AVERTISSEMENT
Point de Bascule n’endosse pas le contenu de ce document. Il est archivé sur ce site uniquement à des fins de référence.
WARNING
Point de Bascule does not endorse the content of this document. It is archived on this website strictly for reference purposes.
Un colloque sur la discrimination à l’embauche organisé par Samira Laouni
Adresse originale : http://sadaalmashrek.ca/index.php
Auteur : Jad Zibara
Référence : Sada Almashrek, 16 avril 2013, pp. 18 et 20
La reproduction de l’article original est disponible sur Point de Bascule.
Transcription du texte : http://mincanada.com/samira-laouni-et-son-combat-contre-la-discrimination/
Titre original : Samira Laouni et son combat contre la discrimination
À l’occasion du colloque sur la discrimination à l’embauche qui a été organisé par docteure Samira Laouni présidente de l’organisme COR et M. Frantz Voltaire président de CIDIHCA,
Le Journal Sada Almashrek a eu cette interview avec elle:
-Docteure Samira Laouni, Pouvez-vous vous présenter aux lecteurs du journal Sada Almashrek et nous parler de votre association que vous présidez?
Samira Laouni, diplômée troisième cycle de la Sorbonne Paris-1 en Marketing et Commerce International.
En 2009, j’ai fondé l’organisme de Communication pour l’Ouverture et le Rapprochement Interculturel. Actuellement j’en suis la présidente.
– Quelles sont les formes de discrimination pratiquées contre les Arabes?
En réalité, il existe plusieurs types de discrimination envers les arabes. Nous pouvons en citer quelques uns comme :
Le nom à consonnassion arabe Khadija, Fatima, Mohamed, etc.
La couleur de la peau (peau matte, peau brune, cheveux noirs etc.)
L’amalgame fait par la plus part des québécois que tous les arabes sont des musulmans (l’affaire de la journaliste EL KOURI de la Presse)
La crainte d’un gros volume de demande d’accommodements religieux, etc.
– Pourquoi cette discrimination?
Durant ces dix dernières années, nous avons constaté une arrivée massive d’immigrants du bassin méditerranéen francophones mais principalement du Maghreb, donc arabo-musulmans. Les québécois connaissent peu ou pas du tout cette zone du monde. Nous savons aussi (documentation à l’appui) que l’être humain craint toujours l’autre qu’il ne connait pas alors c’est de ça que proviennent ces discriminations. Sans oublier l’internationalisation de l’information et la sur médiatisation des cas anecdotiques du monde arabo-musulman. Une dernière chose c’est la montée incroyable de l’Islamophobie mondiale après le 11 septembre 2001.
– Est-il limité aux Arabes?
Non, cette discrimination touche aussi les latinos (Colombie, Mexique, etc.), les africains (noirs), les asiatiques (Corée, Philippines, etc.), les habitants de l’ancienne Russie, les autochtones et j’en passe.
– Quelles sont les démarches que vous avez prises dans ce domaine?
Nous avons entrepris plusieurs démarches quant à cette problématique. C’est d’abord la reconnaissance de l’existence de la discrimination dite intersectionnelle. Cette terminologie n’existait pas avant 2008. Nous l’avons abordée avec plusieurs intervenantes du secteur universitaire et aussi communautaire et nous sommes parvenues à l’expliquer par la multiplication des discriminations vis à vis d’une même personne. Exemple : Une femme portant le foulard, noire et handicapée.
– Avez-vous réussi?
Oui, nous avons réussi à la mettre à l’ordre du jour dans le cadre des États Généraux sur le féminisme du Québec qui ont débuté il y déjà deux ans. J’étais même responsable du comité sur les discriminations intersectionnelles.
– Est-ce que les lois punissent ceux qui commettent des discriminations à l’égard des immigrants?
Tout à fait, il y a des lois et règlements qui interdissent la discrimination sous toutes ses formes. Faut-il encore être bien au courant de ses droits et de ses moyens d’agir pour pouvoir porter plainte et mettre au jour les personnes racistes ou qui utilisent des formes de discrimination.
– Qu’est-ce qu’ils peuvent faire ceux qui sont victimes de discrimination?
La personne victime de discrimination doit en un premier temps documenter l’incident ou la situation de discrimination. De préférence, elle doit se trouver un témoin. Ensuite, elle peut porter plainte auprès de la commission des droits de la personnes ou encore auprès de la commission de la jeunesse et des droits de la personne. Elle peut aussi s’adresser aux organismes communautaires comme «clinique juridique» pour demander l’aide nécessaire. Le problème, c’est que la majorité des personnes victimes de la discrimination ne sont pas assez sensibilisées et ne connaissent pas bien leurs droits en matière en plus de provenir de pays dictatoriaux alors elles n’ont pas l’habitude de jouir de leurs droits fondamentaux.
– En général, quel est le rôle des immigrés?
Le rôle des immigrants de façon général est de s’approprier leurs droits mais aussi d’observer leurs obligations. Il faut qu’ils et qu’elles oublient d’où ils/elles viennent pas dans le sens de renier leurs origines mais d’en couper le cordon ombilicale.
– Est-ce que la communauté joue son rôle dans ce domaine?
