HISTORIA TV Présentation générale de la série sur l’espionnage soviétique au Canada / Archive.Today
Pour protéger sa sécurité et celle de sa famille, Igor Gouzenko (à gauche) a caché son visage lors de sa comparution devant la Commission Kellock-Taschereau qui enquêta sur l’infiltration soviétique / communiste au Canada en 1946. L’année précédente, Gouzenko, alors responsable de l’encodage à l’ambassade soviétique à Ottawa avait quitté l’ambassade en emportant avec lui une centaine de documents qui prouvaient que l’URSS avait mis en place un réseau d’agents au Canada. Leur mission consistait notamment à subtiliser des informations stratégiques, militaires et scientifiques de sources canadiennes pour les transmettre à l’URSS.
À droite, la couverture du rapport de la Commission Kellock-Taschereau consacrée à l’infiltration soviétique au Canada.
Table des matières
MISE AU POINT – Notre accueil favorable à la série télévisée sur l’espionnage au Canada conçue par Michel Juneau-Katsuya ne constitue pas pour autant un retrait des critiques que nous lui avons adressées pour avoir endossé une brochure islamiste rejetée par la GRC
PARTIE 1 – Les épisodes de la série d’Historia (vidéos)
PARTIE 2 – Un parallèle entre la pénétration soviétique / communiste de la Guerre froide et la pénétration islamiste contemporaine
PARTIE 3 – Des gouvernements occidentaux inquiets de la divulgation des noms de ses ministres et de ses fonctionnaires sous influence soviétique
PARTIE 4 – Faits saillants du rapport de la Commission Kellock-Taschereau présentés par la revue Relations
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MISE AU POINT – Notre accueil favorable à la série télévisée sur l’espionnage au Canada conçue par Michel Juneau-Katsuya ne constitue pas pour autant un retrait des critiques que nous lui avons adressées pour avoir endossé une brochure islamiste rejetée par la GRC
Fréquemment, les islamistes et leurs compagnons de route tentent de discréditer le travail de Point de Bascule et d’autres qui mettent en garde contre la menace islamiste en affirmant que nous sommes des ‘complotistes’, que nos affirmations sur la menace islamiste sont invraisemblables, etc. On se garde bien cependant de mentionner lequel des faits qu’on soulève qui serait faux, quel idéologue islamiste prônant la conquête islamique de l’Occident nous aurions mal cité, etc.
Cette situation n’est pas sans rappeler l’accueil qu’ont reçu ceux qui ont mis en garde contre l’infiltration soviétique au Canada et dans les sociétés occidentales en général au XXe siècle. On les accusait également de fabuler.
Le canal Historia diffuse en mai 2017 huit épisodes sur des espions ayant agi au Canada pour le compte de l’URSS à partir des années ’40 et pour la Russie dans les années 2000. La série fournit des précédents concrets et documentés de pénétration hostile survenus au Canada.
La série a été conçue par Michel Juneau-Katsuya. Notre évaluation largement positive de la série télévisée ne constitue d’aucune façon un endossement de plusieurs positions très critiquables de M. Juneau-Katsuya sur la menace islamiste.
Dans le passé, nous avons condamné l’appui de M. Juneau-Katsuya à une brochure islamiste rejetée par la GRC et d’autres de ses positions que nous considérons complaisantes envers les islamistes. Rien n’a changé à cet égard.
Point de Bascule (14 avril 2017) : Michel Juneau-Katsuya vs Richard Martineau / Un examen de quelques positions passées de l’ex-agent du SCRS face à la menace islamiste
Dans le passé, Point de Bascule a consacré quelques articles pour établir un rapprochement entre les totalitarismes islamiste et communiste. Nous avons signalé la similitude entre la notion communiste de «fausse conscience» développée par le coauteur du Manifeste du Parti communiste, Friedrich Engels (1820-1895), et les soi-disant «déficiences intellectuelles» des non-musulmans qui rejettent l’islam avancées par Syed Maududi (1903-1979). Nous avons traduit un article consacré à une islamiste qui présente Oussama Ben Laden comme «le Che Guevara de l’Orient». Nous avons appliqué le constat de Jean-François Revel sur la difficulté des sociétés ouvertes à combattre la pénétration communiste au XXe siècle aux difficultés des sociétés occidentales à combattre la pénétration islamiste aujourd’hui.
