Premier ministre David Cameron: «Ce qui est important avec les Frères Musulmans, c’est de comprendre les principes qu’ils défendent, la nature des liens entre leurs croyances et le chemin qui mène à l’extrémisme et à l’extrémisme violent, leurs relations avec d’autres groupes et l’étendue de leur présence au Royaume-Uni. Nos politiques devraient tenir compte de tous ces aspects.»
Point de Bascule présente une traduction d’extraits de deux articles de journaux britanniques ayant rapporté la nouvelle.
- Nicholas Watt (The Guardian – 31 mars 2014) : David Cameron orders inquiry into activities of Muslim Brotherhood (via JihadWatch)
- Tim Marshall (Sky News – 1 avril 2014) : Why tracing the Brotherhood is a tall order (via GMBDW)
Le gouvernement britannique vient d’ordonner une enquête sur les activités des Frères Musulmans au Royaume-Uni.
Il craint que la répression des radicaux qui font partie de la confrérie en Égypte en ait incité plusieurs à s’exiler en Grande-Bretagne.
L’agence de renseignements MI5, responsable de protéger le Royaume-Uni d’attaques à l’intérieur des frontières, prendra la direction de l’enquête mais le premier ministre David Cameron désire également en connaitre plus sur la philosophie des Frères Musulmans pour voir si elle est compatible avec la démocratie. Si la réponse est négative, le groupe pourrait être interdit bien que ce soit peu vraisemblable.
«Ce qui est important avec les Frères Musulmans, c’est de comprendre les principes qu’ils défendent, la nature des liens entre leurs croyances et le chemin qui mène à l’extrémisme et à l’extrémisme violent, leurs relations avec d’autres groupes et l’étendue de leur présence au Royaume-Uni. Nos politiques devraient tenir compte de tous ces aspects», a-t-il déclaré.
«C’est une recherche importante et nos politiques seront adéquates seulement si nous comprenons complètement la nature de l’organisation à laquelle nous faisons face.»
Une source dans l’entourage du premier ministre a confirmé un rapport du Times selon lequel l’enquête a été commandée par le PM au moment où il fait face à des pressions qui l’incitent à suivre l’exemple de l’Égypte et de l’Arabie saoudite, qui soutiennent que les Frères Musulmans utilisent Londres comme un centre important pour leurs activités, et à interdire le groupe.
Le Times a rapporté que le MI6, l’agence responsable de protéger le pays d’attaques terroristes extérieures et de mener l’espionnage hors des frontières, va examiner les rapports selon lesquels les Frères Musulmans sont responsables d’un attentat récent contre un autobus en Égypte. Le MI5 va chercher à déterminer le nombre de dirigeants qui se sont établis en Grande-Bretagne après le renversement du gouvernement des Frères Musulmans et la destitution du président Mohamed Morsi, issu de la confrérie.
Le régime d’Abdel Fattah el-Sisi, le chef de l’armée égyptienne qui a joué un rôle-clé dans le renversement de Morsi l’an dernier, a emprisonné l’ancien président qui attend son procès pour trahison. Morsi a été le candidat du parti des Frères Musulmans (Liberté et Justice) lors des élections présidentielles de 2012 en Égypte.
Le premier ministre Cameron a commandé l’enquête après avoir conclu que Whitehall [le gouvernement britannique] disposait de trop peu d’informations sur les activités des Frères Musulmans en Grande-Bretagne et en Égypte. Downing Street [le premier ministre] a demandé à Sir John Jenkins, l’ambassadeur britannique en Arabie saoudite, de présenter un rapport «sur la philosophie et les valeurs des Frères Musulmans et leurs liens allégués avec l’extrémisme et la violence».
Sir Kim Darroch, le conseiller du premier ministre en matière de sécurité nationale, a déjà commencé son travail. Sir John Sawers, l’actuel chef du MI6 qui fut ambassadeur en Égypte entre 2001 et 2003, participe au travail. Sawers, qui a déjà conseillé [l’ancien premier ministre] Tony Blair en matière de politique étrangère, avait des rapports étroits avec le régime de l’ancien président Hosni Moubarak.
Les Frères Musulmans ont été désignés comme un groupe terroriste par les autorités égyptiennes l’an dernier. Ils avaient été interdits durant la dernière partie du XXe siècle jusqu’au printemps arabe qui mena au renversement du président égyptien Moubarak.
Les services de sécurité semblent vouloir adopter une position plus dure à leur égard. Sir Richard Dearlove, l’ancien chef du MI6, a décrit les Frères Musulmans comme étant «essentiellement une organisation terroriste».
Steven Merley, un analyste des mouvements extrémistes, qui suit les activités des FM depuis plus d’une décennie, a déclaré à Sky News que «plusieurs groupes n’affichent pas ouvertement leur appartenance aux Frères Musulmans mais ils sont liés à ce que j’appelle le réseau des Frères Musulmans [the ‘Global Muslim Brotherhood’]».
L’étude va tenter de déterminer qui joue un rôle important dans la confrérie et dans quelle mesure ils sont extrémistes. M. Merley qui dirige le site internet Global Muslim Brotherhood Daily Watch affirme que «les Frères Musulmans opèrent en tentant de s’infiltrer dans d’autres groupes, comme les avocats et les médecins». Ils cherchent à influencer des groupes qui ont une influence sur la politique et la pensée politique.
C’est en partie par nécessité qu’ils ont recours à ce subterfuge. Les Frères Musulmans ayant souvent été interdits, ils n’opèrent pas d’une façon complètement ouverte. Une de leurs tactiques consiste à faire commanditer par des membres riches de nombreux groupes aux noms différents qui ne semblent pas être liés – une idée également appliquée en Europe.
Le mouvement des Frères Musulmans a été fondé par Hassan al-Banna en Égypte en 1928.
Il a promu l’idée que la mort peut valoir plus que la vie, ce qui a inspiré des générations d’auteurs d’attentats-suicide. Avec l’idéologue Sayid Qutb, mort dans les années ’60, il a établi les fondements de la doctrine de groupes comme al-Qaïda.
Le cheik [Youssef] Qaradawi, âgé de 86 ans, est le guide spirituel des Frères Musulmans.
Références supplémentaires
Point de Bascule : Fiche Wael Haddara (Wael Haddara a été président de la Muslim Association of Canada jusqu’au 12 décembre 2012. Le 28 décembre 2012, il était identifié comme un membre de la délégation égyptienne aux Nations Unies après être devenu un proche conseiller du président égyptien Mohamed Morsi, issu des Frères Musulmans.)
Point de Bascule : Fiche Muslim Association of Canada (Hormis le Hamas, la MAC est l’une des seules organisations dans le monde à afficher ouvertement ses liens avec les Frères Musulmans.)