Chercheure associée à l’Institut de recherche sur le Québec, la sociologue Joëlle Quérin a récemment mis le feu aux poudres avec la publication d’une analyse concluant que le cours ECR écarte les valeurs québécoises et endoctrine les élèves en faveur du multiculturalisme. Selon Quérin, ce cours n’est rien d’autre qu’un cours d’accommodements raisonnables 101. Vous pouvez télécharger l’étude ici: http://irq.qc.ca/storage/etudes/IRQEtude5.pdf
Publiée le 3 décembre, l’analyse d’une trentaine de pages avance que le cours ECR est non seulement antinationaliste mais aussi antidémocratique, s’inscrivant «dans une stratégie d’endoctrinement de la jeunesse permettant l’imposition du multiculturalisme à l’abri du débat public et au mépris de l’opposition populaire. »
Les nombreuses anomalies relatives à la création et à l’imposition de ce cours semblent donner raison à Quérin. Plusieurs éléments, en effet, tendent à démontrer le manque flagrant d’« éthique » de ceux et celle qui ont fait tant d’efforts pour nous imposer cette création idéologique. Pensons à ces quelques incidents qui sont loin d’être anodins :
Trois de plusieurs faits donnent raison à l’étude et à Quérin:
- La modification de l’article 41 de la charte des droits et liberté du Québec.
- Les fonctionnaires de l’actuel gouvernement du Québec ont littéralement déroulés le tapis rouge à des islamistes pour conseiller voire offrir des recommandations sur le contenu du cours ECR.
- Des concepteurs et promoteurs du cours ECR auraient possiblement menti pour défendre leur création.
1- Modification de l’article 41 de la charte des droits et libertés du Québec:
Une charte est un document fondamental, tellement fondamentale que toutes les lois se doivent de la respecter sous peine d’être déclarées sans effet par les tribunaux. Une charte des droits et libertés se doit aussi d’être alignée avec la Déclaration universelle des droits de l’homme (de 1948). En 1998, le gouvernement du Québec a modifié l’article 41 de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, et ce, sans débat public et sans que la population ne soit consultée. L’État peut ainsi forcer les enfants à suivre des cours allant ouvertement à l’encontre des valeurs ou principes des parents.
2- Des consultants « islamistes »
Le tenants du cours ECR au gouvernement du Québec et au ministère de l’Éducation ont déroulé le tapis rouge à au moins une véritable intégriste islamiste, et ce, pour qu’elle conseille le ministère à propos du contenu du cours. Déjà bien connue, aucun doute ne pouvait planer sur les orientations radicales de cette islamiste du nom de Najat Boughaba.
Lors de l’enquête réalisée par Point de bascule sur Najat Boughaba durant les dernières élections municipales de Montréal, un échange téléphonique avec un représentant du gouvernement du Québec m’avait confirmé que madame Boughaba avait effectivement participé aux tables rondes traitant, entre autres, des questions religieuses. Le représentant en question, un des promoteurs du cours ECR, m’a aussi confirmé qu’ils n’avaient pas scruter les antécédents des personnes sélectionnées avant de les inviter à cette table de concertation organisée par le gouvernement du Québec.
Pour en connaitre plus sur cette affaire lire (en cliquant sur les titres pour accéder aux articles):
3- Éthique et Mensonge ?
Les défenseurs du cours d’ECR, le gouvernement du Québec et même Gérard Bouchard ont fait preuve d’une approche quasi mensongère pour soutenir l’implantation du cours ECR. Lors du procès de Drummondville à propos du cours ECR, nous avions appris que Jacques Pettigrew, le responsable du programme ECR, avait caché au tribunal des activités professionnelles supplémentaires liées à l’implantation future du cours. Ses intérêts en la matière ne s’arrêtaient pas seulement à l’élaboration du cours. Toujours lors du même procès, Gérard Bouchard, choisi par le ministère de l’Éducation du Québec pour défendre le cours ECR, nous apprenait qu’il n’avait qu’une connaissance très superficielle de la chose. Malgré cela, sa connaissance « très » superficielle a semblé avoir plus de valeur que celle des parents qui, eux, avaient scruté les manuels et cahiers concernés.
Malgré le rejet populaire massif des recommandations du rapport Bouchard-Taylor, le gouvernement du Québec, qui soutenait corps et âme le caractère obligatoire du cours d’ECR, avait malgré tout assigné Gérard Bouchard, coprésident de la Commission Bouchard-Taylor, à la défense du cours.
