Depuis sa cellule de San Diego, Saïd Jaziri dirige toujours la mosquée de Montréal qu’il avait fondée. Ceux qui la fréquentent désirent que la famille de Jaziri en remette le contrôle à un conseil d’administration élu. Ils accusent également leur ancien imam de détournement de fonds.
Original English Version HERE (via BlazingCatFur)
Les récents développements concernant Saïd Jaziri ont été publiés par The Gazette (Montréal) le 24 novembre 2011.
Controversial, deported imam still calling shots at Montreal mosque, say elders (Un imam controversé et déporté du Canada dirige toujours une mosquée de Montréal)
(Traduction PdeB) «Un imam musulman déporté du Canada en 2007 dirige toujours une mosquée de Montréal depuis sa cellule dans une prison américaine, soutiennent ceux qui fréquentent toujours sa mosquée.»
«Des membres de l’Association coranique de Montréal, qui dirige la mosquée al-Qods, prépare une manifestation pour vendredi le 25 à 12:30.»
«Saïd Jaziri est détenu à San Diego depuis janvier dernier. Les gardes-frontières américains l’avaient pincé alors qu’il tentait d’entrer illégalement aux États-Unis, dissimulé dans le coffre arrière d’une voiture.»
«Ceux qui fréquentent sa mosquée déclarent que tout cela n’empêche pas l’imam controversé d’exercer un plein contrôle sur la mosquée de Rosemont et le centre communautaire qu’il a fondés en 2000.»
«Ils demandent que l’épouse de Jaziri, ses deux frères et son beau-frère abandonnent leur contrôle de la place et remettent les clés des lieux à un conseil de direction élu.»
«Les membres de la mosquée, populaire chez les Nord-Africains, ont donné des centaines de milliers de dollars chaque année mais n’ont pas un mot à dire sur la façon dont cet argent est dépensé, a déclaré Mohamed Khouadri, un des quatre leaders qui contestent le leadership de Jaziri.»
(…) «Selon les membres de la communauté, Jaziri a investi les sommes qu’il a recueillies dans l’immobilier. Ils mentionnent qu’il possèderait un immeuble à Montréal et des terrains à St-Eustache.»
Les péripéties de Saïd Jaziri
En 1991, Saïd Jaziri avait été condamné par contumace en Tunisie à trois mois de prison pour son appartenance à l’organisation islamiste Ennahda liée aux Frères Musulmans. En 1994, il a été condamné par défaut en France à 18 mois de prison ferme avec mandat d’arrêt pour complicité à des coups et blessures volontaires et dommages à la propriété.
Après sa peine, Jaziri a été transféré en Tunisie puis est revenu illégalement en France en 1995. Il a alors été condamné à huit mois de prison. En 1996, il a été arrêté à l’aéroport de Bruxelles alors qu’il tentait de prendre un avion à destination de Montréal avec un faux passeport.
Il arriva éventuellement au Canada via Londres avec un autre faux passeport. En 1997, Jaziri s’installa à Montréal et obtint, un an plus tard, son statut de réfugié.
Le 22 juin 2006, Jaziri perdit son statut de réfugié parce qu’il avait menti aux autorités canadiennes en ne déclarant pas qu’il avait un dossier criminel en France et qu’il avait été expulsé vers la Tunisie.
Le 15 octobre 2007, Jaziri a été arrêté par l’agence des services frontaliers du Canada en infraction avec la loi sur l’immigration avant d’être expulsé quelques jours plus tard.
Jaziri défendu par l’Association des droits de la personne au Maghreb en 2007
Au moment où les autorités canadiennes s’apprêtaient à expulser Jaziri du Canada en 2007, l’Association des droits de la personne au Maghreb (ADPM) organisa des pressions en sa faveur. Plusieurs expatriés tunisiens vivant au Canada font partie de l’ADPM, notamment Jamel Jani. À titre de porte-parole de l’ADPM, il avait rencontré La Presse à l’époque (23 octobre 2007) pour protester contre l’expulsion de Jaziri du Canada. Au même moment, Jamel Jani était conseiller de Meili Faille, la critique du Bloc Québécois en matière d’immigration à Ottawa.
Le journaliste Taïeb Moalla, à l’époque à MediaMatinQuébec.com et également membre de l’ADPM, avait défendu Jaziri en affirmant que «les risques pour son intégrité physique sont réels» s’il devait être envoyé en Tunisie.
Taïeb Moalla (MediaMatinQuébec.com) : Ne pas expulser Saïd Jaziri : un devoir moral
Presque deux ans après le retour de Jaziri en Tunisie, Marc Thibodeau de La Presse avait contacté Jaziri pour faire un suivi sur son cas. Ce dernier avait alors indiqué n’avoir «pas de problème» avec le gouvernement local ajoutant que «la Tunisie a été beaucoup plus humaine avec moi que le Canada».
Marc Thibodeau (La Presse – 6 août 2009) : Jaziri sert de faire-valoir au régime
Lors d’un débat électoral qui s’est déroulé à Montréal le 16 avril 2011, le représentant d’Ennahda, Mohamed Zrig, a été identifié comme le secrétaire-général de l’ADPM (vidéo 19:25). M. Zrig a également été identifié comme un représentant de l’ADPM en 2002, 2003 et 2004.
Références supplémentaires
Los Angeles Times : Controversial Muslim cleric is arrested while sneaking into the U.S. (Un imam controversé arrêté alors qu’il tentait d’entrer illégalement aux États-Unis)
Jaziri c.Canada 2007 CF 1086 (CanLII)
Fabrice de Pierrebourg, Montréalistan – Enquête sur la mouvance islamiste, Montréal, Stanké, 2007