Abdelghani Dades, éditorialiste du journal Atlas.Mtl financé en partie par le gouvernement marocain et conseiller du roi au moins jusqu’à la fin de 2011, a condamné Djemila Benhabib après qu’elle se soit opposée à l’islam politique et aux Frères Musulmans. Venant d’un proche du roi qui a choisi un Frère Musulman comme premier ministre, il s’agit là d’une ingérence étrangère inacceptable.
Réagissant à l’annonce de la candidature de Djemila Benhabib pour le PQ, Abdelghani Dades, l’éditeur d’Atlas.Mtl, l’a décrite comme «l’idiote utile de l’islamophobie» dans son éditorial du 1er août dernier. Le journal Atlas.Mtl s’adresse à la communauté maghrébine de Montréal. Selon le site LaVieMarocaine.com, le journal est financé en partie par Royal Air Maroc, une compagnie aérienne possédée par le gouvernement marocain (Reuters). Dans une autobiographie qu’il a publiée dans son Journal Atlas.Mtl en 2007, Abdelghani Dades se présentait comme un ancien conseiller de Pauline Marois et Bernard Landry. Son autobiographie est reproduite à la partie 8 de cet article.
Djemila Benhabib s’est surtout fait connaître en publiant Ma vie à contre-Coran dans lequel elle raconte ses souvenirs de la montée de l’islam politique dans l’Algérie de sa jeunesse et dans lequel elle plaide pour une séparation du religieux et du politique.
Plus récemment, Benhabib a fait paraître Les soldats d’Allah à l’assaut de l’Occident qui porte sur la menace que les Frères Musulmans font peser sur les sociétés occidentales. Lors de son passage à l’émission Tout le monde en parle en octobre 2011, Benhabib a exprimé son inquiétude face au manque de détermination à combattre la pénétration de l’idéologie des Frères Musulmans qu’elle perçoit au Québec et ailleurs dans le monde.
PLAN DU TEXTE
Partie 1 – Abdelghani Dades membre d’un organisme de défense des intérêts du Maroc à l’étranger
Partie 2 – L’application accrue de la charia sous un gouvernement des Frères Musulmans au Maroc et ses répercussions au Canada
Partie 3 – Dades soutient que la candidature de Benhabib à Hérouxville «exhale des relents nauséabonds»
Partie 4 – Abdelghani Dades «ramène dans ses bagages» les enseignements d’un islamiste qui prône le jihad offensif contre les infidèles et qui compare les Noirs à des «bêtes féroces»
Partie 5 – Abdelghani Dades s’était déjà porté à la défense des Frères Musulmans dans l’affaire Dar al-Iman
Partie 6 – Crier à l’islamophobie pour éviter de répondre aux arguments des opposants à l’islam radical
Partie 7 – Informations sur le Groupe AtlasMedias
Partie 8 – Trois biographies d’Abdelghani Dades
Partie 1 – Abdelghani Dades membre d’un organisme de défense des intérêts du Maroc à l’étranger
À la suite de l’élection de novembre 2011 au Maroc, le roi Mohamed VI a choisi le leader des Frères Musulmans Abdelillah Benkirane (Abdel-Ilah Benkiran) comme premier ministre. Pour tenter d’éviter le sort d’autres dirigeants de la région chassés du pouvoir par les Frères Musulmans (parfois avec l’aide d’al-Qaïda comme en Libye), le roi a concédé une partie de ses pouvoirs aux promoteurs d’une application accrue de la charia.
Slate Afrique (28 novembre 2011) : Abdelilah Benkirane, premier ministre du Maroc
Puisqu’Abdelghani Dades est conseiller du roi Mohamed VI (ou l’était jusqu’à tout récemment), sa critique d’une femme qui explique le danger représenté par les Frères Musulmans constitue donc rien de moins qu’une ingérence étrangère dans les affaires canadiennes.
Abdelghani Dades a été nommé au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) par le roi du Maroc le 21 décembre 2007 pour une période de quatre ans. En principe, son mandat devrait donc être terminé mais son nom figure toujours sur le site de l’organisation (Archives PdeB) comme membre du Conseil. L’article 163 de la récente constitution du Maroc (2011) précise que le CCME a été mis sur pied pour servir les intérêts du Maroc en élaborant des politiques qui concernent les Marocains à l’étranger.
Le décret du roi Mohamed VI qui créa le CCME en 2007 indique à l’article 9 qu’Abdelghani Dades a été choisi comme conseiller du roi en raison de son «dévouement pour la défense des intérêts suprêmes» du Maroc
Au moment de la nomination des membres du CCME, le roi les présenta en indiquant qu’ils avaient également été choisis pour «leur attachement (…) aux valeurs de l’identité marocaine unifiée». L’article 3 de la constitution marocaine précise que c’est l’islam qui unifie le Maroc («L’Islam est la religion de l’Etat»). L’article 41 de la constitution présente le roi comme le chef des croyants («Le Roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de l’Islam»).