Le ministère de l’Éducation, malgré le rejet du rapport Bouchard-Taylor, a implanté, contre la volonté de la majorité, plusieurs volontés dudit rapport, qui avait entre autres recommandé « que le gouvernement fasse une promotion vigoureuse du nouveau cours d’Éthique et de culture religieuse qui doit entrer en vigueur en septembre 2008.»
Quelques chroniques de la radio et de la presse écrite ayant récemment abordé la thématique du cours ECR :
Entrevue de Paul Arcand et Mme Joelle Quérin,
Sociologue, chercheuse associée à l’Institut de recherche sur le Québec: Le cour d’éthique et culture religieuse
diffusée sur les ondes du 98,5FM Montréal le 10 décembre 2009
Première partie:
Deuxième partie:
Extrait de la chroninque radio de Denise Bombardier à l’émission de Paul Arcand
sur les ondes du 98,5FM le 11 décembre 2009
« On oublie qu’il y a des gens qui s’y intéressent au point de créer ces cours la, ont ce qu’on appelle des agendas cachés. Et ce sont des gens qui font de la politique au dépend de la population en général. »
(…)
« C’est une nouvelle religion et je vais vous dire, elle est pire que l’autre parce que c’est une religion dont on ne verra pas la figure. C’est cas de le dire dans certains cas c’est couvert de la tête au pied. »
Extrait audio :
Extraits:
(…)
Dans une étude qui risque de faire beaucoup de vagues, madame Quérin affirme que le but du cours d’éthique et de culture religieuse est de montrer aux jeunes Québécois que toutes les conceptions de la vie s’équivalent et que la seule chose qui nous unit, au-delà de nos différences, c’est la Charte des droits et libertés.
(…)
Bref, selon ce cours, il n’y aurait pas de culture spécifiquement québécoise. Il n’y aurait qu’une série de lois, point. Comme si on résumait la culture italienne aux règlements que l’on trouve dans le Code criminel de l’Italie!
(…)
Comme l’écrit madame Quérin : «Après avoir suivi le cours d’éthique et de culture religieuse pendant dix ans, les élèves n’auront pas de grandes connaissances sur les religions, mais une chose est sûre, aucun accommodement ne leur paraîtra déraisonnable !»
(…)
PAS LE DROIT DE CRITIQUER
Alors que dans la population, plusieurs personnes ont critiqué le port de l’hijab au nom de l’égalité entre les hommes et les femmes et ont reproché au kirpan d’être un symbole de violence qui n’a pas sa place dans les écoles, le cours d’éthique et de culture religieuse refuse aux élèves le droit de tenir un tel discours.
«Le programme doit inculquer le respect absolu de toute position religieuse», dit Joëlle Quérin.
Bonjour l’esprit critique !
L’IMPOSTURE
Chronique de Joseph Facal
Publié dans le blogue de Joseph Facal le 14 décembre 2009
Extraits:
(…)
Je dis «réel» car, depuis des années, il y a fausse représentation. Citant les textes des concepteurs du cours, Joëlle Quérin montre ce que nous sommes plusieurs à dire depuis des années : que ce «cours» ne vise pas à instruire, mais à endoctriner.
(…)
Quand ma famille et moi sommes arrivés au Québec, en provenance de l’Uruguay, en 1970, il allait de soi que c’était à nous de nous. Simple question de respect : le peuple québécois nous ouvrait les bras, alors qu’il n’était pas obligé de le faire. C’était avant que le multiculturalisme devienne l’idéologie dominante au Canada.
(…)
Acceptation rime désormais avec soumission. Le Québec est conçu comme une terre vierge ou presque, où le nouvel arrivant peut, avec des contraintes minimales, reproduire des modes de vie qui reposent souvent sur des valeurs dont l’Occident a choisi de s’extraire depuis des centaines d’années.
(…)
Si on veut sérieusement enseigner l’histoire des religions, on le fait dans un cours d’histoire donné par un historien de métier. Si on veut enseigner la réflexion éthique, il existe une discipline millénaire qui s’en occupe : la philosophie.
La Doctrine
Par Mario Roy
La Presse le 12 décembre 2009
Extraits:
Le terme d’«endoctrinement», utilisé dans une nouvelle étude menée sur le sujet, semble trop fort pour désigner le nouveau cours d’Éthique et de culture religieuse (ECR)
(…)
Pourtant, une propagande destinée aux enfants n’est pas une chose inconcevable.