La série d’Historia sur l’espionnage au Canada a le grand mérite de nous rappeler que les conspirations et les complots ne se retrouvent pas que dans les ouvrages de fiction.
Malgré nos commentaires positifs sur la série d’Historia consacrée à l’espionnage au Canada, nos réserves sur la série sont les suivantes :
- Bien qu’Historia présente sa série comme étant consacrée à l’espionnage au Canada (en général), aucun épisode n’est consacré à des missions d’espionnage commandées par d’autres pays que l’URSS / Russie. À l’époque où des leaders islamistes de plusieurs pays musulmans multiplient les appels à la conquête de l’Occident, il aurait été opportun d’approfondir certains cas impliquant des pays musulmans. L’affaire de l’acquisition par le Pakistan de composantes pour le développement de sa bombe atomique à Montréal dans les années ’80 vient immédiatement à l’esprit.
- Les cas commentés dans la série d’Historia concernent des vols de documents ou de matériel. C’est certainement une dimension importante du travail d’espionnage mais c’est loin d’être la seule. Dans son livre Comment les démocraties finissent, Jean-François Revel a documenté plusieurs opérations d’influence menées par l’URSS auprès des gouvernements occidentaux et des entreprises de presse dans le sens de ses intérêts. Quels sont les exemples connus en ce domaine au Canada? Comment l’URSS a-t-elle appuyé les mouvements pacifistes qui faisaient campagne pour le désarmement unilatéral du Canada dans les années 1950 et plus tard dans les années 1980? Cet aspect idéologique de l’ingérence soviétique au Canada aurait mérité qu’on s’y attarde.
Michel Juneau-Katsuya présentant à Radio-Canada sa série sur l’espionnage soviétique au Canada (Audio 15:22) : «On a un acronyme avec lequel on travaille qui, en français, se traduit par AISE : Argent, Idéologie, Sexe et Égo. Avec l’un de ces quatre boutons-là, je peux vous garantir que je peux recruter n’importe qui. Même le pape s’il le faut.»
PARTIE 1 – Les épisodes de la série d’Historia (vidéos)
Les huit vidéos de la série sont consacrées aux personnalités suivantes :
IGOR GOUZENKO (1945) / Vidéo Historia – Responsable de l’encodage à l’ambassade de l’URSS à Ottawa
ALAN NUNN MAY (1945) / Vidéo Historia – Physicien menant des recherches sur la bombe atomique à Montréal. Il a été condamné à dix ans de prison pour espionnage.
EMMA WOIKIN (1945) / Vidéo Historia – Secrétaire au Ministère des Affaires étrangères du Canada. Elle a été condamnée à deux ans et demi de prison pour espionnage.
KONON MOLODY (1950) / Vidéo Historia – Russe ayant adopté l’identité d’un Canadien mort jeune et qui a mené ses activités d’espionnage sous le couvert de son entreprise de Vancouver. Il a été condamné à vingt-cinq ans de prison pour espionnage et échangé en 1964 contre un homme d’affaires britannique détenu par l’URSS. En 1990, l’URSS a même émis un timbre pour honorer cet agent ayant opéré au Canada et en Grande-Bretagne.
GEORGE VICTOR SPENCER (1960) / Vidéo Historia – Postier communiste canadien qui a fourni des informations à l’URSS à partir de Vancouver. Le gouvernement Pearson a choisi de ne pas le poursuivre.
VITALY YURCHENKO (1985) – Haut gradé des services secrets soviétiques qui a fui aux États-Unis via l’ambassade américaine à Rome avant de retourner en URSS.