Dans un contexte où les Frères Musulmans occupent les plus hauts échelons de l’administration marocaine, l’appel à défendre les «intérêts suprêmes» du Maroc, l’appel à unifier le Maroc derrière l’islam-religion d’État, c’est l’appel à la défense et à l’application du programme des Frères Musulmans.
Slate Afrique rapporta qu’avant qu’il ne soit nommé premier ministre en 2011, Benkirane en avait appelé au rétablissement des «châtiments de Dieu» (houdoud Allah) au Maroc. Il s’agit là des châtiments corporels prévus par la charia. Benkirane favorise également de châtier ceux qui abandonnent l’islam et les homosexuels.
Le 11 avril 2012, le premier ministre marocain a reçu en audience deux ministres belges. Durant tout l’entretien, il a tout simplement refusé de s’adresser à la ministre de sexe féminin. À un moment donné, rapporte le site belge RTL info, Benkirane a expliqé à son visiteur qu’il parle fort bien le français et qu’il était donc «inutile de venir avec une interprète».
La section r32.6 de l’Umdat al-Salik, le manuel de charia endossé par les Frères Musulmans, interdit aux hommes d’échanger avec les femmes. La conversation entre hommes et femmes est qualifiée d’«adultère avec la langue».
En consultant le site d’Atlas.Mtl, on constate que les articles concernant le nouveau premier ministre Benkirane font bien peu de cas des positions radicales qu’il a exprimées dans le passé et de son association avec les Frères Musulmans. Cette attitude complaisante d’Atlas.Mtl démontre que le journal ne sert que de courroie de transmission au nouveau gouvernement marocain.
Partie 2 – L’application accrue de la charia sous un gouvernement des Frères Musulmans au Maroc et ses répercussions au Canada
Avant même l’arrivée des Frères Musulmans au pouvoir, le Maroc appliquait déjà bon nombre de principes de charia incompatibles avec les libertés individuelles. À titre de membre de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), le Maroc a ratifié la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en islam (1990). Cette déclaration a été élaborée en réaction à la Déclaration des droits de l’homme de 1948 qui reconnait notamment la liberté de conscience et le droit d’abandonner sa religion.
Les articles 24 et 25 de la Déclaration du Caire de 1990 stipulent que tous les droits et libertés qui y sont énoncés «sont soumis aux dispositions de la Charria» et que «la Charria est l’unique référence pour l’explication ou l’interprétation» de ses articles.
La traduction anglaise du manuel de charia Umdat al-Salik endossée par l’Université al-Azhar d’Égypte, par l’IIIT, le principal centre de recherche des Frères Musulmans en Occident, par Tariq Ramadan et par d’autres importants acteurs islamistes permet de comprendre les modalités de la société totalitaire que ces derniers cherchent à mettre en place.
Andrew C. McCarthy (National Review Online – 22 octobre 2011) : Faits saillants de l’Umdat al-Salik (Highlights of the Umdat al-Salik)
C’est en conformité avec les règles de la charia que Youssef Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans, promeut la conquête de l’Occident par les musulmans, qu’il encourage l’exécution des apostats de l’islam et des homosexuels (vidéo 5:27), qu’il justifie les attentats-suicide, qu’il encourage les mutilations génitales des jeunes filles, qu’il présente Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les juifs, etc.
Après la victoire de Benkirane en novembre 2011, Youssef Qaradawi fut l’un des premiers à le féliciter.
Quelques manchettes attestent du fait que déjà, dans le Maroc d’avant les Frères Musulmans, les droits individuels étaient violés par l’application de la charia :
EMarrakech (19 mai 2012) : L’Archevêque franciscain de Tanger dénonce les lois antichrétiennes du Maroc (via Observatoire de l’islamisation)
Référant à l’expulsion en 2009 et en 2010 de chrétiens étrangers accusés de faire du prosélytisme au Maroc, l’évêque indiqua que cela «nous a fait comprendre la fragilité de notre situation. (…) Il y a dans ce pays des lois anti-prosélytisme, que je considère comme injustes, car elles nous empêchent de manifester concrètement et publiquement ce à quoi nous croyons».
