Auteure : Lise Ravary
Référence : Le Journal de Montréal, 19 septembre 2013, p. 28
Titre original : La vraie menace est islamiste
Il y a beaucoup plus à craindre dans ce qu’on ne voit pas.
Depuis 2011, un pourriel qui dénonce l’islamisation massive de Rimouski circule sur internet. Hier encore, j’ai reçu un message me rappelant qu’il fallait soutenir la charte, «quand on voit ce qui arrive à Rimouski».
Le maire ne cesse de démentir cette folle rumeur, mais plusieurs continuent de croire que la mainmise musulmane est telle qu’on aurait changé le nom d’une rue pour celui d’un «grand prêtre islamique».
Vous savez combien il y a de musulmans à Rimouski? Sur une population de 47 000 personnes, environ 120. Intégrés.
PROFESSEUR MOHAMMED
Une rue porte bien le nom de Mohammed-El-Sabh, à la mémoire d’un océanographe de réputation internationale d’origine égyptienne, installé à Rimouski en 1972 pour enseigner à l’Université du Québec. Il est décédé en 1999 et ses funérailles ont eu lieu à l’église du Bic!
Cette histoire soulève une question difficile. Un appui à la charte nourri de racisme, de xénophobie ou d’ignorance peut-il être éthiquement comptabilisé par le gouvernement? Doit-on tenir compte de l’opinion de ceux qui veulent une charte pour «mettre les immigrants à leur place»? De ceux qui ne comprennent pas ou mal les enjeux?
Le Conseil supérieur de l’éducation a confirmé hier que 49 pour cent des Québécois sont incapables de lire ou de comprendre la posologie d’un médicament. Et le dépliant sur la charte envoyé dans tous les foyers par le gouvernement, lui?
AUCUNE PROTECTION
Certains pensent que la charte placerait le Québec à l’abri de l’islamisme et du djihadisme. Faux.
Oui, la menace islamiste existe ici. L’arrestation récente de deux présumés terroristes qui préparaient un attentat contre un train de VIA le confirme. Sont-ils dangereux? Oui. Sont-ils sur le point de prendre le contrôle du Québec? Non. Faut-il être vigilant? Absolument. La charte va-t-elle nous protéger? Le contraire est possible.
La lutte contre l’islam radical appartient à la police, aux services de renseignements, aux agents de l’immigration et à la communauté musulmane. Pas à l’Assemblée nationale.
Ce qui ne veut pas dire que le législateur n’a pas un rôle à jouer pour endiguer la promotion d’idéologies pro-charia, comme celles des Frères musulmans, un mouvement né en Égypte en 1928, mais implanté ici même, en 2013.
Au moins une école musulmane montréalaise, qui reçoit des centaines de milliers de dollars par année du gouvernement du Québec, est reliée à la vitrine des Frères musulmans au Canada, la Muslim Association of Canada, la MAC. La certification halale à Montréal passerait par la MAC. Chiheb Battik, accusé d’avoir tenté d’enlever un bambin dans un parc d’Outremont, était administrateur de la MAC. Des experts croient qu’il espérait financer une «opération» avec la rançon.
MOSQUÉE SOUS SURVEILLANCE
Que dire de la mosquée intégriste Assuna à Montréal, un des principaux centres de recrutement d’al-Qaïda au monde, selon WikiLeaks. Mosquée qui a reçu des fonds du gouvernement du Québec pour l’intégration des immigrants. Mosquée qui publie sur son site que les femmes ne doivent sortir de chez elles que si le besoin est pressant et qu’elles doivent baisser les yeux en public. «Baisser le regard illumine le coeur».
Pendant ce temps, le Québec déchire sa chemise au sujet du port du foulard par des éducatrices en garderie qui, elles, sortent de la maison tous les matins.
Il y a beaucoup plus à craindre dans ce qu’on ne voit pas que les signes religieux ostentatoires portés par des fonctionnaires.