STEPHEN RATKAI (1988) – Canadien d’origine hongroise ayant servi de messager aux services d’espionnage soviétique. Il a été condamné à neuf ans de prison pour espionnage.
JEFFREY PAUL DELISLE (2007) / Vidéo Historia – Membre de la marine canadienne qui a vendu des secrets à la Russie. Il a été condamné à vingt ans de prison pour espionnage.
PARTIE 2 – Un parallèle entre la pénétration soviétique / communiste de la Guerre froide et la pénétration islamiste contemporaine
En 1945, les révélations d’Igor Gouzenko, responsable de l’encodage à l’ambassade soviétique à Ottawa, et d’Elizabeth Bentley, espionne communiste américaine repentie, apportèrent des preuves irréfutables que l’URSS avait mis en place un réseau d’agents en Amérique du Nord. En quittant l’ambassade soviétique avec sa famille pour demander l’asile politique au Canada, Gouzenko apporta avec lui une centaine de documents compromettants. La mission des agents identifiés dans ces documents consistait à subtiliser des informations stratégiques, militaires et scientifiques de sources canadiennes pour les transmettre à l’URSS. Comme le souligne Historia, les révélations de Gouzenko débouchèrent sur ce qu’on a appelé par la suite la Guerre froide.
Historia a consacré le premier épisode de sa série à Igor Gouzenko (Vidéo).
En 1946, après les révélations de Gouzenko, le Canada mandata la Commission Kellock-Taschereau pour enquêter sur l’infiltration soviétique au pays. Dans son rapport (p.685), la Commission conclut «[Traduction] qu’il existe au Canada une cinquième colonne organisée et dirigée par des agents russes au Canada et en Russie».
Dans son édition d’août 1946, la revue Relations a produit un sommaire du rapport de la Commission Kellock-Taschereau. Nous en présentons les faits saillants à la fin de cet article.
Selon un article publié par le Manitoba Ensign le 6 septembre 1952, les agents de l’URSS opérant au Canada étaient répartis selon des cercles concentriques en fonction de leur niveau d’implication. En plus de bénéficier du concours des communistes déjà au pays, l’URSS profita de l’accueil fait aux réfugiés d’Europe de l’Est par le Canada pour y envoyer d’autres agents. En plus d’être intéressée à voler des secrets militaires, l’URSS désirait miner les institutions économiques et démocratiques du Canada et mettre en place un réseau de saboteurs prêts à passer à l’action en cas de guerre. Un superintendant de la GRC cité dans l’article indique que ceux qui mettaient en doute l’existence de tels réseaux au pays étaient des ‘naïfs’.
Après avoir consacré plusieurs articles au programme totalitaire communiste et spécifiquement à l’infiltration soviétique au Canada dans les années 1940-50 (août 1946, janvier 1947, mars 1954, etc.) la revue Relations (et le Centre Justice et Foi qui lui est maintenant associé) offre, de nos jours, une tribune aux islamistes et à leur compagnons de route pour dénigrer ceux qui mettent en garde contre la menace totalitaire islamiste. La méthode utilisée par les islamistes et leurs compagnons de route est identique à celle que les communistes et leurs propres compagnons de route ont utilisé contre Igor Gouzenko dans les années 1940-50. Ils invoquent de façon péjorative des termes comme ‘complotiste’, ‘théorie de la conspiration’, ‘fasciste’, etc., tout en prenant bien soin de ne pas commenter sur les faits spécifiques qui sont soulevés.
En octobre 2015, le Centre Justice et Foi a offert une tribune à Paul Eid, professeur de sociologie à l’UQAM, de laquelle il a affirmé que Point de Bascule et d’autres exploitent la thématique du «fantasme d’islamisation» et versent dans «la théorie du complot». (Vidéo)
Le 13 mars 2017, dans une interview accordée à Radio-Canada (Vidéo), Frédéric Castel, également professeur à l’UQAM, a déclaré qu’au Québec, certains manifestent une «islamophobie lourde, théorisée, bien argumentée avec des idées ‘complotistes’ d’islamisation de l’Occident».