Slate Afrique (4 août 2011) : L’article 222 du Code pénal marocain prévoit une peine de prison pour les musulmans qui ne respectent pas le jeûne durant le Ramadan
Arrêt sur Images (2 novembre 2008) : Censure de L’Express pour un dossier «portant atteinte à l’islam»
Une édition de L’Express qui présentait une comparaison entre Jésus et Muhammad a été interdite au Maroc même après que toutes les images de Muhammad aient été éliminées de l’édition marocaine (via Observatoire de l’islamisation)
Ce niveau d’application de la charia ne suffisait pas aux Frères Musulmans. Dans une prière qu’on retrouve sur un de ses anciens DVD vendus par les Éditions Tawhid, Tariq Ramadan implorait Allah de «frapper les ennemis de la religion (l’islam)» au Maroc. Il visait le gouvernement de ce pays qui n’appliquait pas suffisamment la charia selon lui. Un long et patient travail de pénétration des institutions marocaines aura permis aux Frères Musulmans de s’imposer dans ce pays et dans d’autres lors du soi-disant «printemps arabe».
Dans un discours prononcé le 27 juillet 2011 à Dallas, Tariq Ramadan a enjoint ses partisans de l’Islamic Circle of North America (ICNA) à conquérir les États-Unis : «Ça devrait être nous, avec notre compréhension de l’islam, avec nos principes qui colonisons positivement les États-Unis d’Amérique.»
L’importante infrastructure que le Maroc maintient au Canada et à Montréal en particulier (mosquées, écoles de langues, journaux, etc.) est mise à contribution par les Frères Musulmans en contrôle à Rabat pour consolider leur position au sein de la communauté marocaine au Canada et l’encadrer pour qu’elle vive en marge de la société canadienne.
Dans ce contexte, les activités financées par le Maroc des Frères Musulmans au Canada devraient être soumises à une stricte politique de réciprocité. Si le prosélytisme des non-musulmans n’est pas toléré au Maroc par les autorités, aucun prosélytisme financé par le Maroc ne devrait être toléré au Canada. Les agents du gouvernement marocain opérant au Canada doivent être considérés pour ce qu’ils sont : une cinquième colonne qui vise à miner le Canada de l’intérieur.
Lors de l’inauguration en juin 2012 de la Maison du Maroc (Dar Al-Maghrib) financée entièrement par ce pays à Montréal, l’agence Médiamosaïque référa à Montréal comme à une «ville ‘satellite’ du Maroc» et à la communauté marocaine comme à la «colonie de Marocains au Canada». L’article rapporte que la nouvelle infrastructure est mieux équipée qu’une ambassade!
Un fait divers récent nous donne la pleine mesure de ce qui attend le Canada dans quelques années si l’islamisation du pays se poursuit. L’article 475 du Code pénal marocain permet à un homme coupable de viol sur une mineure d’échapper à sa peine en épousant sa victime. Mariée de force à son violeur, Amina Filali, une adolescente de 16 ans, s’est suicidée en mars 2012, rapporta L’Express. La seule femme du cabinet, une islamiste du parti de Benkirane, Bassama Hakkaoui, s’est opposée aux groupes de femmes qui demandait une abrogation de la loi en affirmant que «parfois le mariage de la violée à son violeur ne lui porte pas un réel préjudice».
Récemment, une Afghane a dû épouser son violeur pour sortir de prison après avoir été elle-même accusée d’adultère.
L’Express (2 décembre 2011) : Une Afghane va épouser son violeur pour sortir de prison
L’Express (15 mars 2012) : Maroc: une adolescente se suicide après avoir été contrainte d’épouser son violeur
L’Express (2 août 2012) : Maroc : Benkirane n’amuse plus le roi
En juin 2012, le site Yabiladi.com a rapporté l’histoire d’une autre Marocaine, âgée de 14 ans cette fois-ci, qui a été violée et dont les parents subissent des pressions de la part de la famille du violeur et du cadi (juge musulman) du quartier pour la marier afin de laver l’honneur de la famille et éviter la hchouma (honte). Voilà précisément le genre d’aberrations totalitaires contre lesquelles Djemila Benhabib tente de nous prévenir.
À Point de Bascule, bien que nous ayons parfois des réserves sur certaines des solutions proposées par Djemila Benhabib pour contrer la menace islamiste, nous avons le plus grand respect pour son courage et nous lui sommes reconnaissants de prendre les risques qu’elle prend pour mettre en garde la population. Quand des individus comme Abdelghani Dades s’en prennent à elle, ils doivent être dénoncés comme des agents d’une puissance étrangère contrôlée par les Frères Musulmans engagée dans l’islamisation du Canada.
