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Lettre signée par des individus et des organisations liés aux Frères Musulmans qui demandent le retrait de la motion anti-charia adoptée unanimement par l’Assemblée nationale du Québec
English version HERE
Référence : Le Devoir, 15 septembre 2005, p. A6
Extrait :
Au nom de quel principe peut-on accepter qu’une voix s’exprime à l’Assemblée nationale pour jeter le doute sur une communauté en prétendant qu’il existe en son sein des groupes radicaux sans pour autant indiquer clairement de qui elle parle? En effet, qui est visé par ces accusations anonymes, aussi gratuites que dangereuses?
Titre original : Une motion à retirer
Signataires :
Forum Musulman Canadien
Présence Musulmane Montréal
Astrolabe
Association de femmes musulmanes AVIS
Fondation Internationale Azzahra
Association culturelle islamique de l’Estrie
Centre Islamique Badr
Fred A. Reed, auteur et journaliste
Association Internationale pour la Fraternité Amazigh
Roksana Bahramitash, auteure et chercheuse
United Muslim Students Association
Amir M. Maasoum, chercheur et président du Centre des ressources sur la non-violence
Muslim Association of Canada
Islamic Center of Quebec
Centre culturel musulman de Montreal
Association Rissala
Mosquée Abu-Bakr
Mosquée Eshoura
Mensuel al-Hijra
Regroupement des Algériens du Canada
Mosquée de Montréal
Farouk Baroudi, membre du Comité consultatif d’experts auprès du Comité sur les affaires religieuses du ministère de l’Éducation du Québec
The Message of Islam Foundation
Regroupement des Marocains du Canada
Canadian Council on Islamic Relations-Canada (CAIR-CAN)
Association des services sociaux islamiques-Canada (ISSA)
Nous sommes tous des Québécois. De diverses origines ethniques ou religieuses, mais tous de coeur et d’adoption, et contre l’injustice et la discrimination. C’est notre attachement à ce pays et à ses valeurs citoyennes qui explique notre dépit face à la motion du 26 mai adoptée par l’Assemblée nationale au sujet des «tribunaux islamiques». Au nom de la Charte québécoise des droits et libertés de la personne, nous condamnons cette motion qui stigmatise les citoyens de confession musulmane et exprime une discrimination à l’encontre de leur religion. Et nous demandons son retrait.
Alors que, en 1832, sous l’impulsion des Patriotes et de Louis-Joseph Papineau, notre assemblée avait défié les préjugés ayant cours dans l’empire britannique en se dotant d’une loi de pleine émancipation politique des juifs plus de 25 ans avant Londres, cette formidable tradition de promotion des droits et libertés se trouve malheureusement brisée aujourd’hui.
Au nom de quel principe peut-on accepter qu’une voix s’exprime à l’Assemblée nationale pour jeter le doute sur une communauté en prétendant qu’il existe en son sein des groupes radicaux sans pour autant indiquer clairement de qui elle parle? En effet, qui est visé par ces accusations anonymes, aussi gratuites que dangereuses?
Il ne s’agit pas ici de débattre la question des «tribunaux islamiques» ou celle de l’arbitrage religieux. Si un tel débat devait avoir lieu un jour, les signataires de cette déclaration prendraient position selon leur lecture des intérêts de la société québécoise et des besoins de ses communautés ethniques et religieuses. Ce débat doit être honnête et juste. Il doit permettre aux positions des uns et des autres d’êtres (sic) exprimées sans diabolisation aucune.
C’est pourquoi nous rappelons également aux médias et aux journalistes leur responsabilité civique. Nous pensons que les médias et les journalistes ne peuvent pas, sans trahir leur mission, continuer à prêter l’oreille exclusivement aux personnes disposées à ne dire que ce que leurs hôtes souhaitent entendre.
Alors que nous savons que l’arbitrage religieux n’est pas permis par les lois du Québec, est-il manifeste que la motion ne constitue pas l’expression la plus «accueillante» pour les concitoyens musulmans qui, au mieux de leurs moyens, tentent d’intégrer positivement la société québécoise tout en restant fidèles à leur foi?
Nous interpellons donc la société civile et politique au Québec pour qu’elle condamne une motion qui exprime une discrimination religieuse en rupture avec les principes de la Charte des droits et libertés et les valeurs de justice et de dignité. Qu’ils soient athées, agnostiques, chrétiens, juifs, bouddhistes ou musulmans, nous invitons nos concitoyens à prendre position et à demander le retrait de cette motion.
Au delà des discours des marchands de peur et de méfiance, il est temps de revenir aux valeurs universelles d’ouverture, de justice et d’égalité qui caractérisent le Québec.