Études islamiques d’Edmonton où opérait Abu-Rabi a été mise sur pied en 2007 grâce à un don versé par l’Edmonton Council of Muslim Communities (ECMC), une organisation associée aux Frères Musulmans. Fréquemment, de telles organisations ne font que relayer des sommes d’argent qui proviennent des pays du Golfe.
Des détails supplémentaires sont disponibles en consultant le profil d’Ibrahim Abu-Rabi réalisé récemment par Point de Bascule.
Dans son livre Auspices of the Ultimate Victory (Les signes annonciateurs de la victoire finale), le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, explique les succès de son idéologie en Occident par le travail de terrain des Frères Musulmans et par les contributions en pétrodollars des milliardaires du Golfe.
L’islam radical et l’axe gauche-droite
Djemila Benhabib ainsi que le collaborateur de Mario Dumont, Martin Pelletier, ont évoqué la complaisance démontrée par la gauche québécoise vis-à-vis de l’islam politique. On ne peut certainement pas diverger d’opinion avec Pelletier quand il donne Radio-Canada en exemple. Combien d’invitations Salah Basalamah et les autres militants de Présence Musulmane ont-ils reçues de la part de Radio-Canada pour nous répéter que la doctrine qu’il propage est sans reproche et que tout ce qui va mal est causé par la société d’accueil?
Ceci étant dit, si on replace ce qui se passe au Québec dans le contexte nord-américain, on constatera que les efforts de pénétration des Frères Musulmans ne sont pas limités aux organismes de gauche.
Si les Frères Musulmans semblent moins enclins au Québec à tisser des liens avec les défenseurs du libéralisme économique qu’ailleurs en Amérique du Nord, c’est uniquement parce que les candidats potentiels y sont beaucoup plus rares. Malgré l’important travail de promotion des idées libertariennes (libérales classiques) par des sites comme Antagoniste et Le Québécois Libre, il demeure que la vaste majorité des décideurs du Québec sont acquis à l’interventionnisme étatique à grande échelle.
Une des organisations associées aux Frères Musulmans qui cherche à pénétrer les milieux acquis au libre marché est le Minaret of Freedom Institute (MFI) basé à Bethesda (MD). Son fondateur Imad-ad-Dean Ahmad se définit comme un musulman libertarien. Il appuie l’ayatollah Khomeini tout en mentionnant favorablement Ludwig von Mises. Les idées de Mises sont évidemment irréconciliables avec celles de Khomeini mais en maintenant un vernis libertarien, le MFI d’Ahmad arrive à s’approcher des cercles du pouvoir favorables aux idées de libre marché, notamment pour plaider la cause du Hamas.
Dans une entrevue qu’il accorda en 2008 à l’agence du gouvernement iranien Fars Press, Ahmad déclara que la révolution iranienne « avait inspiré les musulmans partout à travers le monde ». Il loua le rôle de Khomeini lors de la révolution iranienne et il salua « son charisme personnel, sa grande élocution, ses références à l’islam, son intelligence, sa proximité avec les gens et son flair politique ». Rien de moins.
Lors de la dernière campagne présidentielle, Ahmad faisait partie d’un groupe d’intellectuels qui appuyèrent le républicain Ron Paul. (Vidéo 0:19)
En 2009, GMBDR rapporta que le Minaret of Freedom Institute avait endossé une rencontre entre les employés musulmans qui travaillent au Congrès américain et les représentants de trois autres organisations associées aux Frères Musulmans. Qui de mieux que des supporteurs de Khomeini pour expliquer au personnel politique musulman du Congrès américain ce qu’on attend d’eux?
Un petit rappel historique servira à illustrer combien souples sont les tactiques des Frères Musulmans quand il s’agit de pénétrer les partis politiques, fussent-ils de gauche ou de droite. Lors de sa tournée nord-américaine en 2010, Tariq Ramadan se joignit à Omar Aktouf le 15 avril pour présenter une conférence au théâtre Corona de Montréal. Aktouf, c’est l’opposant par excellence du libre marché, un défenseur de l’interventionnisme étatique. Il a été candidat de l’Union des Forces Progressistes à deux reprises, un parti politique québécois associé aux communistes qui ouvrit le chemin à Québec-Solidaire. À cette occasion, Aktouf a louangé le rôle des Frères Musulmans.
Douze jours après son passage à Montréal aux côtés d’Aktouf l’allié des communistes, Tariq Ramadan était aux côtés du président du MFI pour se draper des couleurs du libertarianisme et parler de liberté.
De toute évidence, Tariq Ramadan et les Frères Musulmans ont choisi de ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier. Ils cherchent des alliés circonstanciels partout où ils peuvent les trouver.
Les efforts des Frères Musulmans auprès de la droite américaine portent fruit. Récemment, le gouverneur républicain du New Jersey, Chris Christie, une figure très populaire chez les libertariens, a nommé Sohail Mohammed au poste de juge. En plus d’avoir représenté dans le passé plusieurs individus soupçonnés de terrorisme, Mohammed a été membre d’une association proche du Hamas, une partie intégrante du réseau des Frères Musulmans. GMBDR a produit deux articles au sujet de Sohail Mohammed (janvier 2011 et août 2011). Christie qualifient ceux qui contestent sa décision d’avoir nommé un proche des Frères Musulmans au poste de juge d’« ignorants » et de « fous ».
Investigative Project on Terrorism : Gov. Christie’s Strange Relationship with Radical Islam (L’étrange relation du gouverneur Christie avec l’islam radical)
Les Québécois craignent une montée de l’islam politique
Lors d’un sondage non scientifique (mais révélateur malgré tout) qui se déroula pendant que Djemila Benhabib discutait avec Mario Dumont, les auditeurs de l’émission déclarèrent craindre la montée de l’islam politique au Québec à plus de 95%. Ces résultats vont dans le même sens que les résultats d’un sondage récent mené par la firme Léger auprès de 1500 Canadiens. 56% des répondants déclarèrent que l’Occident et le monde musulman sont impliqués dans un conflit dont ils ne prévoient pas le dénouement. Seulement 33% prévoient que les tensions actuelles devraient s’atténuer. (The Gazette – BlazingCatFur)
Le premier ministre canadien Stephen Harper a également déclaré récemment que l’islam radical (il utilisa le néologisme Islamicism en anglais) représente présentement la plus grande menace à la sécurité du Canada.
Référence supplémentaire
Jean-François Revel sur la difficulté des sociétés ouvertes à se défendre contre un ennemi intérieur 06 Décembre 2010