Dans un mémorandum qui date de 1991, voici comment les Frères Musulmans décrivaient l’offensive dans laquelle ils sont engagés :
Les Frères Musulmans doivent comprendre leur travail d’implantation en Amérique comme une sorte de grand jihad visant à éliminer, à détruire de l’intérieur la civilisation occidentale et à saboter sa misérable demeure afin que la religion d’Allah soit victorieuse sur toutes les autres religions. (…) C’est la destinée du musulman que de mener le jihad peu importe où il se trouve et ce, jusqu’à son dernier souffle. (Présentation – Document original)
Ce mémorandum fut produit en preuve lors des procès de leaders de la Holy Land Foundation (HLF) qui se sont déroulés aux États-Unis en 2007 et 2008. À l’issue du procès de 2008, plusieurs leaders des Frères Musulmans furent condamnés à de lourdes peines de prison pour avoir participé au financement d’activités terroristes au Moyen-Orient à partir du territoire américain. (GMBDR)
Point de Bascule (11 novembre 2011) : Le projet de conquête islamique
Partie 3 – Dades soutient que la candidature de Benhabib à Hérouxville «exhale des relents nauséabonds»
Référant au fait que Djemila Benhabib se présente pour le PQ dans le comté qui comprend le village d’Hérouxville, Abdelghani Dades nous a donné toute la mesure de ses talents d’analyste politique quand il a évoqué les «relents nauséabonds» que lui inspirait cette candidature. «(O)n a le sentiment de fouiller dans les poubelles de la société», a-t-il ajouté.
Hérouxville c’est un village de la région de Trois-Rivières devenu célèbre en 2007 quand son conseil municipal adopta un code de vie qui indiquait aux potentiels candidats à l’immigration qu’ils n’étaient pas les bienvenus s’ils comptaient imposer la charia chez eux. Le document s’en prenait également à la politique officielle de multiculturalisme.
Après qu’Hérouxville ait rendu public son code de vie, le Canadian Islamic Congress (CIC), une organisation islamiste proche de l’Iran et des Frères Musulmans, avait encouragé quelques-unes de ses militantes à se rendre dans le village «pour éduquer les citoyens» sur l’islam. Le CIC avait également fait des démarches pour faire censurer le document du conseil municipal.
Mieux que les sempiternels discours sur le «vivre ensemble» et les baklavas que les militantes apportaient lorsqu’elles s’invitèrent à Hérouville en 2007, c’est leur conduite et leurs prises de position loin des caméras qui atteste de leurs véritables motivations.
À l’époque d’Hérouxville, la responsable de la délégation Najat Boughaba (alias Mustapha) militait au sein du Canadian Islamic Congress (CIC). Tel que rapporté par Brian Myles du Devoir lorsque Boughaba se présenta pour Vision-Montréal en 2009, le président de son organisation a déclaré en 2004 que «tout Israélien âgé de plus de 18 ans peut légitimement être attaqué».
En 2007, Samira Laouni, également de la délégation, fut impliquée dans l’organisation d’une conférence de l’islamiste Yvonne Ridley à Montréal. Ridley soutient que le cerveau derrière l’opération terroriste de 2004 qui mena au massacre de centaines d’enfants en Tchétchénie est un shahid (martyr) qui alla au paradis après avoir été tué. Ridley incite également les musulmans vivant en Grande-Bretagne à ne pas collaborer avec la police locale.
Quelques semaines avant la visite à Hérouxville, le chaperon de la délégation, Haydar Moussa, avait publié un poème dans lequel il décrivait les non-musulmanes comme des putes alcooliques («saoules d’un mâle à l’autre»).
Le 19 mai 2011, Mouna Diab, un autre membre de la délégation, a été arrêtée et accusée d’exportation de matériel militaire vers l’organisation terroriste Hezbollah.
Le 27 mai 2011, malgré que tous ces faits aient été connus, Gérard Bouchard, le président de la Commission à laquelle les gens d’Hérouxville réagissaient en 2007, a décrit les membres de la délégation comme «des citoyens impeccables» dans une interview accordée à René Homier-Roy de Radio-Canada (C’est bien meilleur le matin – audio 04:10).
Plutôt que d’essayer de comprendre les éléments du programme islamiste qui motivent ces militants, Gérard Bouchard a choisi la fuite en avant vers l’utopie multiculturaliste. Quant à Dades, il en est réduit à répéter le mot islamophobie.
Mouna Diab – Le Nouvelliste (25 novembre 2011)
Samira Laouni et des citoyens d’Hérouxville – Reuters (11 février 2007)
Najat Boughaba et le conseiller municipal André Drouin – The Gazette (12 février 2007)
Partie 4 – Abdelghani Dades «ramène dans ses bagages» les enseignements d’un islamiste qui prône le jihad offensif contre les infidèles et qui compare les Noirs à des «bêtes féroces»
En 2010, Abdelghani Dades a présenté dans son journal un texte sur Ibn Khaldoun qu’il qualifia de «savant maghrébin intemporel». Dades indiqua son appui aux idées d’Ibn Khaldoun en écrivant qu’il «ramène ses enseignements dans ses bagages».
Ibn Khaldoun (1332-1406) est un exégète musulman endossé par l’International Institute of islamic Thought (IIIT), le principal centre de recherche des Frères Musulmans en Amérique du Nord, et par d’autres leaders islamistes. Ibn Khaldoun est surtout connu pour ses Prolégomènes (Paris, Imprimerie impériale, 1863) disponible sur Google Livres (Partie 1 – Partie 2 – Partie 3).
