La police et les agents de sécurité sur toute la planète en parlent depuis des années : Internet a permis la normalisation des tendances djihadistes de la jeunesse musulmane occidentale. C’est très alarmant lorsqu’on le voit à travers un procès chez nous, et aussi de constater l’infiltration de nos institutions. Khawaja travaillait pour le Ministère canadien des Affaires étrangères et du Commerce international.
Compte rendu du procès du présumé terroriste Mohammad Momim Khawaja à Ottawa. Lisez aussi: Canada – “Les kuffars (infidèles) sont des traîtres”, selon le présumé terroriste Khawaja. Notez qu’on ne parle pas ici d’une jeunesse peu éduquée et marginalisée. C’est tout le contraire!
La journaliste dont nous traduisons l’article conclut avec ces mots révélateurs: Pas une âme ne semble lui avoir dit, «Frère, tu sais que cela n’est pas sanctionné par le Coran» .
Traduction de: ‘Down with the J,’ and out of their senses, par Christie Blatchford, le Globe and Mail, le 24 juin 2008
OTTAWA – Dans le nouveau monde sans frontières du djihad et des militants terroristes en herbe et de ceux qui les aiment – appelez-le djihadiland, et sachez qu’il n’a pas de lieu physique ou de base géographique, mais vit plutôt dans le cœur des croyants – tout est sens dessus dessous.
De tous les détails juteux qui émergent de la première journée du procès de Mohammad Momin Khawaja, aucun ne peut mieux refléter cette vision de la nature mondiale du djihad moderne.
La police et les agents de sécurité sur toute la planète en parlent depuis des années – la façon dont l’Internet a permis la normalisation des tendances djihadistes de la jeunesse musulmane occidentale, un peu comme il l’a fait pour les pédophiles, donnant un sentiment de communauté et renforçant les buts – mais c’est très alarmant lorsqu’on le voit de près.
Exemple: Si blanc n’est pas noir dans ce monde inversé, brun l’est – les gars dont la plupart sont d’origine pakistanaise accumulent des air miles, sautant facilement d’Ottawa et de New York à Londres et Lahore et dans un camp d’entraînement dans le nord du Pakistan et en Afghanistan, s’appellent entre eux «nègres» ou «frères».
Exemple: Il revient à la maman, comme pour les mères partout dans le monde, de soulever les questions les plus délicates concernant une future épouse.
Mais dans djihadiland, apparemment, la maman ne s’enquière pas de ses parents ou de son éducation ou même de sa virginité. Elle demande, comme l’aurait fait la mère du canadien Momin Khawaja, si la jeune femme est sympathique au djihad.
«Ma mère veut s’assurer», a dit M. Khawaja à une jeune fille dans un email le 4 octobre 2003, «que vous étiez pour le J [djihad] et ma participation dans celui-ci».
Mme Khawaja était juste prudente. Les mères ne veulent-elles pas toujours le meilleur pour leurs enfants? M. Khawaja a par la suite annulé ce projet de mariage, et flirtait déjà en ligne avec une autre «J» groupie.
Exemple: Comme pour d’autres personnes en Occident, dans le djihadiland les attaques terroristes du 11/9, et plus tard, les attentats de Madrid en 2004 et les attentats à la bombe du métro de Londres en 2005, ont inspiré de profondes réactions émotionnelles et une volonté de combattre l’ennemi.
Prenez Mohammed Junaid Babar, l’agent d’Al Qaida élevé à New York puis devenu informateur, qui a témoigné au procès britannique qui a précédé celui de M. Kawaja et vu cinq de ses prétendus amis recevoir des peines de 20 ans, ainsi qu’au procès de M. Khawaja qui, à la manière bien canadienne, a commencé pour de bon seulement hier.
La mère de M. Babar travaillait au World Trade Center lorsque les deux avions se sont encastrés dans les tours jumelles, et elle s’en est sortie vivante. En d’autres termes, les pirates de l’air musulmans aux commandes de ces avions l’ont manquée de près.
M. Babar a été immédiatement inspiré de se rendre en Afghanistan, non pas pour lutter contre les gars qui ont failli tuer sa mère, mais contre les sales kuffars, ou infidèles, que les pirates de l’air avaient attaqués.
Il est l’inverse du personnage de fiction français, l’éléphant Babar qui a quitté la jungle, s’est rendu en ville et est revenu avec les avantages de la civilisation pour ses collègues éléphants. M. Babar a quitté Manhattan, s’est rendu dans la région sauvage du nord du Pakistan, ce qui a renforcé son désir de réduire la civilisation en miettes.
