«Réveillez-vous musulmans et respirez l’odeur du café yéménite»
Par Raheel Raza
Publié sur AverroesPress
Le 1er janvier 2009
Pendant que les Nord-Américains célébraient dans la joie et la paix la saison de Noël, l’un de mes coreligionnaires menait un djihad contre les États-Unis et dix mille (ndlr: entre 17 000 et 20 000) autres étaient rassemblés à Toronto pour écouter des prêcheurs islamistes qui refusent obstinément de condamner la doctrine du djihad. Alors qu’Umar Farouk Abdulmutallab, un Nigérien de 23 ans, tentait de faire sauter un avion alors qu’il survolait l’Ontario, sur le sol de cette province avait lieu la prétendue conférence «Renouveau de l’islam».
Des jeunes hommes barbus et des femmes voilées ont écouté des discours pétris de clichés, des discours qui ont planté les graines de la ségrégation qui va produire un autre Umar Farouk Abdelmutallabi.
Ce qui a échappé au jeune djihadiste dans le ciel et aux jeunes musulmans assistant à la conférence, c’est la signification du fait que ces deux événements avaient lieu à un moment particulier: pendant le mois du Muharram, celui de l’assassinat du petit-fils du prophète Mahomet et sa famille: un drame qui est la cause de presque tout ce qui va mal dans le monde islamique aujourd’hui.
Depuis les attentats du 11 septembre, beaucoup de musulmans ont tenté de limiter les dégâts. Chaque fois qu’un musulman commet un acte violent, des musulmans se lèvent d’un bond pour affirmer que: «l’islam est une religion de paix et que ce nouvel acte de terrorisme ne devrait pas être attribué à l’islam».
Aujourd’hui je reconnais que je me suis trompé.
Avant que des hordes d’esprits bornés se mettent à hurler et à m’accuser de haïr l’islam et les musulmans, laissez-moi vous assurer que je suis un musulman pieux qui cherche des réponses à ses questions et ce que j’écris est difficile pour moi. Alors, essayez de comprendre d’où je suis parti et où je m’en vais.
Les musulmans viennent de commencer la nouvelle année islamique (l’année 1431 a commencé le 18 décembre, 2009) et le premier mois de cette année est le Muharram. C’est un mois de réflexion, d’introspection et de rédemption. Ce mois ne commence pas par une fête, mais par le souvenir d’un événement dévastateur qui a ébranlé les fondations de notre foi, il y a 1,400 ans.
Soixante ans seulement après la mort du prophète Mahomet, son petit-fils bien-aimé Hussein et sa famille (dont un enfant) ont été brutalement assassinés sur les plaines de Karbala, en Iraq. Des écrivains non-musulmans comme Charles Dickens, Mahatma Gandhi et Thomas Carlyle ont décrit cet événement comme la tragédie la plus catastrophique de l’histoire de l’islam. L’historien arabe al-Fakhri a parlé de «tragédie honteuse», une tragédie si haineuse qu’il avait de la difficulté à en parler.
Dans le monde musulman, cette tragédie est remémorée surtout par les chiites et d’autres sectes minoritaires. La très grande majorité des musulmans refusent de lui accorder de l’importance ou cherchent à l’oublier.
J’ai récemment lu «un récit sur le martyr de al-Hussein» raconté par Abu Mikhanaf, érudit reconnu par la majorité des écoles de pensée dans l’islam. Et ce qu’il révèle est particulièrement troublant et angoissant. Ceux qui ont tué le petit-fils du prophète et qui se sont rués sur son cadavre avant de le décapiter ainsi que ses partisans ne sont pas des chrétiens, des juifs ou des hindous ou des païens. C’étaient des musulmans et je crois que ce massacre fut le premier acte de terrorisme accompli par des musulmans pour établir le pouvoir politique de l’islam, pouvoir qui n’a cessé de côtoyer l’islam spirituel jusqu’à aujourd’hui.
