Par David H.Harris
Publié dans le Ottawa Citizen le 11 aoôt 2010
Adaptaion au français de Security officials are afraid to look out for our safety par PdeBascule
Lorsque des ministres du gouvernement décident d’adopter un ton ministériel, le résultat peut être un étrange mélange de véritables sons et de bruits ambigus. C’est ce qu’on a pu entendre au cours de la fin chaotique de John Baird comme ministre des transports, alors qu’il se débattait avec les contrôles de sécurité aérienne des voyageurs au visage voilé.
«100% des passagers doivent être contrôlés à la porte d’embarquement», a-t-il déclaré. «Il y a une loi pour tous».
Cela ressemble parfaitement à une politique gouvernementale très claire. Mais l’est-ce vraiment ?
Malheureusement, il y a une ambiguïté troublante derrière l’approche gouvernementale. Pour comprendre pourquoi c’est important, rappelez-vous la toile de fond de cet épisode, et ce qui y est caché.
Malgré une bureaucratie florissante et des millions de dollars dépensés pour surveiller les méthodes de contrôle aérien, il a fallu une vidéo YouTube plutôt floue pour réveiller le gouvernement au fait que des personnes au visage voilé semblaient embarquer à bord d’avions, sans que soient effectués les contrôles de sécurité appropriés. Le diagnostic provisoire: certains membres du personnel de sécurité des aéroports, confrontés à des voyageurs récalcitrants masqués ou à leurs accompagnateurs de sexe masculin en colère, renoncent à la sécurité et autorisent l’embarquement sans procéder à l’identification du visage.
Les révélations sur YouTube ont conduit à de nouvelles divulgations . Le Dr Daniel Pipes, autorité respectée sur le Moyen-Orient, a été témoin de gens voilés, qu’ils soient hommes ou femmes, il ne pouvait le dire, passant comme si de rien n’était à travers les contrôles canadiens d’embarquement. Un ancien soldat des Forces spéciales américaines a rapporté avoir vu des femmes arrogantes au visage voilé, haranguer un employé au contrôle de sécurité et le menacer de poursuites judiciaires pour oser demander à voir leur visage dans une salle privée. L’employé a cédé, les a laissées passer, et fut humilié par le rire victorieux des femmes qui – en arabe – l’ont insulté avec un « bêtas de Canadiens».
«Bêtas de Canadiens?» Tout à fait. Parce que ce fiasco montre la farce et la fraude que sont la juridiction canadienne, les listes d’interdiction de vol, les règles de sécurité – et les ordres ministériels. En effet, un nombre croissant de Canadiens, tel Tarek Fatah le fondateur du Congrès musulman canadien, trouve que la situation est devenue «scandaleuse et alarmante». Fatah n’exagère pas lorsqu’il dit qu’aucune personne couverte n’a d’affaire à se trouver à l’intérieur du périmètre d’un aéroport, et encore moins de recevoir l’autorisation de monter à bord d’un avion.
Alors maintenant le successeur de M. Baird, Chuck Strahl, a du rattrapage à faire avec la promesse tardive d’identifier tous les passagers. Mais la vraie question est de savoir comment ?
M. Fatah affirme que les failles du système de sécurité peuvent être attribuées à la lâcheté de ceux qui sont impliqués dans le système, depuis le menu fretin à la porte d’embarquement jusqu’au gros poisson au sommet du gouvernement et de la bureaucratie aérienne formant cette chaîne alimentaire politique. Certains sont plus conscients de carrières et d’implications personnelles que de chercher à appliquer la loi et affronter les radicaux. Ils redoutent les accusations pré-fabriquées de «raciste» et «anti-musulman» et sont hantés par le spectre de l’hyperactivité des Commissions des droits de la personne et des tribunaux.
Malheureusement, ces mêmes personnes qui ont en aversion les conflits, ces capitulards guidés par leurs intérêts personnels seront peut-être ceux-là mêmes qui enquêteront sur les failles passées et approuveront les correctifs futurs. Cela a des répercussions inquiétantes qui vont au cœur de notre Charte des droits et des valeurs canadiennes.