Dans ses Prolégomènes, Ibn Khaldoun présente la justification théologique du projet de conquête de l’islam. Dans la version française du texte qui date du XIXe siècle, le traducteur utilise le terme islamisme avec le sens qu’on donne aujourd’hui au terme islam :
Dans l’islamisme, la guerre contre les infidèles est d’obligation divine, parce que cette religion s’adresse à tous les hommes et qu’ils doivent l’embrasser de bon gré ou de force. On a donc établi chez les musulmans la souveraineté spirituelle et la souveraineté temporelle, afin que ces deux pouvoirs s’emploient simultanément dans ce double but. Les autres religions ne s’adressent pas à la totalité des hommes; aussi n’imposent-elles pas le devoir de faire la guerre aux infidèles; elles permettent seulement de combattre pour (leur) propre défense. Pour cette raison, les chefs de ces religions ne s’occupent en rien de l’administration politique.» (Partie 1 – p. 469 Google Livres)
Voici comment Ibn Khaldoun définit le programme des califes qui succédèrent à Muhammad :
On avait besoin d’un chef pour défendre l’empire, combattre les infidèles, empêcher les apostasies et conquérir des royaumes. (Partie 1 – p. 432 Google Livres)
C’est un programme de jihad en tous points comparable à celui qu’exposa plusieurs siècles plus tard le fondateur des Frères Musulmans, Hassan al-Banna (1906-1949), dans son classique Jihad. Voilà pourquoi son émule et petit-fils Tariq Ramadan qualifie de «décisif» l’apport d’Ibn Khaldoun dans son livre What I believe (pp. 83-84).
Ibn Khaldoun poursuit en décrivant le programme que menèrent les deux premiers successeurs de Muhammad :
Abou Bekr remplit ses devoirs sans s’écarter des usages de son maître (Muhammad); il combattit les tribus qui avaient apostasié et finit par rallier tous les Arabes à l’islamisme. Omar, à qui il transmit le khalifat, se conduisit comme lui; il fit la guerre aux autres peuples, les subjugua et autorisa les Arabes à dépouiller les vaincus. (Partie 1 – p. 414 Google Livres)
Jihad, pillage et subjugation. Les bagages qu’Abdelghani Dades a ramenés avec lui du Maroc sont décidément bien lourds.
Ibn Khaldoun était également un fervent promoteur de l’esclavage qu’il défendait en plaidant l’infériorité des Noirs.
La plupart des nègres s’habituent facilement à la servitude; mais cette disposition résulte, ainsi que nous l’avons dit ailleurs, d’une infériorité d’organisation qui les rapproche des animaux brutes (sic). (Partie 1 – p. 309 Google Livres)
Ailleurs, Ibn Khaldoun a écrit des Noirs qu’ils étaient «semblables à des bêtes féroces» (Partie 1 – p. 169 Google Livres).
Lors d’une présentation de son livre Le génocide voilé à la télévision française (vidéo 5:26), l’historien Tidiane N’Diaye évoqua l’appui d’Ibn Khaldoun à l’esclavage arabo-musulman pratiqué durant quatorze siècles.
En 2007, Abdelghani Dades s’est opposé au versement d’une subvention gouvernementale qui favorisait l’entrepreneuriat chez les communautés noires (Le Devoir, 26 juillet 2007, p. A3). Est-il présomptueux d’établir un rapport entre les livres d’Ibn Khaldoun que Dades traîne dans ses bagages et sa position contre les subventions aux Noirs?
En 2008, Dades a déclaré que le taux de chômage affectant la population d’origine maghrébine au Québec entraînera «un affaiblissement de (sa) volonté d’adhésion aux valeurs du pays» (Le Devoir, 27 mars 2008, p. A3). Du chantage pur et simple comme les islamistes et leurs compagnons de route savent si bien le faire. Et si les écarts importants entre les taux de chômage qui affectent les différentes communautés immigrantes étaient en relation avec le genre d’idées que leurs membres respectifs «ramènent dans leurs bagages»?
Partie 5 – Abdelghani Dades s’était déjà porté à la défense des Frères Musulmans dans l’affaire Dar al-Iman
Avant même que les Frères Musulmans ne prennent le pouvoir au Maroc, Abdelghani Dades s’était porté à leur défense en 2010 lorsque la députée Monique Richard critiqua la décision du gouvernement québécois de financer l’École Dar al-Iman affiliée à la Muslim Association of Canada (MAC), elle-même une partie intégrante du réseau international des Frères Musulmans.