Malheureusement, plusieurs d’entre nous arrivons avec des traumatismes de nos pays d’origines (guerre, dictature, injustice, pression sociale, pression économique, etc.) mais nous n’en faisons pas le deuil pour commencer une toute nouvelle vie ici au Canada/Québec avec des valeurs de démocratie (même si elle n’est pas du tout parfaite ici aussi mais meilleure que chez nous), de droit, d’égalité et d’équité. Nous restons enfermés sur nous même ou au mieux en petits groupes communautaires et nous nous n’ouvrons pas aux québécois pour leur expliquer ce que nous sommes réellement. En plus nous ne prenons pas part aux débats de société (comme lors de notre colloque du 22 mars. Combien de personnes de notre communauté étaient présentes? 3% au plus).
– A Votre avis, c’est quoi la meilleure façon pour s’intégrer dans la société canadienne?
Notre devoir est de s’intégrer car se verbe ne peut pas se faire d’un seul bord. Il a besoin de deux parties pour se réaliser. S’intégrer ne veut absolument pas dire s’assimiler. Je veux dire par là que notre devoir est de participer activement aux débats de notre société québécoise, d’y prendre part, d’y prononcer nos doléances et voir même nos propositions de solutions. En d’autres termes nous devons être des citoyens à part entière et nous ne devons surtout pas attendre que quelqu’un d’autre nous autorise cette citoyenneté. Nous sommes tous et tous des citoyens québécois et canadiens.
– Est-ce que vous avez peur de fondre dans la nouvelle société? S’agit-il de réelles inquiétudes chez certains immigrants?
Nous devons surtout arrêter de nous positionner en victime. Personne ne viendra nous tirer de chez nous pour sortir et dire notre mot et des fois taper du point sur la table. Jamais rien n’est arrivé pour rien. Il faut mériter les choses et donc il faut aller chercher les solutions là où elles sont et si elles n’y sont pas alors il faut que nous et eux les mettions en place. C’est notre devoir absolu. Une seule main ne peut pas applaudir il en faut deux.
– La conférence qui s’est tenue la semaine dernière qui avait le titre: «Contrer la discrimination à l’embauche», Quelles étaient ses objectives et comment évaluez-vous les résultats?
Je ne crains absolument pas l’assimilation c’est contre cela que je milite. Par ailleurs, je me considère une citoyenne à part entière, je jouis de l’ensemble de mes droits et j’observe l’ensemble de mes obligations. Je suis dans pratiquement tous les débats de ma société. Je ne laisse pas les autres décider pour moi car j’ai ma façon de voir les choses et mon mot à dire dans toutes les circonstances. Donc pourquoi serai-je assimilée?
– Est-que les politiciens prennent en considération l’importance de la question de discrimination et si leur travail est au niveau nécessaire pour mettre un terme à ce phénomène?
Les objectifs du colloque «Contrer la discrimination à l’embauche» étaient à deux niveaux, d’abord ramener le débat sur la place publique car lors de la sortie du rapport de M. Paul Eid, les médias étaient surtout occupés avec le Printemps Érable. Le second objectif était de sensibiliser la classe politique (tous les paliers : municipale, provinciale et fédérale), les syndicats et voir les «solutions miracles» de certaines entreprises privées qui parviennent à avoir une main d’œuvre très diversifiée (Pharmacienne et CGI). Malheureusement, ces dernières, pour des raisons différentes (de décès subitement du frère de notre invité, de restructuration de dernière minute) n’ont pas pu nous livrer leurs recettes miracles de réussite.
Nous considérons par ailleurs que notre colloque a été un succès extraordinaire car nous avons eu plus de 200 personnes qui se sont présentées au cours de la journée.
L’échange avec les panélistes s’est très bien déroulé le long de la journée et les invités sont revenus l’après midi malgré que n’ayons pas pu leur offrir un lunch sur place faute de moyens financiers.
– Est-ce que les partis politiques au Québec travaillent à mettre un terme au phénomène de la discrimination?
Je pense définitivement que nous avons mis la table pour relancer ce débat. N’oublions pas que nous sommes dans une période électoraliste (provinciale et municipale) et que les représentations doivent se faire maintenant et non pas après. Lors du colloque, l’ensemble de la classe politique a pris connaissance de nos doléances. Ils ont essayé de proposer quelques pistes de solutions mais nous nous sommes donnés rendez-vous pour une table élargie de discussion plus approfondie sur cette thématique avec la présence, en plus, des intervenantEs sociocommunautaires, des chercheurs universitaires (pour avoir les preuves à l’appui), des jeunes (deuxième génération) et des victimes de discrimination à l’embauche.
– Avez-vous réussi?
La classe politique est très consciente de cette discrimination. Cependant, les solutions ne sont pas faciles et surtout pas miraculeuses. C’est un travail de longue haleine qui nécessite la participation de toutes et tous à l’édification d’une politique à long terme pour éradiquer la discrimination à l’embauche.
Pour clore cette entrevue, je vous remercie pour votre temps et votre mobilisation. Mes remerciements au journal Sadaalmashrek et à son président en la personne de M. Hussein Hobballah.
Surveiller nos annonces sur notre site web www.corapprochement.com pour venir nous appuyer lors de cette table élargie au même sujet. C’est un rendez-vous in chaa allah.