À la suite d’une entrevue sur Al Jazira, Wafa Sultan, psychologue américaine d’origine syrienne, a soulevé la colère de l’influent Sheikh al-Qaradawi, considéré comme le pape de l’islam sunnite. Il a proféré contre elle des accusations dingues, que ses sympathisants comprendront comme signifiant qu’elle doit être tuée. Wafa Sultan est un trésor national et international. Le gouvernement américain devrait s’empresser de la protéger contre toute personne qui pourrait être incitée à agir sur la base des distorsions de ce voyou de Qaradawi. – Robert Spencer
Vous pouvez visionner une entrevue antérieure de Wafa Sultan sur al-Jazira en cliquant ici: Un choc entre le Moyen-Age et le 21e siècle
Al-Qaradawi est considéré comme le pape de l’islam sunnite.
Traduction de: Target of Jihad, par Robert Spencer, FrontPageMagazine, le 25 mars 2008
Wafa Sultan est apparue sur Al-Jazira de nouveau au début de ce mois, et les ondes de choc se réverbèrent encore dans l’ensemble du monde islamique. Le lendemain de son apparition, Al-Jazira a publié des excuses publiques pour ses remarques «offensantes», mais ne précise pas exactement ce qu’elle a dit de si terrible.
La semaine dernière, cependant, l’influent cheikh Youssef al-Qaradawi n’a pas été aussi circonspect. En 2006, Qaradawi, que l’universitaire Esposito, financé par les saoudites, présente comme un « réformateur », a exhorté les musulmans à lutter contre Israël en invoquant le hadith notoirement génocidaire dans lequel Mahomet affirme que le jour du jugement dernier «même les pierres et les arbres parleront, avec ou sans paroles, pour dire: ‘Ô serviteur d’Allah, ô musulman, il y a un Juif derrière moi, viens et tue-le». Mais maintenant, il dirige sa rage contre Wafa Sultan, une psychologue américaine d’origine syrienne âgée de 55 ans:
«Elle a dit des choses insupportables, épouvantables qui m’ont fait dresser les cheveux sur la tête. Spécifiquement, elle a eu l’audace de publiquement maudire Allah, Son Prophète, le Coran, l’histoire de l’islam, et la nation islamique». Il a répété qu’elle a «porté des accusations contre l’islam et les musulmans, et maudit Allah, Son Prophète, la nation islamique, la charia, et la foi et la culture islamiques».
Ce sont là de graves accusations, et Qaradawi les formule dans des termes que ses amis djihadistes comprendront comme signifiant qu’elle doit être tuée. Étant donné que Qaradawi a justifié les attentats-suicides contre des civils israéliens et les soldats américains en Irak, il est clair qu’il n’a aucun dégoût de la violence et, par conséquent, les forces de l’ordre devraient prendre très au sérieux ses dernières fulminations contre Wafa Sultan.
Mais pour Sultan elle-même, bien sûr, ce n’est rien de nouveau. Cette femme courageuse a été la cible de la colère des djihadistes depuis qu’elle a fait irruption sur la scène internationale dans une interview sur Al-Jazira le 21 février 2006.
La vidéo de cette interview a été consultée plus d’un million de fois, et a abouti à de nombreuses menaces de mort à l’endroit de Wafa Sultan. Dans cette interview, elle dénonçait la violence que de trop nombreux musulmans commettent au nom de l’islam, et la tendance de tous les autres, trop nombreux, aussi bien musulmans que non musulmans, de justifier la violence en pointant à des mauvais traitements que les musulmans auraient subi:
«Les Juifs ont connu la tragédie de l’Holocauste, et ont forcé le monde à les respecter grâce à leurs connaissances, pas avec leur terreur, avec leur travail, et non avec leurs pleurs et leurs cris. L’humanité doit la plupart des découvertes et de la science des 19ème et 20ème siècles aux scientifiques juifs. Quinze millions de personnes, disséminées dans le monde, se sont unies et ont gagné leurs droits par le biais du travail et de la connaissance».
«Nous n’avons pas vu un seul Juif se faire sauter dans un restaurant allemand. Nous n’avons pas vu un seul Juif détruire une église. Nous n’avons pas vu un seul Juif protester en tuant des gens. Les musulmans ont réduit en décombres trois statues de Bouddha. Nous n’avons pas vu un seul bouddhiste brûler une mosquée, tuer un musulman ou incendier une ambassade. Seuls les Musulmans défendent leurs croyances en brûlant des églises, en tuant les gens et en détruisant des ambassades. Cette approche ne donnera aucun résultat. Les musulmans doivent se demander ce qu’ils peuvent faire pour l’humanité avant de demander que l’humanité les respecte».