C’est un article de Vincent Larouche paru dans Rue Frontenac (Archives PdeB) le 25 novembre 2010 qui avait incité la députée Richard à critiquer la subvention annuelle de 555 500$ accordée à Dar al-Iman. Le 3 décembre 2010, la députée rappela à l’Assemblée nationale que la MAC promeut une idéologie opposée à la civilisation occidentale et que «l’essentiel de leur philosophie est antisémite, anti-gais et anti-femmes.»
À l’époque, la ministre de l’Éducation Line Beauchamp avait répondu en niant les liens de Dar al-Iman avec la MAC. La ministre avait évidemment tort puisque l’École Dar al-Iman reconnait elle-même son affiliation à la MAC sur son site internet. D’autres liens entre la MAC et Dar al-Iman ont été explicités dans un dossier publié par Point de Bascule peu après que le journal Rue Frontenac ait été intimidé par Dar al-Iman avec une poursuite en diffamation.
Point de Bascule (27 juin 2011) : École Dar al-Iman c. Rue Frontenac : le contexte de la poursuite en diffamation
Débat entre la députée Monique Richard et la ministre de l’Éducation Line Beauchamp
3 décembre 2010 – Journal des débats / Vidéo 15:19
4 décembre 2010 – Journal des débats / Vidéo 7:54
Dans l’édition du 9 décembre 2010 de son journal Atlas.Mtl, Abelghani Dades avait réagi en qualifiant le discours de Monique Richard à l’Assemblée nationale de «tout ce qu’il y a de raciste, sans honte, sans gêne, suintant l’islamophobie la plus crasse, parsemé d’insinuations graves». Comme si l’alignement d’épithètes constituait une réfutation des affirmations de la députée Richard.
Point de Bascule (15 décembre 2010) : Atlas Média, journal de la diaspora marocaine à Montréal, se met au service des Frères Musulmans
Point de Bascule (17 décembre 2010) : Abdelghani Dades défend-il les Frères Musulmans au nom du gouvernement marocain?
Plusieurs nouveaux faits concernant l’École Dar al-Iman ont été révélés par Point de Bascule après l’éditorial de Dades en décembre 2010. En voici trois :
IRFAN-Canada, vers lequel le directeur de Dar al-Iman a transféré des centaines de milliers de dollars, a vu son statut d’organisme de bienfaisance révoqué pour avoir financé le terrorisme
Tout en dirigeant l’École Dar al-Iman, Lazhar Aissaoui a siégé sur le CA de la Muslim Association of Canada de 2002 jusqu’au début de 2011. À titre de directeur puis de trésorier de la MAC, Aissaoui a transféré des centaines de milliers de dollars vers IRFAN-Canada, le collecteur de fonds du Hamas au Canada. Quelques mois après que Vincent Larouche ait évoqué ces transferts de fonds de la MAC vers IRFAN-Canada dans un deuxième article de Rue Frontenac, l’Agence du revenu du Canada (ARC) révoquait le statut d’organisme de bienfaisance d’IRFAN après avoir conclu qu’il finançait le terrorisme. Uniquement pour la période 2005-2009, IRFAN a transféré 14,6 millions $ vers le Hamas, selon l’évaluation des comptables de l’ARC. Le Hamas figure sur la liste des organisations terroristes identifiées par le gouvernement du Canada. En plus de mener des activités terroristes visant l’élimination de l’État d’Israël, le Hamas travaille à implanter la charia hors du territoire qu’il contrôle.
Chloé Fedio (Toronto Star – 15 avril 2011) : Des vérificateurs comptables concluent qu’un organisme de bienfaisance a financé le terrorisme (Former charity funded terror group: Federal audit)
Une organisation basée en Arabie saoudite a financé simultanément une entité associée à al-Qaïda et l’École Dar al-Iman
Le 11 février 2012, l’Agence du revenu du Canada a révoqué le statut d’organisme de bienfaisance de WAMY-Canada, une autre organisation associée aux Frères Musulmans. WAMY-Canada est une filiale de la World Assembly of Muslim Youth basée en Arabie saoudite. Les analystes de l’ARC ont conclu à la complète intégration de WAMY et de sa filiale canadienne. L’ARC a révoqué le statut de WAMY-Canada après avoir constaté que l’organisation avait transféré des fonds vers Benevolence International Fund (BIF), une entité associée à al-Qaïda. En consultant les rapports financiers de WAMY-Canada sur le site de l’Agence du revenu du Canada, on constate qu’en 2001, WAMY transféra des fonds non seulement vers BIF mais vers l’Institut Dar al-Iman.