L’islamophobie étant une peur sans fondement de l’islam comme l’affirment les islamistes du Council on American-Islamic Relations (‘unfounded fear’) et d’autres, comment l’islamophobie pourrait-elle être simultanément sans fondement, irrationnelle (une phobie) et ‘bien argumentée’?
L’objectif d’islamiser les sociétés occidentales de l’intérieur est pourtant ouvertement promu par les islamistes eux-mêmes. On n’a qu’à se référer à des textes comme le discours de Jaafar Idris intitulé «Le processus d’islamisation» livré à un congrès de la Muslim Students Association à Toledo (Ohio). Il y affirma que «[Traduction] Le but du mouvement islamique est de provoquer quelque part dans le monde l’avènement d’une nouvelle société basée complètement sur les enseignements de l’islam. […] [L]’embryon de cette communauté doit être mis en place au sein même de la communauté que nous désirons changer. Seulement de cette façon pourrons-nous faire face aux défis que présente la communauté à laquelle nous sommes opposés.»
Avant d’être expulsé des États-Unis en 2003 pour avoir violé la loi américaine de l’immigration, Jaafar Idris «[Traduction] bénéficiait d’un statut diplomatique saoudien et avait son bureau à l’ambassade saoudienne» à Washington, selon ce que rapporta le Washington Times en 2004. «Il prononçait fréquemment des conférences à l’institut [saoudien près de Washington] et il adhérait au wahhabisme».
Durant les années qu’il a passées en Amérique du Nord au service de l’Arabie saoudite, Jaafar Idris a participé à plusieurs rencontres organisées par l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada. En 2003, il a participé au lancement des conférences islamistes RIS à Toronto, devenues depuis, l’événement musulman annuel qui attire le plus de participants au Canada. Le lancement de ces conférences avait mis en vedette le mufti de l’Arabie saoudite et il était commandité par la World Assembly of Muslim Youth (WAMY) saoudienne. Le statut charitable de cette organisation a été révoqué par l’Agence du revenu du Canada en 2012 pour son financement d’une organisation liée à Al-Qaïda.
Hussein Hamdani, l’organisateur des premières éditions de la conférence RIS à Toronto a conseillé le ministère de la Sécurité publique du Canada durant dix ans. En 2015, il a été suspendu de son poste, puis remplacé, après qu’une enquête de Point de Bascule ait révélé son association avec quatre organisations islamistes liées au financement du terrorisme.
En 2012, durant son mandat de conseiller du gouvernement, Hussein Hamdani a dirigé une délégation de représentants d’organisations liées à l’infrastructure des Frères Musulmans au Canada à une rencontre avec le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraitre, c’est Naseer Syed, alors l’avocat d’IRFAN-Canada, le collecteur de fonds au Canada de l’organisation terroriste Hamas, qui a rendu public le rapport de la rencontre entre les islamistes et le ministre Toews sur son site MuslimLegal.ca. De l’aveu même de Naseer Syed, c’est Hussein Hamdani qui le lui avait fourni.
Point de Bascule a produit un compte rendu de cette rencontre. D’après la présentation PowerPoint faite par Hussein Hamdani au ministre (Voir tableaux 11 et 12), l’objectif des islamistes était d’amener les agences du ministère à adopter l’approche Obama et à cesser d’identifier la menace islamiste en utilisant des termes liés à l’islam. Cette démarche mène évidemment à cesser de recourir aux textes écrits par des exégètes musulmans sur le jihad armé et idéologique, sur l’art de la dissimulation et d’autres facettes du programme islamiste puisqu’ils donnent une mauvaise image de l’islam.
En abandonnant l’étude des principes islamiques pour comprendre la menace islamiste, les services de renseignement en sont réduits à faire du cas par cas, sans vue d’ensemble, et sont limités presqu’exclusivement à des études de nature psychologique sur les djihadistes. On en vient à percevoir les islamistes à cravates comme une solution au problème posé par les islamistes violents plutôt que leurs partenaires dans un stratagème ‘Good cop Bad cop’.
