Une douzaine d’intellectuels défenseurs de la liberté d’expression ont signé une lettre pour s’opposer à un projet de censure qui sera discuté lors de la Conférence sur les religions du monde de Montréal.
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Point de Bascule présente la traduction française d’une lettre signée par une douzaine d’intellectuels pour s’opposer à un projet de censure qui sera discuté lors de la Conférence sur les religions du monde de Montréal.
Un appel à l’Université McGill et à l’Université de Montréal pour qu’elles appuient la liberté d’expression
Le 7 septembre 2011 se déroulera à Montréal la Deuxième conférence mondiale sur les religions du monde après le 11 septembre 2001sous l’égide de l’Université McGill et de l’Université de Montréal. Le Dalaï Lama présidera l’ouverture de la conférence et plusieurs autres personnalités ont confirmé leur présence.
Dans un communiqué émis au début mai, le comité organisateur de l’événement a indiqué que la question suivante serait soumise aux participants :
Est-ce que la violation des écritures d’une religion devrait être considérée comme étant équivalente à la violation des écritures de toutes les religions?
La version originale anglaise du communiqué est toujours disponible sur le site du Council for a Parliament of the World’s Religions.
Avant même que la rencontre de Montréal n’ait eut lieu, le comité organisateur de l’événement a publié sur son site une Déclaration universelle des droits de la personne par les religions du monde qui répond à la question énoncée ci-haut. Cette Déclaration sera au cœur des discussions qu’auront les participants à la conférence de Montréal selon le programme de l’événement.
Article 12.4 Chacun a le droit que sa religion ne soit pas dénigrée dans les médias ou dans les maisons d’enseignement.
Article 12.5 Il est du devoir de l’adepte de chaque religion de s’assurer qu’aucune religion n’est dénigrée dans les médias ou dans les maisons d’enseignement.
Si ce principe devait être adopté et codifié sous forme de loi, cela ouvrirait la porte à d’innombrables poursuites judicaires pour blasphème et autres motifs car il suffirait d’affirmer qu’une critique de la religion constitue un dénigrement pour poursuivre en justice. En fait, cette Déclaration absout à l’avance toutes les religions de quelque critique que ce soit.
Ces mesures s’inscrivent dans la même veine que ce que promeut depuis plusieurs années l’Organisation de la coopération islamique (OCI). L’OCI regroupe 56 pays musulmans et elle exerce des pressions aux Nations-Unies et dans d’autres forums internationaux pour que même les citoyens de pays non-musulmans soient poursuivis pour blasphème s’ils critiquent l’islam. L’article 22a de la Déclaration sur les droits de l’homme en Islam de l’OCI stipule que : « Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria ».
Si les principes qu’on retrouve dans la Déclaration qui sera discutée à Montréal devaient être incorporés à des lois, cela rendrait risqué de critiquer même les châtiments imposés à ceux qui abandonnent leur religion car les châtiments contre l’apostasie font partie de règles endossées par de nombreuses autorités de l’islam (1). La même chose peut être dite de la règle de charia qui veut qu’un parent qui tue son enfant ne soit passible d’aucune peine criminelle, ce qui constitue un endossement du crime d’honneur (2).
Les principes promus par la Déclaration sont complètement incompatibles avec les droits de l’homme et les idéaux que des universités devraient cautionner dans une société libre et démocratique.
Comme l’indiquait en juillet 2011 le Haut Commissariat des Nations Unies sur les droits de l’homme : « La liberté d’expression est une condition nécessaire pour que puissent se réaliser les principes de transparence et de responsabilité qui sont eux-mêmes essentiels à la promotion et à la protection des droits de l’homme ». (Document complet )
Dans les circonstances, nous les soussignés, enjoignons les autorités de l’Université McGill et de l’Université de Montréal à appuyer la liberté d’expression en se dissociant publiquement de la censure vers laquelle mène la Déclaration universelle des droits de la personne par les religions du monde.
(1) Section o8.1-2, Umdat al-Salik (Reliance of the Traveller), Beltsville (MD), Amana Publications, 1994
(2) Section o1.2.4, Umdat al-Salik (Reliance of the Traveller)
Sonja Eggerickx Président – International Humanist and Ethical Union
Roy Brown Représentant à l’ONU – Humanist and Ethical Union (Genève)
Tarek Fatah Écrivain
Tahir Aslam Gora Secrétaire-général – Muslim Canadian Congress
AC Grayling Philosophe
Farzana Hassan Écrivaine
Zuhdi Jasser Président – American Islamic Forum for Democracy
Salim Mansur Professeur agrégé en Science politique – University of Western Ontario
PZ Myers Homme de science
Taslima Nasrin Écrivaine
Raheel Raza Écrivaine impliquée dans le dialogue interreligieux
Soheil Raza Directeur – Forum for Learning
Terry Sanderson Président – UK National Secular Society
Ibn Warraq Écrivain