Point de Bascule vous présente deux articles portant sur l’excision du clitoris et sur les autres procédures de mutilation génitale qui l’accompagnent fréquemment. Autrefois confinées à l’Afrique et à l’Asie, ces pratiques sont rapportées de plus en plus fréquemment en Europe, en Amérique du Nord et en Australie. C’est évidemment la conséquence d’une forte immigration en provenance de pays où sévissent ces coutumes.
Réagissant à la nouvelle situation sur son territoire, l’American Academy of Pediatrics (l’Académie américaine de pédiatrie) proposa récemment d’autoriser ses membres à pratiquer une incision symbolique du clitoris (ceremonial pinprick) en guise de solution alternative à l’excision complète.
Ayaan Hirsi Ali, elle-même victime d’une excision et d’une infibulation à l’âge de cinq ans, s’objecta à la proposition dans un article publié sur le site TheDailyBeast.com. Elle contesta la proposition des pédiatres en rappelant qu’un des buts poursuivis par les parents qui font infibuler leurs filles est d’assurer leur virginité et qu’une perforation symbolique du clitoris ne réussira pas à satisfaire les parents de ce côté. Elle prévoyait qu’après un éventuel rituel (légal) aux États-Unis, plusieurs parents enverraient (ou continueraient d’envoyer) leurs filles à l’étranger afin qu’elles subissent la procédure (illégale) garante de virginité.
En 2009, le site Bivouac consacra un article à cette réalité (L’Égypte, destination vacances pour petites filles à exciser).
Quelques semaines après qu’Hirsi Ali et d’autres activistes se soient manifestés, l’association de pédiatres américains abandonna sa proposition et résolut de consacrer son énergie à exposer les dangers que les mutilations génitales représentent pour la santé et la vie des jeunes filles.
Point de Bascule vous présente une traduction française de l’article d’Ayaan Hirsi Ali.
ARTICLE 1
Pourquoi les médecins américains mutilent-ils les filles?
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Au Québec, en juillet 2006, Le Journal du Barreau (p. 11) publia l’article d’un de ses membres (Me Jean C. Hébert) qui plaidait également pour l’incision symbolique. Daniel Weinstock, un ancien conseiller de la Commission Bouchard-Taylor alla dans le même sens lors d’une conférence qu’il prononça à l’Université Berkeley le 8 mai 2009 (vidéo 26:00). Les deux défendent ces accommodements en les présentant comme des solutions du moindre mal.
Puisque Youssef al-Qaradawi et d’autres exégètes de l’islam qui justifient l’excision commandent de tuer les apostats de l’islam (islamonline.net), les homosexuels (vidéo 5:27) et les Juifs (vidéo), faudra-t-il trouver des accommodements qui puissent les satisfaire dans ces cas-là également? Daniel Weinstock suggérera-t-il de « simplement » battre ceux qu’al-Qaradawi demande de tuer en plaidant que sa solution est moins extrême que celle du leader islamiste?
Le viol existe sans doute depuis plus longtemps que l’excision. Si on suit la logique qui veut qu’on doive accommoder ceux qui ont des comportements qu’on n’arrivera sans doute pas à éradiquer complètement, il faudrait également penser accommoder les violeurs en puissance.
Si l’intégrité physique des enfants ne mérite pas d’être défendue sans compromis, y a-t-il quelque chose qui mérite de l’être dans l’esprit de nos relativistes culturels?
La technique des pieds bandés imposée aux jeunes filles a aujourd’hui disparu de Chine après y avoir prévalu durant un millénaire. En rapprochant cette situation de celles des mutilations génitales, il n’est pas invraisemblable de croire que cette dernière situation puisse également cesser éventuellement.
Quoiqu’il en soit, ce n’est certainement pas en cautionnant ces activités qu’on se rapprochera de l’objectif.
D’autres défenseurs non-musulmans de l’excision vont encore plus loin. Ils soutiennent que l’opposition aux mutilations génitales ne serait qu’un relent du colonialisme des siècles passés. Des anthropologues réunis en congrès à Washington en 2007 défendirent cette thèse. Point de Bascule traduisit à l’époque l’essentiel d’un rapport que le New York Times consacra à l’événement.
Comme le rappelait Bivouac dans l’article mentionné précédemment, « l’excision n’est pas le fait de tous les pays musulmans. Mais là où l’excision se pratique, l’Islam n’est jamais bien loin. » S’il est historiquement exact que les mutilations génitales précédèrent l’arrivée de l’islam, il n’en est pas moins vrai d’affirmer que jamais celles-ci n’auraient pu survivre aussi longtemps (quatorze siècles) dans des pays à forte majorité musulmane sans que les experts de la religion ne leur donnent un fondement doctrinal islamique. C’est ce à quoi se consacrèrent de nombreux exégètes comme Ibn Taymiyya (1263 – 1328), Ahmad ibn Naqib al-Misri (1302-1367) et Youssef al-Qaradawi (né en 1926), etc.
Dans l’introduction de son classique The Lawful and Prohibited in Islam (Le licite et l’illicite en islam), al-Qaradawi condamne ceux qui défendent ce que permet l’islam. C’est précisément en invoquant ce principe que le groupe parlementaire des Frères Musulmans au Caire s’opposa récemment au gouvernement égyptien qui cherchait à criminaliser les mutilations génitales.
Dans le second article que vous propose Point de Bascule, Étienne Harvey revient sur les arguments invoqués par Ibn Taymiyya, al-Misri et al-Qaradawi pour justifier la mutilation génitale des jeunes femmes.
ARTICLE 2
Quand les « savants musulmans » justifient les mutilations génitales féminines
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