La démarche des islamistes a réussi tel que le confirma le directeur du SCRS, Michel Coulombe, devant le Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale en février 2014 :
Le président du Comité sénatorial : Je remarque que dans les rapports [du SCRS] de 2008, de 2009 et même de 2010, la menace islamique est mentionnée à de nombreuses reprises, ainsi que le «Jihad» et ses variations. Ce que j’ai trouvé intéressant, c’est qu’il n’en est question nulle part dans ce rapport. Dois-je présumer que la menace islamique djihadiste militante n’est plus ce qu’elle était il y a quelques années? Cela m’amène ensuite à vous demander pourquoi nous ne la désignons plus clairement, si c’est encore une menace.
M. Coulombe : C’est assurément toujours une menace, mais nous préférons parler du terrorisme inspiré de l’idéologie d’Al-Qaïda. C’est de cela que nous parlons.
En octobre 2014, lors d’une autre séance du Comité sénatorial permanent de la sécurité nationale, le directeur adjoint du renseignement au SCRS a indiqué que son organisation n’enquête même plus sur les institutions musulmanes mais se limite à enquêter sur des individus : «Lorsque nous faisons enquête, nous faisons enquête sur des individus et leurs activités. Peut-être que les activités de ces individus sont liées à une certaine institution, mais l’enquête porte sur l’individu. Par exemple, nous ne faisons pas d’enquête sur des mosquées.»
Le même genre de situation existe aux États-Unis. Stephen Coughlin, un ex-conseiller du Pentagone sur la menace islamiste, a consacré son livre Catastrophic failure à expliquer les raisons de son congédiement par l’administration Bush en 2008 pour avoir persisté à inclure des références aux motivations islamistes de l’ennemi dans ses rapports soumis aux autorités américaines.
PARTIE 3 – Des gouvernements occidentaux inquiets de la divulgation des noms de ses ministres et de ses fonctionnaires sous influence soviétique
Après la dissolution de l’URSS au début des années ’90, l’ex-dissident Vladimir Boukovski souhaitait que les sept décennies de communisme soient jugées à Moscou par un tribunal semblable à celui de Nuremberg (1945-46) après la défaite du nazisme.
Au même moment, le gouvernement de Boris Yeltsin était poursuivi en justice par les communistes et il fit appel aux services de Boukovski pour l’aider à préparer sa cause. On donna donc accès à Boukovski à une partie des archives secrètes du Parti communiste de l’URSS.
Boukovski en profita pour combiner ses recherches pour le gouvernement Yeltsin avec des recherches personnelles orientées vers la mise sur pied d’un tribunal sur le communisme. Muni d’un scanner portatif, Boukovski a reproduit des centaines de documents hautement confidentiels qu’il a sortis de Russie.
Son projet de tribunal n’a pas abouti mais Boukovski a dévoilé une partie de ses découvertes dans son livre Jugement à Moscou et dans un texte intitulé The Power of Memory and Acknowledgment / WebArchive – Archive.Today. Plusieurs des archives découvertes attestent d’une pénétration soviétique aux échelons les plus stratégiques des sociétés occidentales.
Dans son texte The Power of Memory, (p.4), Boukovski écrit que ce n’est pas pour des raisons internes à la Russie que Yeltsin refusa de donner suite au projet de tribunal qui jugerait le régime communiste soviétique mais en raison de pressions exercées par de nombreux pays occidentaux. L’infiltration soviétique en Occident avait été tellement forte que de nombreux dirigeants occidentaux craignaient qu’un procès du communisme soviétique n’éclabousse plusieurs de leurs proches en Occident qui avaient collaboré avec le régime.
Vladimir Boukovski (p.5) : «[Traduction] Les documents que j’ai découverts permettent de comprendre pourquoi l’Occident était si hostile à ce que le communisme soit mis en procès. Ce n’est pas seulement parce que l’Occident avait été infiltré par les Soviétiques beaucoup plus profondément qu’on ne le croyait mais parce qu’il y a eu une collaboration idéologique entre les partis occidentaux de gauche et l’Union soviétique. Cette collaboration idéologique toucha des secteurs clés [‘ran very deep’].