Point de Bascule (8 mars 2012) : L’école Dar al-Iman et la MAC ont reçu des fonds d’une organisation islamiste liée à Al-Qaïda dont le statut d’œuvre de bienfaisance vient d’être révoqué
L’ambassade saoudienne au Canada invita les musulmans intéressés à se rendre à La Mecque à faxer Dar al-Iman pour contacter l’agence de voyages de la MAC
En janvier 2011, Point de Bascule a révélé que l’ambassade d’Arabie saoudite à Ottawa incitait les musulmans de la région de Montréal désireux de participer au pèlerinage traditionnel (hajj) à La Mecque à contacter l’agence de voyages de la Muslim Association of Canada (MAC) en faxant le secrétariat de l’école Dar al-Iman au (514) 334-1751. Cette école affiliée à la MAC reçoit plus d’un demi-million de dollars en subventions du gouvernement du Québec annuellement. L’ampleur des services fournis par Dar al-Iman à la MAC reste à déterminer.
Des règlements fédéraux interdisent aux organismes de bienfaisance comme l’école Dar al-Iman de dépenser des fonds pour des activités commerciales dont ils ne sont pas directement bénéficiaires.
Jesse McLean (Toronto Star – 20 janvier 2011) : Un organisme de bienfaisance musulman a dilapidé l’argent destiné aux pauvres (Muslim charity squandered money for poor)
Après que Point de Bascule ait fait état de cette autre preuve de subordination de l’école Dar al-Iman aux priorités commerciales et idéologiques de la MAC, l’ambassade saoudienne a fait disparaître les pages originales de son site internet pour tenter de cacher la situation. L’invitation à contacter l’agence de voyages de la MAC via l’école Dar al-Iman a été archivée sur PdeB. On peut la retrouver dans l’article intitulé Les Saoudiens tentent de faire oublier les liens de l’école Dar al-Iman avec l’agence de voyages de la MAC.
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Partie 6 – Crier à l’islamophobie pour éviter de répondre aux arguments des opposants de l’islam radical
En 2010, un ancien activiste des Frères Musulmans, Abdur-Rahman Muhammad, révéla que le concept d’islamophobie a été élaboré par l’International Institute of Islamic Thought, un important centre de recherche des Frères Musulmans basé en Virginie. Le concept a été introduit pour faire taire les critiques de l’islam radical. Une fois que la notion d’islamophobie est intégrée à la législation, la vérité cesse d’être un moyen de défense puisqu’elle amène les juges à se demander si les sentiments de certains musulmans ont été blessés au lieu de se demander si les affirmations faites par les critiques de l’islam radical sont fondées.
Ceux qui, à l’instar d’Abdelghani Dades, qualifient Djemila Benhabib et d’autres critiques de l’islam radical d’islamophobes se croient dispensés d’avoir à réfuter les points qu’amènent leurs adversaires.
L’inquiétude face aux visées des islamistes n’est pas limitée aux non-musulmans. Même si on les souhaiterait plus nombreuses, des personnalités musulmanes se manifestent contre l’islam radical malgré les risques importants qu’elles encourent.
Tahar Ben Jelloun, écrivain d’origine marocaine et prix Goncourt 1987, est l’un de ces musulmans courageux qui est intervenu après la prise du pouvoir par les islamistes au Moyen-Orient lors du soi-disant «printemps arabe». Voici un extrait de sa mise en garde parue dans Le Monde du 5 décembre 2011 :
Il est une expression vide de sens et surtout qui trompe son monde : «islamistes modérés». Un religieux qui investit le champ politique n’a que faire de la modération.
(…) Les islamistes de par le monde ne connaissent que le versant extrême même s’ils tiennent un discours rassurant.
(…) L’islamisme politique se caractérise en général par une action directe sur le mode de vie des gens.
Cela commence par quelques prêches moralisants et finit par des décrets et des lois (fatwas) qui gouvernent la vie quotidienne des citoyens. Il empêche de penser ou mieux pense à la place des citoyens. A quoi bon penser, douter, débattre puisque tout est écrit d’avance.
(…) On a même entendu un candidat du Parti de la justice et du développement (PJD – le parti des Frères Musulmans et du nouveau premier ministre Benkirane) promettre un «coin de paradis» à ceux qui auront voté pour lui. Le pire est que ça marche ! Allez concurrencer cette démagogie imbécile mais efficace !
L’islamisme marocain a été fabriqué depuis longtemps. On peut dater son émergence avec la politique irresponsable d’arabisation de l’enseignement dans le sens d’un monolinguisme où tout a été confié à la pensée islamique. Je me souviens en 1971 avoir quitté mon poste de professeur de philosophie le jour où le ministère de l’Intérieur décida d’arabiser cet enseignement dans le but non avoué de limiter l’accès des élèves marocains aux textes jugés subversifs de la philosophie qui s’enseignait à l’époque en français.
On a remplacé les textes de Nietzsche, de Freud, de Marx, de Weber et bien d’autres par l’histoire de la pensée islamique, laquelle était enseignée parmi d’autres courants.