C’est raisonnable. Et ce que le Sultan a déclaré sur Al-Jazeera ce mois-ci était également raisonnable. Défendant les tristement célèbres caricatures danoises de Mahomet, qui continuent d’agiter le monde islamique, elle a fait remarquer:
«Mais si l’islam n’était pas comme il est, les caricatures n’auraient jamais été dessinées. Elles ne sont pas tombées du ciel, et le dessinateur ne les a pas sorties de son imagination. Au contraire, elles sont le reflet de son savoir. Les Occidentaux qui ont lu les paroles du Prophète Mahomet «Allah m’a donné la subsistance à l’ombre de mon épée» ne peuvent pas imaginer un Mahomet avec un turban en forme de colombe de la paix, plutôt que sous la forme d’une bombe. Les musulmans doivent apprendre à écouter les critiques des autres, et peut-être alors vont-ils revoir leurs enseignements terroristes.»
Qaradawi, cependant, n’était pas d’humeur à revoir quoi que ce soit. Les déclarations de Wafa Sultan étaient «toutes basées sur l’ignorance», s’est-il plaint. «Si seulement elle avait certaines connaissances … Mais elle n’a pas de connaissances. Elle ne connaît pas le Coran ou la Sunna. Quand elle a cité un hadith à l’appui de ses déclarations, elle a utilisé un hadith que les chercheurs estiment peu fiable».
Quel hadith peu fiable? Mahomet qui a déclaré que «Allah m’a donné la subsistance à l’ombre de mon épée». Qaradawi a affirmé: «Ce hadith n’est pas fiable. Le Prophète n’a pas obtenu la subsistance par l’épée. Si elle avait lu le Coran, elle aurait su qu’il interdit de tuer des gens: «Quiconque tue une autre personne pour un motif autre que l’homicide involontaire coupable ou la propagation de la corruption sur terre – c’est comme s’il avait tué l’humanité entière»».
Bien sûr, tout le monde peut voir que «autre que l’homicide involontaire coupable ou la propagation de la corruption sur la terre [fasaad]» est une exception plutôt importante, et que le verset suivant rend la prétention de Qaradawi selon laquelle le Coran «interdit de tuer des gens» encore plus contestable. Il a cité Coran (5:32), qui précède immédiatement un verset exhortant les musulmans de crucifier ou d’amputer une main et un pied sur des côtés opposés de quelqu’un qui se bat contre Allah et Mahomet ou propage la «corruption sur terre».
Et quant à la non-fiabilité du hadith sur l’ombre de l’épée de Mahomet, Qaradawi ne prend pas la peine de nous dire que le hadith dans lequel Mahomet dit: «Sache que le paradis est à l’ombre de l’épée» figure dans Bukhari, la collection de hadiths que les musulmans considèrent comme étant la plus fiable, et dans laquelle seulement un très petit nombre de hadiths sont considérés comme peu fiables par tous les docteurs de l’islam.
Non seulement il y figure, mais il figure dans trois endroits différents dans Bukhari et à deux endroits dans Sahih Muslim, la collection de hadiths considérée la deuxième plus fiable. Cette répétition est une attestation additionnelle d’authenticité d’un point de vue musulman, puisque la multiplicité des compte rendus est considérée comme provenant de différents narrateurs, ce qui indique que de nombreuses personnes ont entendu Mahomet dire cela.
Qaradawi a porté des accusations encore plus dingues, prétendant faussement (avec une ironie piquante à la lumière de son soutien aux attentats-suicide) que Wafa Sultan «endosse le meurtre de musulmans à Gaza et ailleurs, en affirmant qu’ils méritent d’être tués».
De telles accusations, et les affirmations de Qaradawi que Sultan «a eu l’audace d’insulter tout ce qui est sacré – la nation islamique entière, son passé, son présent et son avenir» – pourtant, comme nous l’avons vu, c’est elle qui disait la vérité, et non pas ce fameux cheikh «réformiste». C’est donc elle qui encore une fois a montré la vacuité du déni, des faux-fuyants et des accusations envers autrui dans lesquels s’engagent de trop nombreux dirigeants islamiques plutôt que de se livrer à la recherche et à l’auto-réflexion auxquelles Wafa Sultan les invitait, ainsi que d’autres défenseurs des droits de l’homme universels et de la dignité humaine.
Wafa Sultan est un trésor national et international. Le gouvernement américain devrait s’empresser de la protéger contre toute personne qui pourrait être incitée à agir par les distorsions de ce voyou de Qaradawi. Est-ce le cas?
Voir aussi:
Wafa Sultan sur Al-Jazeera : “un choc entre le Moyen âge et le 21e siècle”
Wafa Sultan parle de l’affaire Aqsa Parvez et des dangers de l’islamisme
Grande-Bretagne – Visa refusé au sheik Qaradawi
Wafa Sultan, la mauvaise conscience de l’islam, Riposte Laïque, le 26 mars 2008