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Présentation du colloque Le halal dans tous ses états
Adresse originale : http://www.celat.ulaval.ca/wp-content/uploads/2012/10/colloque27juillet2012.pdf
Université du Québec à Montréal
24-25 octobre 2012 (Ce document déclare du 24 au 27 octobre 2012)
COLLOQUE INTERNATIONAL ET INTERDISCIPLINAIRE
« Le halal dans tous ses états.
La problématique de la consommation halal en
Occident et en contexte d’islam minoritaire : normes,
objets, acteurs, enjeux, discours et vivre-ensemble »
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DATE : Du 24 au 27 octobre 2012
(Ce colloque DEVAIT SE TENIR EN MAI 2012 à l’Université du Québec à Chicoutimi)
LIEU : Université du Québec à Montréal (UQÀM)
279, rue Sainte-Catherine Est, Montréal, Québec, H3C 3P8, CANADA.
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Contexte
L’explosion des produits et services halal est devenue un fait statistique, économique,
commercial et politique de plus en plus débattu dans les espaces publics des pays nonmusulmans.
Il y a, aujourd’hui, dans ces pays, une demande de compréhension, d’évaluation
et de réglementation de la question halal face aux nombreuses interrogations qu’elle suscite
de la part des citoyens, des organismes et services, des décideurs confrontés sous des formes
différentes à la consommation halal et aux débats de société auxquels elle donne lieu. La
demande de halal pose des questions d’équilibre entre reconnaissance et intégration de
minorités religieuses, d’une part et, d’autre part, de limites de l’espace public global. Elle est
ainsi une autre dimension de l’interrogation de la capacité des démocraties laïques à
accommoder de nouvelles exigences issues du pluralisme religieux mais aussi de la capacité
des populations musulmanes à s’intégrer dans les pays d’accueil.
Le colloque se propose de réunir des chercheurs de différents horizons géographiques
et de différentes disciplines ainsi que des acteurs issus du monde non académique pour faire
le point sur les interrogations et les défis que la consommation halal soulève dans les pays
occidentaux où vivent des minorités musulmanes et où l’institutionnalisation de l’islam et sa
visibilité dans l’espace public se heurtent à de nombreuses difficultés.
Le colloque est organisé par la Chaire d’enseignement et de recherches interethniques
et interculturels (CERII) de l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) en collaboration
avec le Centre interuniversitaire et interdisciplinaire d’études sur les arts, lettres et traditions
(CELAT), l’Université du Québec à Montréal (UQÀM), l’Institut national de recherche
scientifique – Urbanisation, culture et sociétés (INRS-UCS) et l’entreprise Markethnic de
Montréal. Il est financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada
(CRSH), l’UQAC et le CELAT.
Descriptif
La problématique de la consommation halal comme défi de recherche
La majorité des pays occidentaux abritant des populations de religion musulmane
font face aux défis de l’intégration de ces communautés et de la présence de cette religion
dans l’espace public ainsi que de son institutionnalisation. La revue de la littérature sur
cette présence musulmane indique des lieux privilégiés de focalisation de la recherche :
les discours médiatiques, les controverses politiques et l’adoption de mesures
réglementaires sur les questions de terrorisme et de sécurité, les activités des groupes
militants (islam politique), le rôle et la place de la femme musulmane, le port et la
visibilité des symboles religieux (voile, hidjab et niqab/burqa) ou l’aménagement de lieux
de culte (minarets, mosquées, cimetières). Ces pistes de réflexion, bien qu’importantes,
n’épuisent cependant pas l’étendue des défis. Le marché, les services et la consommation
halal ainsi que leurs relations avec le vivre-ensemble commencent à occuper une place
timide mais non négligeable dans la recherche. C’est ainsi que des disciplines des
sciences humaines et sociales autres que les sciences économiques et de la gestion (qui se
sont préoccupées de la finance islamique) s’intéressent aujourd’hui à ce phénomène de
société.
La démultiplication foisonnante de commerces qui proposent des produits halal et
l’apparition concomitante et tout aussi croissante des usages « halal » : « dentifrice
halal ». « halal 100% sans alcool », « bonbon halal », « bouillon halal », « business
halal », « sexe halal », « cosmétique halal », « certification halal », « produits financiers
halal », etc. montrent que la « problématique halal » n’est pas stable, et encore moins
figée ou achevée mais inscrite, particulièrement dans les sociétés non-musulmanes, dans
des processus d’invention, de fabrication, et de reformulation qui bougent nos repères
ordinaires et, dans le même mouvement, nous obligent à penser ou repenser le sens, ainsi
que l’évolution, à notre époque, des notions de vivre-ensemble, de tabou, d’orthodoxie,
etc. C’est d’ailleurs parce qu’il est dans une phase de construction qui suscite de
multiples questionnements au carrefour de l’économique, du sociologique, du politique,
de l’ethnique, du théologique, de l’éthique que nous parlons à dessein de « problématique
halal » pour au moins en suggérer la diversité, la complexité et la transversalité.
La consommation des produits halal (alimentation, finance, cosmétiques, etc.)
devient de plus en plus une préoccupation de recherche dans les études sur l’islam en
Occident. Cette pratique peut parfois déstabiliser des sociétés dans lesquelles, d’une part,
les institutions religieuses ont perdu de leur influence sociale et, d’autre part, le
christianisme moderne a lui-même tenté de dépasser la problématique du licite et de
l’illicite dans l’alimentation. Ainsi, les revendications de repas (halal ou casher) liées à
des interdits alimentaires révèlent en creux combien les sociétés occidentales sont
devenues sécularisées. Devant ces revendications, elles se trouvent confrontées à une
revitalisation des pratiques de consommation marquées par la religion. Ces
revendications servent aussi, chez certains citoyens ou groupes, de toile de fond à une
surenchère idéologique destinée à démontrer que les sociétés occidentales, dans
lesquelles vivent des populations musulmanes, seraient en proie à une islamisation
rampante, dont l’essor des boucheries dites halal serait l’un des indices au même titre que
le port du voile, la construction de mosquées et la demande de cimetières.