Comment ? En se soumettant au modèle saoudien des sensibilités islamiques pro-charia qui semblent avoir guidé certaines mesures de contrôle, en s’attendant à ce que les responsables créent dans les aéroports des zones d’exclusion de mâles afin d’identifier les porteuses de niqab. Et s’attendre aussi à ce que seules des femmes soient autorisées à faire ce travail officiel, en instaurant des politiques d’embauche pour refléter l’apartheid des sexes commandé par ces sensibilités. Nos impôts et nos dollars de voyages serviraient ainsi de façon détournée à financer la charia et le djihad par la porte d’en arrière.
Avant que le rideau ne tombe sur Baird, il a évidemment laissé entendre, sujet à un examen par le même ministère qui a présidé à cet effondrement dangereux de la sécurité aérienne, qu’il n’y aurait pas de système distinct, pas de dépistage spécial-charia. Même si le nouveau ministre des transports réitère ces assurances, elles ne seront pas fiables. C’est parce que les étapes du dépistage sont partagées entre le gouvernement et les compagnies aériennes du secteur privé, compagnies aériennes qui peuvent avoir des visées sur les marchés du transport aérien des fondamentalistes. En outre, il existe des motifs de préoccupations que le gouvernement lui-même est un allié peu fiable dans la lutte contre la «charia subversive» et l’islamisation de fonctions publiques importantes.
Un précédent est le débat il y a trois ans sur la possibilité du «vote voilé». Tous les partis fédéraux ont exprimé de véritables préoccupations au sujet de femmes voilées dans les bureaux de scrutin. Mais désireux de ne pas s’aliéner le bloc des voix radicales que leurs politiques irresponsables d’immigration ont créé, le gouvernement et autres politicailleux ont décidé de pelleter le problème dans la cour de l’agence fédérale d’Elections Canada. Ce faisant, ils savaient très bien que les fonctionnaires de l’Agence considéraient le vote à visage voilé comme étant acceptable.
Pire encore, ces politiciens avaient de bonnes raisons de croire qu’Elections Canada allait «accommoder» les femmes masquées avec du personnel féminin, fourni par le gouvernement, dans des bureaux de scrutin à zones interdites aux hommes dans la plus pure tradition de la charia. En effet, cette possibilité de solutions politiques inappropriées fut tout à fait claire en 2007 lorsque des collègues musulmans et moi-même sommes allés témoigner devant le comité parlementaire examinant la question du vote à visage masqué. A notre grande surprise, même un membre du comité aussi progressif que Paul Dewar du NPD a semblé suggérer le Maroc de tous les pays comme étant un modèle pour les procédures canadiennes de vote à visage voilé.
Alors que va commencer l’examen des contrôles de sécurité aérienne de Chuck Strahl, les citoyens doivent garder à l’œil tous les politiciens, fonctionnaires et responsables de compagnies aériennes dont la propension à faire des compromis sur nos valeurs fondamentales pourrait continuer à porter atteinte à la sécurité aérienne des passagers, à l’égalité des sexes et à nos autres garanties constitutionnelles.
Face à ces questions et à d’autres, les Canadiens doivent se rappeler qu’ils sont la première et la dernière ligne de défense du pays. Cela signifie utiliser tous les moyens appropriés pour forcer nos patrons politiciens, nos corporations et leurs employés à faire ce qui doit être fait. Les mesures nécessaires peuvent comprendre le recours à la loi criminelle et à la responsabilité civile, des requêtes pour sanctions disciplinaires à l’emploi, des demandes d’examen et de suspension des licences d’exploitation d’aéroports et de compagnies aériennes, des boycottages d’aéroports et de compagnies aériennes. Et bien sûr, en pénalisant les agents politiques et bureaucratiques qui pensent à eux d’abord avant de penser à la sécurité et au pays.
Le cours actuel des choses n’est pas viable dans un monde dangereux et il est indigne des valeurs et traditions du Canada. La classe politique semble avoir chancelé, et les Canadiens doivent voir à leur propre sauvetage.
* Avocat de près de 30 ans d’expérience dans le renseignement et la lutte au terrorisme, David Harris est directeur du programme de renseignement INSIGNIS Strategic Research Inc. Il a agi comme consultant auprès d’organisations dans le renseignement au Canada et à l’étranger, et a travaillé au SCRS en 1988-90.