Dès que le prophète est mort, l’islam politique a négligé le message spirituel du Coran, message de paix, de tolérance, de fraternité, d’égalité et l’approfondissement du message du prophète avant l’islam. Le népotisme, la corruption et la décadence ont caractérisé le califat. Les dirigeants se disputant le pouvoir furent plus intéressés à accroître ce pouvoir qu’à garder vivant le message spirituel de l’islam.
Comme le dit Tarek Fatah: «Quand les musulmans ont enterré le Prophète, ils ont enterré aussi plusieurs des grandes valeurs spirituelles qu’il avait prêchées». Il ajoute: «L’histoire de l’islam peut être considérée essentiellement comme une lutte de pouvoir où des hommes se sont entretués pour revêtir le manteau de Mahomet.»
C’est pourquoi Hussein et la famille du Prophète ont refusé de prêter le serment d’allégeance à un tyran cruel, le calife Yazid, et à cause de ce refus, ils furent brutalement assassinés. Faut-il s’étonner que la décapitation soit la méthode préférée d’al-Qaida pour tuer des gens?
Ou que plus de civils innocents, femmes et enfants, ont été tués dans des actes de barbarie et de terrorisme par des musulmans.
Je suis très étonné que cette tranche de l’histoire de l’islam ne fasse jamais l’objet de discussions franches et approfondies. Quand des musulmans inquiets en parlent, ils sont aussitôt qualifiés d’hérétiques Lors d’un récent débat à la CBC entre Tarek Fatah et Ibrahim Hooper du groupe CAIR, Fatah a été qualifié «d’extrémiste» et de «marionnette des conservateurs» pour avoir soutenu que les musulmans doivent assumer la responsabilité des actions de leurs enfants.
Des organisations comme CAIR, qui sont bien financées, aiment à susciter la confusion dans les esprits des musulmans en faisant avancer avant leurs propres objectifs. Rarement, ils discutent ou condamnent ouvertement les causes de la violence armée.
Alors que la tragédie de Karbala était remémorée par certains musulmans, se déroulait à Toronto une conférence d’islamistes soi-disant pour «Sauver le Bateau de l’Humanité». Aucun des conférenciers n’aurait pu parler de l’assassinat du petit-fils du Prophète.
Je doute que les leçons à tirer de cette tragédie historique ont été discutées à cette conférence. Si on l’avait fait, peut-être qu’on aurait établi un lien entre la violence des premières années de l’islam et les actes terroristes d’aujourd’hui, des actes comme celui d’Umar Farouk Abudualmutallib.
Le père de ce jeune terroriste était si préoccupé des idées de son fils qu’il a prévenu les autorités américaines. Ne devrions-nous pas, nous aussi, musulmans, nous préoccuper de protéger nos enfants influencés par le djihad armé? Cet endoctrinement existe. Nous le savons avec certitude à cause des aveux de jeunes musulmans impliqués dans des complots terroristes suscités par le besoin de tuer ou de blesser des Canadiens au nom de l’islam.
Sinon, quelles que soient le nombre de conférences organisées sous le thème du «Renouveau de l’islam», d’autres Umar Farouk Abdulmutallib surgiront au sein de nos communautés et tenteront de faire exploser des avions en invoquant notre foi. Car c’est seulement NOUS qui pouvons faire quelque chose à ce sujet et cette responsabilité nous incombe entièrement. Le déni et le silence actuel sont impressionnants.
Réveillez-vous, musulmans et respirer l’odeur du café yéménite.
Lire aussi:
Conférence publique de Point de BASCULE: Raheel Raza : L’islam politique menace nos libertés
Un Canada divisible à l’infini, par Raheel Raza
Les Canadiens ont rejeté les candidats islamistes, par Raheel Raza
Conférence publique de Point de BASCULE L’islam politique menace nos libertés
Rapport du Front nordique : Montréal Revisité, par David B. Harris
L’éléphant islamiste dans la pièce qu’aucun politicien ne veut voir, par Barbara Kay
Salim Mansour: “Nous, musulmans, avons du travail à faire”