(…)
En France, la dévaluation de la connaissance dans les institutions d’enseignement au cours des années «rouges» a provoqué de virulents débats. Aux États-Unis, l’enseignement du créationnisme est une pure propagande religieuse. Et il est évidemment inutile d’évoquer les régimes totalitaires.
(…)
À l’origine, on a cru que le nouveau cours d’ECR inculquerait aux jeunes des connaissances factuelles sur l’histoire des religions. Ô naïveté! Le nouveau programme «vise explicitement la transformation radicale de la société québécoise en la reprogrammant à partir du logiciel idéologique du multiculturalisme», juge aujourd’hui la sociologue Joëlle Quérin,(…)
Cette assertion est osée. Peut-être même partisane. Mais elle est crédible.
Le cours a en effet été concocté dans ce même ministère qui a imposé une réforme scolaire pétrie dans la planante théorisation du processus d’apprentissage. Il est conforme à l’esprit bouchard-taylorien d’«interculturalisme» et de «laïcité ouverte» qui imposent en pratique la primauté des exigences religieuses. Il prône aussi la «sensibilisation» des masses laborieuses par la classe dominante des sachants.
(…)
L’est encore moins le fait que, jamais, le vaisseau amiral du ministère de l’Éducation n’a dévié de son cap, ne serait-ce que d’un seul degré…, et ce, quelle que soit l’urgence des appels au secours de ces jeunes naufragés qu’il a laissés se noyer en nombre astronomique dans les eaux troubles de l’idéologie.
Elle aussi auteur de matériel scholaire et didactique destiné à ce cours.
Sur les ondes du 98,5FM le 11 décembre 2009
L’entrevue au complet (10min 58sec):
Extrait: « Moi je crois que le programme est clair »:
(1min12sec)
Extrait: « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse dans le cours d’Éthique et de culture religieuse » (1min 59sec) :
Extrait: Une société démocratique (1min24sec):
Après avoir écouter les propos de madame Dubois, je vous invite à lire les données de Statistique Canada sur les crimes de nature haineuses. Le Québec est la province affichant le taux le plus bas au Canada et possiblement de toute l’Amérique du Nord.
Extraits:
L’étude de Joëlle Quérin est concise et compréhensible de tous, que l’on soit universitaire ou non. C’est une réflexion qui a le souci de l’intelligibilité. Dès l’introduction, Quérin écrit : “Cette recherche porte sur le cours d’ÉCR, tel que présenté dans le programme adopté par le Ministère et tel qu’interprété par ses défenseurs et détracteurs. Après avoir présenté le contexte ayant mené à la mise en place du cours, nous aborderons son contenu et ses orientations pédagogiques. Nous nous pencherons finalement sur le mouvement de protestation initié en 2006 et sur les différents argumentaires mis de l’avant pour dénoncer le cours, ce qui nous conduira à prendre position en faveur d’une critique ‘nationale’ du cours d’ÉCR.”
Il ne saurait en être autrement, bien sûr,puisque si l’hypothèse de l’auteure est juste, et que le cours d’ÉCR est principalement irrigué par l’idéologie multiculturaliste, le point de vue ‘national’ va de soi. La prémisse nationale est le repoussoir contre lequel s’est construit le multiculturalisme : comment une étude, qui fait la critique d’un cours multiculturaliste, pourrait-elle par conséquent ne pas emprunter un point de vue “national” ?
(…)
« Tolérance… Égalité des sexes… Respect… Ouverture… La valorisation de projets qui favorisent le vivre-ensemble… Qu’est-ce qui n’est pas bon là-dedans? ». Comme si la « tolérance ». « L’égalité des sexes » et le « respect » étaient essentialisés et inscrits à même l’ADN du cours ECR, et qu’il n’était pas possible de rejeter et de critiquer le cours sans porter atteinte à ces notions fondamentales. Nous avons ici un exemple de la sacralisation possessive qu’opère le multiculturalisme sur certains points essentiels de la vie en société. Toutes les manoeuvres sont bonnes pour s’assurer du contrôle du discours public, y compris le chantage émotif et le sentimentalisme démocratique. Denis Watters semble vouloir nous apprendre que prôner le bien est bien et que prôner le mal est mal, et que lui, en prônant “l’ouverture” et le « respect », n’a forcément rien à se reprocher, contrairement à ceux, de l’autre côté de l’échiquier de la vertu, qui n’auraient rien de mieux à faire que de critiquer les hommes de bien. Ce manichéisme infantile et tartuffesque est indigne d’un homme qui se dit pédagogue, et on s’étonne – mais pas tant que ça – de le voir reproduit sans le début d’un questionnement par la journaliste de Radio-Canada.”