L’arabisation ratée de l’éducation nationale a été doublée par le recours à l’enseignement privé bilingue et ouvert sur d’autres cultures. Tous les responsables de cette politique n’ont pas ménagé leurs efforts pour inscrire leurs enfants dans les lycées de la Mission française ! Les diplômés francophones (en fait bilingues) trouvaient plus facilement du travail que ceux qui ne maîtrisaient que l’arabe.
Un fossé sociologique s’est creusé entre ces deux clans. Les islamistes vont recruter dans le milieu arabophone, frustré et marginalisé par le pouvoir.
Il n’y a pas que cet aspect qui a fait émerger l’islam politique au Maroc. La révolution iranienne, le travail de propagande des Frères musulmans, l’importance des chaînes satellitaires des pays du Golfe qui sont de véritables postes de prosélytisme, vont travailler l’imaginaire des Marocains enclins à entendre un discours qui les rassure d’autant plus que les autres partis ont montré leur incompétence ou leur naïveté.
En 2003, Ben Jelloun résuma ainsi, dans le Die Zeit allemand, le programme des Frères Musulmans après les attentats terroristes de 2003 à Casablanca (Maroc) :
Les dirigeants des mouvements islamistes, misent plus sur les classes moyennes que sur ces ceintures noires qui entourent des villes comme Casablanca, Tanger, Fès ou Salé. La tendance Salafiste, celle qui prépare l’endoctrinement des jeunes est dirigée par des intellectuels qui ont fait des études de théologie à l’université wahabiste de Mohamed Assaoud basée à Ryad. Une filiale de cette université se trouve à Nouakchot, en Mauritanie. Le wahabisme, du nom d’un religieux saoudien qui a vécu au milieu du XVIIIème siècle, est une interprétation rigoriste de l’islam qui refuse la modernité, le dialogue des religions, l’ouverture sur les autres civilisations et cultures. Ce fut d’après ses textes qu’un instituteur égyptien, Hassan Al Banna (1906-1949) a créé en 1928 le mouvement des Frères musulmans.
Point de Bascule (13 décembre 2011) : Deux points de vue opposés sur la percée des Frères Musulmans au Maroc
La députée libérale Fatima Houda-Pepin, également d’origine marocaine, est allée dans le même sens à l’Assemblée nationale du Québec en octobre 2011 après la venue au pouvoir des Frères Musulmans en Tunisie et juste avant les élections marocaines :
Les islamistes savent que les démocrates du monde sont inquiets. Ils nous font croire que leur régime islamiste serait modéré. Or, il n’en est rien, car le fondement même de la charia est d’être antidémocratique, puisque les lois et les règlements sont imposés au nom d’une certaine idée de Dieu, une idée immuable qui ne peut être changée par la volonté humaine. (Journal des Débats – Vidéo 00:40)
Point de Bascule (24 septembre 2010) : En marge des remarques de Fatima Houda-Pepin sur la menace islamiste en Libye et en Tunisie
En 2007, les Frères Musulmans ont mené toute une campagne contre l’élection de Fatima Houda-Pepin après qu’elle se soit opposée à l’introduction des tribunaux islamiques au Canada. À l’époque, des imams de la rive-sud de Montréal avaient notamment prononcé des discours dans les mosquées contrôlées par les Frères Musulmans pour dire aux musulmans de ne pas voter pour elle. Un récent profil du Forum musulman canadien aborde ces événements.
Point de Bascule (24 septembre 2010) : L’opposition à Hassan Al-Banna et aux Frères Musulmans ne constitue pas une forme de racisme
Partie 7 – Informations sur le Groupe AtlasMedias
Le Groupe AtlasMedias (en un mot) compte au moins deux dossiers au registre des entreprises du Québec (2260986767 actif / 2261537395 radié en 2006). Seul le e du nom (accentué dans un cas et pas dans l’autre) distingue les noms des deux entités.
Rachid Najahi est identifié comme le responsable de l’entreprise active (NEQ 2260986767). On retrouve une mention de Najahi sur le site CanLII lorsqu’il fut condamné à payer un auteur dont il avait reproduit un article sans autorisation.
Le dossier de l’entreprise radiée identifie Abdelrhani Dadas et avant cela Abdelrhani Dades comme responsable d’AtlasMédias. Il s’agit de variantes du nom Abdelghani Dades. Dans son autobiographie publiée à la partie 8, Dades indique avoir fondé le Groupe AtlasMédias en décembre 2002.
Selon leur dossier disponible sur le site du registraire, les deux entreprises ont eu recours à diverses appellations dans le passé.
Partie 8 – Trois biographies d’Abdelghani Dades
http://www.ccme.org.ma/fr/Le-Conseil/Biographies/abdelghani-dades.html
http://web.archive.org/web/20100619082939/http://www.telquel-online.com/208/maroc9_208.shtml