Axes d’interrogation
Le colloque s’attardera à comprendre les multiples motivations qui sont à la
source de la visibilité et de la demande croissante de la consommation halal dans les
communautés musulmanes dans les pays occidentaux d’immigration.
- Quelles formes de religiosités émergent de cette pratique ?
- Cette tendance est-elle l’expression d’un raffermissement de la pratique religieuse ouest-elle révélatrice d’autres lieux de détermination (ethnique, politique, identitaire, militant) ?
- Quels sont les lieux de controverses et de tensions qui émergent de cette autre forme de « visibilisation » de l’islam dans les pays occidentaux et dans l’espace public ?
- Comment s’opèrent la taxonomie et la délimitation des interdits (interdiction ferme, interdiction soumise à condition ou réserve, interdiction absolue ou ponctuelle, etc.) ?
- En quoi les glissements entre l’interdit, l’aboli, le permis, l’admis, etc. et l’énonciation de ces « tabous » (« il est défendu de… », « il ne vous est pas permis de… », « abstenez-vous de… », « vous sont interdits… », etc.) ouvrent-ils des espaces d’exception et de dérogation, d’aménagement et d’accommodement ?
- Quels sont les enjeux qui se cachent derrière les jeux « d’opposition » et de « collaboration » entre « l’islam occidental » et le « marché » ?
- Sur un plan argumentatif, comment s’opère l’inscription de la demande halal, par les acteurs islamiques, dans les champs discursifs de la laïcité, de la tolérance, du droit à la différence, de l’éthique, de la santé publique, etc. ? Cette dernière question peut dévoiler l’approche « rationnelle » et dialectique des normes chez les acteurs islamiques et la densité du tissu dialogique qui lie ces acteurs islamiques aux pouvoirs publics et à leurs concitoyens y compris leurs coreligionnaires. Les interactions montrant, d’un côte comme de l’autre, toute autre chose que les positionnements dogmatiques et monolithiques que les médias mettent en exergue.
Replacées dans le contexte où une génération de musulmans natifs revendique sa
citoyenneté et les droits qu’elle lui confère, mais dont la demande de reconnaissance et
d’affichage d’islam (revendications de carrés musulmans, d’aumôneries musulmanes
dans les prisons, de lieux de culte, etc.) tranchent d’avec « l’islam discret » des pèresmigrants
au point de provoquer incompréhension, tension et opposition dans les sociétés
non-musulmanes, les revendications de nourriture halal dans les hôpitaux, les cantines,
les avions, les garderies, etc. constituent une entrée précieuse et originale à même
d’élargir ou de reconfigurer la réflexion sur la condition minoritaire dans des sociétés
pluralistes et séculières. Dans le contexte d’un repli identitaire ou communautaire, en
quoi le halal fait-il partie des pratiques compensatoires (Gilles Kepel) censées raccorder
les liens ? Dans quelle mesure, la consommation halal peut aussi bien relever d’un désir
de singularisation que d’une attitude de divergence ?
En partant de ces questionnements, le colloque pourra explorer les pistes suivantes :
- Halal : normes religieuses, enjeux spirituels, enjeux éthiques et champs d’application ;
- Halal : diversification, ambiguïté et clarification d’un concept ;
- Encadrement institutionnel, mesures réglementaires (certification) et réponses des pouvoirs publics aux revendications ;
- Enjeux économiques, religieux, identitaires, défis d’intégration et vivre-ensemble ;
- Structuration du marché du halal : acteurs, produits, circulation, certification, réglementations ;
- Symbolique islamique, demande sociale et logique mercantile.
Comité scientifique
Khadiyatoulah Fall (CERII-UQAC, Québec, Canada)
Denise Helly, (INRS-UCS, Montréal, Canada)
Mamadou Dimé (CERII et Université Gaston Berger de Saint-Louis, Sénégal)
Mouhamed Ly (CERII-CELAT et IFAN-UCAD, Dakar, Sénégal)
Bouazza Macche (Markethnic, Montréal, Canada)
Laurier Turgeon (CELAT, Chaire de recherche du Canada en patrimoine, Université Laval)
Daniel Arsenault (CELAT-UQAM, Montréal, Canada)
Comité d’organisation
Khadiyatoulah Fall (CERII/CELAT), kfall@uqac.ca
Denise Helly, (INRS-UCS), denise.helly@ucs.inrs.ca
Soukeyna Sar (CERII), ssar@uqac.ca, soukeynasar@gmail.com
Celia Forget (CELAT), celia.forget@celat.ulaval.ca
Mouhamed Ly (CERII-CELAT), mouhaly@gmail.com
Mamadou Dimé (CERII), mdn.dime@gmail.com
Serigne Saliou Diagne (UQAC), diagnard@gmail.com
Mariza Rosales Argonza (CELAT/UQAM), rosales_argonza.mariza@uqam.ca
Contacts
Khadiyatoulah Fall, CERII et CELAT, Université du Québec à Chicoutimi, 555,
Boulevard de l’Université, Chicoutimi (Québec), Canada, G7H 2B1
Téléphone : (1) 418 545 5011 poste 5633 ou 5522 Télécopieur : (1) 418 545 5430 ou (1)
418 545 5012, kfall@uqac.ca