PARTIE 4 – Faits saillants du rapport de la Commission Kellock-Taschereau présentés par la revue Relations
CONTRÔLE DE L’URSS SUR SES AGENTS OPÉRANT AU CANADA
Relations (Août 1946) : «Il n’y a guère de doute que la N.K.V.D…, qui est la police politique secrète de l’Union soviétique, possède une puissante organisation au Canada.» Une de ses besognes est «de diriger un réseau clandestin d’agents canadiens. En plus de s’occuper d’espionnage, elle a pour attribution d’enquêter sur le compte des membres du parti communiste canadien et de faire des rapports à leur sujet aux Russes». Ajoutons le service politique, chargé de transmettre les ordres politiques de Moscou, les directives du Komintern, au parti communiste canadien. Selon le témoignage de Gouzenko, confirmé par les documents, «l’annonce de la liquidation du Komintern est sans doute la plus grande plaisanterie communiste des dernières années. Le nom seul a été supprimé, dans le but de rassurer l’opinion publique dans les pays démocratiques. En réalité le Komintern existe toujours et continue son travail».
LES «CELLULES»
Relations (Août 1946) : Cette école de communisme agissant, les cellules, remplit son rôle à merveille. On s’attache à recruter des élèves, les futurs candidats de l’espionnage soviétique, d’une grande intelligence et de position sociale influente. Un grand nombre de fonctionnaires ainsi gagnés aux idées communistes et aux activités subversives «possèdent un niveau d’éducation remarquable, et beaucoup d’entre eux étaient tenus par leurs collègues dans les services ou ministères où ils étaient employés pour des personnes d’une habileté et d’une intelligence rares… Les classes de la société où se recrutent les membres secrets englobent les étudiants, les hommes de science, les instituteurs, les employés de bureaux ou d’entreprises, les personnes qui se livrent à quelque travail de nature administrative et tout groupe d’hommes censés obtenir quelque emploi dans les services de l’État». De ces candidats on exige qu’ils aient «la foi en l’idéologie communiste» ou du moins qu’ils «y soient sympathiques et susceptibles d’y venir». Le centre de recrutement et d’opération pour ces cellules est le parti communiste canadien: les témoignages sont nombreux et formels à ce sujet.
FORMATION IDÉOLOGIQUE
Relations (Août 1946) : Le jeune adhérent est de plus habitué graduellement «à l’atmosphère et à l’éthique de la conspiration». Les enquêteurs ajoutent: «On peut aisément se faire une idée de l’effet général que peuvent produire à la longue sur un jeune homme ou sur une jeune femme ces réunions secrètes, ces relations secrètes, ces objectifs, ces projets et ces plans secrets… On encourage l’adhérent clandestin à ne jamais être franc et honnête, en dehors des réunions secrètes dans les cellules, quant à ses attitudes ou ses vues politiques réelles. Apparemment, on l’amène à croire que la franchise à ce sujet équivaut à une dangereuse indiscrétion et à une menace latente à l’ensemble de l’organisme…»
INFILTRATIONS
Relations (Août 1946) : Les agents de Moscou […] visent à prendre la haute main «grâce à l’élection de membres secrets aux comités de direction, sur le plus grand nombre possible d’organismes agissants comme les syndicats ouvriers, les associations professionnelles et les grandes sociétés sans attaches politiques comme les mouvements de jeunes et les unions de libertés civiles. […] [I]l était question […] d’ordonner à certains communistes canadiens secrets de prendre provisoirement une attitude anticommuniste.
LE CAS DES FONCTIONNAIRES
Relations (Août 1946) : Plusieurs des gens incriminés occupaient des situations au service du gouvernement. Le trafic des passeports, en particulier, indique combien l’infiltration avait gagné en profondeur les corps des fonctionnaires. […] «Des membres secrets du parti communiste ont joué un rôle important dans l’installation d’autres communistes secrets à divers postes du service public qui pouvaient présenter de l’intérêt, non seulement du point de vue espionnage, mais encore du point de vue propagande et d’autres.»