Dans la semaine qui a suivi le 11/9, a témoigné M. Babar hier, il était en route vers le Pakistan, espérant entrer en Afghanistan. Il n’était pas seul. Il a donné une liste de compagnons de voyage rencontrés soit à Londres ou Islamabad ou Lahore qui a amené le juge Douglas Rutherford de la Cour supérieure de l’Ontario à demander aux procureurs un guide Who’s Who.
Un autre des petits amis terroristes de M. Khawaja a critiqué les attentats de Madrid seulement parce qu’ils n’avaient pas eu lieu en juin. Si Madrid est splendide en mars, a-t-il dit, imaginez comme c’est fantastique en juin, la saison touristique de pointe, «avec toutes ces personnes en vacances».
M. Khawaja fait face à sept accusations de terrorisme en relation avec le même complot à la bombe aux fertilisants qui a vu cinq de ses amis arrêtés, inculpés et condamnés à Londres. Il est âgé de 29 ans, avec une chevelure brun foncé longue séparée au milieu, et a prononcé 14 mots hier – «Non coupable» sept fois. Des journalistes de la radio ont rapporté qu’il a parlé avec une voix «claire et ferme», comme si cela signifiait qu’il était plus innocent que tous. Sa famille était présente au tribunal.
Bien que le groupe a été arrêté pour un complot spécifique, ils ont parlé d’autres cibles possibles, allant de l’assassinat du Président du Pakistan Pervez Musharraf à l’envoi d’un homme en Israël sur une mission-suicide, jusqu’à des opérations de rêve telles que la contamination des cours d’eau anglais avec du poison, l’empoisonnement de la bière vendue dans des stades de football (combien britannique!) ou l’ouverture de stands de restauration rapide qui vendent – devinez quoi! – de la nourriture empoisonnée.
L’anglais new-yorkais de M. Babar surgissait parfois hier. Un de ses nombreux noms était Big Dawg, un clin d’oeil à ses racines new-yorkaises, je suppose. Il prononce la lettre Z comme «zee» à la bonne vieille manière américaine. L’un des autres frères était surnommé Fat Git, git étant en argot britannique classique quelqu’un qui n’est pas aimable. Un autre a dit au sujet de Madrid, dans ce magnifique mélange de langues si britannique, «L’Espagne était du beau travail, n’est-ce pas?»
Leur « occidentalisation » collective ne fait pas de doute, et n’est pas une source de réconfort pour nous. M. Khawaja, par exemple, travaillait comme employé contractuel pour le Ministère canadien des Affaires étrangères et du Commerce international, ou MAECI. Après son arrestation et l’exécution de mandats de perquisition à son poste de travail aux bureaux du MAECI sur la rue Albert à Ottawa, et à la résidence de ses parents à Ottawa, la police a découvert qu’il aurait utilisé son ordinateur de bureau pour transmettre des e-mails à d’autres membres de la cellule terroriste.
L’écoute électronique et les e-mails qui formaient une grande partie de la preuve dans le cas britannique, et ici aussi, ont montré qu’il considérait utiliser le système de courrier interne du MAECI pour expédier un prototype de son «Hi-Fi Digimonster» – un détonateur contrôlé à distance qu’il a construit – aux membres du groupe à Londres.
Mais une fois, lors du passage à travers ce qu’il appelait les inconvénients habituels de la douane britannique (on espère qu’il n’a pas été victime de profilage racial), M. Khawaja a produit sa carte d’employé du MAECI comme preuve de sa bonne foi.
Il aurait convaincu une femme musulmane d’Ottawa de faire des transactions bancaires terroristes pour lui (elle témoignera plus tard) et une fois il a dit à l’ex-fiancée (elle témoignera par liaison vidéo) que «Pas un jour ne passe sans que je souhaite être sur la ligne de front avec les moudjahidines» et que «les morts de civils sont inévitables et permissibles dans le Coran». Il aurait dit à la fiancée de remplacement en ligne que Osama bin Laden était pour lui «une personne bien-aimée» et qu’il aspirait à «embrasser sa main bien-aimée». Quand il a entendu une fois que les troupes pakistanaises avaient coincé des membres d’Al-Qaida, il était au téléphone avec le chef de cellule et lui a proposé de voler à leur rescousse.
Et de toutes les personnes dans tous les lieux où est allé M. Khawaja, en personne ou en ligne, à Ottawa ou à Londres ou au Pakistan ou dans le cyberespace, la résistance la plus acharnée qu’il semble avoir rencontrée consistait en des mises en garde douces et qualifiées – de calmer sa rhétorique ou de prendre plus de précautions.
Pas une âme ne semble lui avoir dit, «Frère, tu sais que cela n’est pas sanctionné par le Coran».
Voir aussi:
Canada – “Les kuffars (infidèles) sont des traîtres”, selon le présumé terroriste Khawaja