On comprend ainsi, mais on s’en doutait, que “l’ouverture sur le monde” promue par le multiculturalismese résume à une ouverture sur une vue de l’esprit, ou sur un monde fabriqué. Le cours ECR ne prépare pasles jeunes à appréhender le monde tel qu’il est, avec sa complexité, sa profondeur et son étrangeté, mais à l’imaginer tel qu’il devrait être. À travers cet acte d’imagination permanent qu’est l’utopie multiculturaliste, les jeunes apprendront moins à penser par eux-mêmes qu’à repérer collectivement les éléments indésirables qui “compromettent le vivre-ensemble”. L’enseignement d’ECR étant axé sur les “normes et comportements” à adopter en matière de “diversité”, plutôt que sur les connaissances à transmettre, comment doit réagir l’enseignant si un élève affiche un comportement ou une pensée en rupture avec le “vivre-ensemble” ? À cet effet, Quérin cite l’effrayant Denis Watters, qui écrivait en 2008, dans un Petit guide ÉCR-101: “L’enseignant doit [alors] intervenir immédiatement pour que cela cesse sur-le-champ. Toute atteinte en classe à la dignité de la personne ou au bien commun doit immédiatement être dénoncée parce qu’elle n’est pas tolérée dans notre société. En cela, le programme d’Éthique et culture religieuse n’est pas neutre”.
Lire l’ensemble de cette excellente analyse…
Le PQ et l’ADQ veulent mettre le programme aux oubliettes
Par Antoine Robitaille
Publié dans Le Devoir le 11 décembre 2009
Extrait:
Une étude-choc convainc le PQ de rejeter le cours Éthique et culture religieuse.
(…)
Pierre Curzi dit avoir été bouleversé par le texte de MmeQuérin. Il dénonce le «chartisme» qu’elle y met en lumière. Selon celle-ci, «être Québécois signifie tout simplement de respecter la Charte des droits et libertés». À ses yeux, une des «conditions fondamentales de notre ouverture, c’est une profonde connaissance et transmission de notre histoire, de ce qu’on est». Par conséquent, il souhaite qu’une commission parlementaire se penche sur la question et plaide pour qu’il soit remplacé à terme par un cours d’histoire enrichi. «On doit revenir à un enseignement de l’histoire réel, articulé, qui intégrerait une histoire des religions», a-t-il soutenu.
(…)
Il s’agit d’une rupture avec la position antérieure du PQ, prise par Pauline Marois lors de la dernière campagne électorale, le 14 novembre 2008. À l’époque, c’est l’ADQ qui réclamait un moratoire sur ce cours, qui n’a cessé de soulever la controverse depuis qu’il est entré dans les curriculums primaire et secondaire, en septembre 2008. MmeMarois défendait alors la présence de ce cours. À l’ADQ, hier, l’étude de Mme Quérin a été bien accueillie. Le chef de l’ADQ, Gérard Deltell, a à son tour exigé la «suspension» du cours. «Le travail de la sociologue a confirmé les craintes que nous avions exprimées il y a un an», a déclaré M.Deltell
(…)
La ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, a refusé de commenter l’étude hier, soutenant qu’elle n’avait pas eu le temps de la décortiquer. (…) Le bureau de la ministre a soutenu du reste que « l’histoire » des religions au Québec était l’une des composantes fondamentales du cours. L’attachée de presse Tamara Davis a aussi souligné que la ministre Courchesne «était en train progressivement de réintégrer les connaissances» dans tous les cours « afin de corriger » (ndlr: ????) des aspects de la «Réforme Marois».
L’IRQ, qui a publié l’étude de MmeQuérin, a dans son «comité scientifique» le sociologue de l’UQAM Jacques Beauchemin, l’historien de la Télé-Université Éric Bédard et l’ex-ministre et sociologue Joseph Facal.
Lire aussi:
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Québec – Cours d’éthique et culture religieuse: Le mea culpa d’un ancien ministre
Québec – Enfants suspendus pour boycotter le cours d’éthique et culture religieuse
Dossier sur le cours d’ECR sur Vigile.net