LE PARTI COMMUNISTE
Relations (Août 1946) : Selon le témoignage de Gouzenko, «le parti communiste dans les pays démocratiques a depuis longtemps cessé d’être un parti politique,… il est devenu un service du gouvernement soviétique, une cinquième colonne établie dans ces pays dans l’éventualité d’une guerre, un instrument entre les mains du gouvernement soviétique, qui l’utilise pour créer des malaises, des provocations, etc.» Le parti communiste canadien ne fait pas exception. Il apparut clairement, notent les commissaires, «dès le début de l’enquête […] que le mouvement communiste canadien constituait la grande base à l’intérieur de laquelle le réseau d’espionnage fut constitué, et que non seulement il lui fournissait un personnel convenablement formé quant à ses motifs, mais encore un cadre qui allait effectivement permettre un recrutement efficace et sûr».
Lectures complémentaires
OPÉRATIONS D’INFLUENCE PAR DES PAYS MUSULMANS
Abha Shankar (IPT News – Dec 4, 2013) : Un chirurgien du Maryland condamné pour avoir utilisé des fonds du gouvernement du Pakistan pour influencer des politiciens américains sur la question du Cachemire [Article en anglais]
Thomas Guénolé (Le Monde – 14 janvier 2015) : Nicolas Sarkozy doit rompre avec le Qatar / Archive.Today
Armin Arefi et Romain Gubert (Le Point – 20 octobre 2016) : Liaisons dangereuses : l’Arabie saoudite, le Qatar et la France / WebArchive – Archive.Today
Un député qui quémande le financement de ses vacances à l’ambassadeur du Qatar. Une sénatrice qui fait un caprice pour obtenir un cadeau de fin d’année. Et ces révélations gravissimes : ce ministre qui, en échange de propos sympathiques en faveur du Qatar, demande à l’ambassadeur de faire travailler une entreprise dont il est proche… Nos très chers émirs (Michel Lafon), de Christian Chesnot et Georges Malbrunot, est une enquête dévastatrice pour certains politiques français. Dans ces révélations, dont Le Point publie des extraits, les auteurs racontent comment les milliards d’euros de l’Arabie saoudite et du Qatar ont fait tourner la tête à beaucoup d’élus de la République qui ne savent plus garder leurs distances, au risque de perdre leur honneur.
COMMUNISME
Point de Bascule (6 décembre 2010) : Jean-François Revel sur la difficulté des sociétés ouvertes à se défendre contre un ennemi intérieur
Stéphane Courtois et al. (Éditions Robert Laffont – 1997) : Le livre noir du communisme (Section Cuba : l’interminable totalitarisme tropical)
France-Presse / La Presse (18 décembre 2010) : Le Nobel de Littérature Vargas Llosa déclare le fondamentalisme islamique a remplacé le communisme comme principal ennemi de la démocratie / WebArchive – Archive.Today – Point de Bascule
Le prix Nobel de Littérature 2010, l’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, a déclaré samedi au Chili que le fondamentalisme islamique avait remplacé le communisme comme principal ennemi de la démocratie.
«La culture de la liberté continue d’avoir des ennemis, et des ennemis extrêmement dangereux: le communisme a été remplacé par le fondamentalisme islamique comme principal ennemi de la culture de la démocratie dans le monde actuel», a estimé l’écrivain au cours d’une intervention qui clôturait un forum international organisé à Santiago sur les politiques publiques.
«[N]ous devons savoir nous défendre, pour ne pas permettre qu’en utilisant les institutions de la liberté, ils s’infiltrent dans nos sociétés et sèment la terreur», a-t-il ajouté.
Point de Bascule (28 novembre 2016) : Le Nobel de littérature Mario Vargas Llosa affirme que «L’histoire ne pardonnera pas à Fidel Castro»