En liant son économie à des fonds (rappelons qu’il s’agit ici de milliers de millards) gérés ostensiblement selon des canons islamiques, un État occidental vend, dans une certaine mesure, sa liberté de manoeuvre et accepte officiellement, dans une certaine mesure, de se plier ou pour le moins de s’associer aux principes islamiques. Peut-il le faire sans examiner, ouvertement, la nature profondément criminogène et résolument antidémocratique de ces principes? – Alain Jean-Mairet
Dans son billet du 7 mars, le suisse Alain Jean-Mairet explique très bien les enjeux liés au développement de la finance islamique. Nous reproduisons son billet un peu plus bas. Il réagissait à l’annonce imminente par le gouvernement britannique de sa décision quant au lancement d’un emprunt d’État islamique, un sukuk, une sorte d’obligation ici garantie par l’État.
On ne mesure pas suffisamment l’impact du recyclage des pétrodollars dans l’économie occidentale.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a récemment lancé un appel d’offres (jusqu’à 100 000 $) pour mener une étude évaluant comment «accommoder» les musulmans qui désirent s’acheter une maison tout en respectant la charia.
La présidente du Congrès musulman canadien, Farzana Hassan, a écrit à la ministre Karen Kingsley, lui demandant que la Société d’état abandonne son étude: « Les services bancaires conformes à la charia cachent une tentative outrageuse d’escroquerie envers la communauté musulmane (…) D’un côté, les imams disent aux musulmans qu’ils se retrouveront dans les flammes de l’enfer s’ils font affaire avec les banques du système existant. De l’autre côté, ces mêmes chefs religieux sont payés par les banques pour inciter les musulmans à se tourner vers un système bancaire fondé sur le mensonge et la tromperie. »
Dans une chronique du Globe and Mail, Tarek Fatah dénonce ce qu’il voit comme mascarade, tromperie et malhonnêteté: «Deux auteurs, tous deux des banquiers musulmans seniors, ont écrit des critiques acerbes de la charia bancaire, l’un étiquetant la pratique comme rien de plus que de la « tromperie », et l’autre préconisant que l’ensemble de l’exercice est « un prétexte pour faire avancer les objectifs islamiques et pour emplir les poches des responsables religieux. » Les Canadiens ordinaires doivent poser la question à savoir pourquoi est-ce que les banques canadiennes contribueraient à cette mascarade».
Selon Timur Kuran, alors titulaire de la chaire « King Faisal Professor of Islamic Thought and Culture » de l’Université de Californie du Sud, la finance islamique est une arnaque. «L’économie islamique a échoué dans ses 3 objectifs : abolir l’intérêt, engendrer l’égalité économique et établir une éthique commerciale supérieure».
Pour Alain Jean-Mairet, un État occidental, en acceptant ce marché, met davantage encore dans la balance. Une décision ausi lourde de sens devrait passer par une vaste campagne d’information du public.
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Combien, pour l’âme de la démocratie?, par Alain Jean-Mairet, le 7 mars 2008
La semaine prochaine, le gouvernement britannique annoncera s’il est prêt à lancer un emprunt d’État islamique, un sukuk, soit une sorte d’obligation, ici garantie par l’État. Cela ouvrirait ainsi à la finance islamique un nouveau marché dont la valeur globale est estimée par Standard & Poor’s à quelque 4000 milliards de dollars.
Pour les banques occidentales, la chose est considérée comme un simple instrument financier de plus, pour lequel il faut certes réunir certains critères bizarres, comme de camoufler le paiement d’intérêt par des conventions spéciales et de verser des honoraires à un collège de savants d’un autre temps, mais sans plus. Pourquoi pas? D’autant que le respect de ces quelques conditions baroques leur permet d’accéder à des fonds d’investissement considérables. Si eux ne le font pas, d’autres s’empresseront d’en profiter. C’est la loi du marché. Seules des institutions de surveillance, soucieuses d’éthique, sont censées étudier les aspects problématiques d’une association des fonds occidentaux avec les objectifs de la loi islamique. Encore faudrait-il se pencher sur la question.
Mais un État occidental, en acceptant ce marché, met davantage encore dans la balance. À partir de quel degré de dépendance économique et financière à la loi islamique, un État occidental cesse-t-il de pouvoir garantir le maintien de ses caractéristiques occidentales? Pour mémoire, la charia prévoit toujours le djihad contre les incroyants (les islamistes intelligents ont simplement renoncé à l’aspect militaire), la ségrégation religieuse et sexuelle, les châtiments en place publique et toutes sortes de lois élaborées des siècles avant l’instauration des droits de l’homme et de l’État de droit. Et partout où la proportion de Musulmans dépasse un certain seuil, ces lois refont surface, dans la législation ou directement sur le terrain.
Ainsi, en liant son économie à des fonds (rappelons qu’il s’agit ici de milliers de millards) gérés ostensiblement selon des canons islamiques, un État occidental vend, dans une certaine mesure, sa liberté de manoeuvre et accepte officiellement, dans une certaine mesure, de se plier ou pour le moins de s’associer aux principes islamiques. Peut-il le faire sans examiner, ouvertement, la nature profondément criminogène et résolument antidémocratique de ces principes?
Dans une démocratie, une décision aussi lourde de sens doit passer par une vaste campagne d’information et par un référendum. Si le gouvernement britannique accepte, la semaine prochaine, de mettre son sceau officiel sur la charia financière, il aura vraiment franchi un grand pas. Hors de la démocratie.
Voir aussi sur notre site:
La charia bancaire – Tromperie et malhonnêteté
La finance islamique est une arnaque
Canada – Prêts hypothécaires pour musulmans
Sites externes:
Sciences économiques islamiques?
Lettre ouverte à la Commission fédérale des banques
Le suicide de l’Occident ou l’absurdité de la tolérance envers l’Islam