Pour Khalim Massoud, président de Muslims Against Sharia, il n’y a aucun doute que le récent cas de décapitation d’une femme par son mari musulman à Buffalo est un « honoricide », un terme qu’il préfère à « crime d’honneur ». Il dénonce la rectitude politique qui taxe d’islamophobe toute référence à crime d’honneur/honoricide. Balayer sous le tapis les dimensions culturelles/religieuses de l’honoricide empêche que des solutions soient apportées au problème. L’honoricide est un crime motivé par la haine et devrait être traité comme tel.
Le mois dernier, Muzzammil Hassan, fondateur de Bridge TV à Buffalo, a décapité sa femme Aasiya Hassan (photo du couple ci-contre). Victime de violence conjugale, elle avait obtenu une ordonnance de protection stipulant que son mari devait quitter le domicile familial, et déposé une requête en divorce.
Comme ce fût le cas pour d’autres crimes d’honneur, les lobbies islamistes et les groupes anti-racistes ont insisté pour que les médias évitent de parler de «crime d’honneur», une expression susceptible, d’après eux, de stigmatiser l’ensemble d’une communauté. Récemment, le magazine Toronto Life a publié un article sur la mort d’Aqsa Parvez, victime du premier crime d’honneur au Canada. Pour cet article, l’éditrice en chef Sarah Fulford a fait l’objet d’une campagne de dénigrement par le groupe anti-raciste Urban Alliance on Race Relations. On l’a accusée de racisme et d’islamophobie pour son emploi du terme « crime d’honneur ».
De nombreux groupes de défense des droits, et féministes, voient aussi l’étiquette de «crime d’honneur» comme discriminatoire. La manière politiquement correcte d’aborder ce problème est de le noyer dans le phénomène plus général de la violence domestique, ce qui empêche l’élaboration d’une stratégie visant à prévenir de tels crimes, qui sont ancrés dans des cultures/croyances religieuses spécifiques.
On peut féliciter la communauté Sikh de Colombie-Britannique qui a eu le courage de s’attaquer à ce problème. En 2006, à la suite d’une série de crimes d’honneur tragiques, le ministre de la justice de la province, le Sikh Wally Oppal, a pris l’initiative d’organiser un forum public où il n’a pas hésité à parler de la violence endémique envers les femmes dans la communauté indo-canadienne et des éléments culturels qui la fondent. Loin d’attirer un regard stigmatisant sur la communauté Sikh, Wally Oppal a gagné en respect au sein de sa communauté et de la société canadienne.
Dire que décapiter sa femme, c’est mal, mais que critiquer l’islam, c’est pire, est une attitude condamnée par des féministes (les non-relativistes) et des musulmans progressistes, dont le groupe Muslims Against Sharia (MASH). Le groupe MASH a pour objectif de faire reconnaître ce qu’il appelle l’«honoricide» comme un crime haineux.
Nous avons traduit un article de l’américaine Phyllis Chesler qui n’a pas hésité à établir un lien entre la décapitation de Aasiya Hassan et l’islam, ce qui lui a valu le soutien de MASH, pour qui la décapitation est un «crime rituel». Voici un extrait du commentaire d’Helios d’Alexandrie, parlant d’Aasiya Hassan: «…mais voilà la liberté et la possibilité de faire respecter ses droits l’ont amenée à transgresser les interdits, c’est à dire à divorcer de son mari au mépris de l’esprit et de la lettre de la charia. Madame sans le savoir et sans le vouloir a renié l’islam et s’est mérité par conséquent le sort des apostats. Ce n’est donc pas un hasard si son mari l’a pieusement décapitée, il a suivi fidèlement l’injonction coranique, il a «frappé au cou» (égorgé et décapité) celle qui par son action a répandu la «corruption sur terre». Il s’agit là d’un meurtre rituel.»
Traduction de: Vindicated By Muslims Against Sharia Law., Chesler Chronicles, PajamasMedia, le 12 mars 2009:
Parfois, si un penseur-militant vit assez longtemps et persévère dans sa lutte, elle peut connaître l’expérience d’un moment de reconnaissance. Pour moi, la soirée d’hier fût l’un de ces moments.
Hier, j’ai complété un Questions/Réponses de la National Review sur les meurtres d’honneur/« honoricides » qui est publié aujourd’hui et que vous pouvez lire ICI. J’ai également donné une longue entrevue à un service de nouvelles important sur le sujet, qui doit paraître demain. Pour beaucoup de fils de presse et de médias à grand tirage, des idées telles que les miennes sont généralement écartées, marginalisées, attaquées, ou tout simplement «disparues». Je ne pense pas que ce sera le cas demain.
Et maintenant, j’ai un certain nombre d’honorables alliés. Parmi eux, je compte certainement Marcia Pappas, la présidente de NOW (État de New York) (ndlr: National Organisation of Women), qui est actuellement attaquée elle aussi pour avoir établi un lien entre la décapitation de Buffalo et les « crimes d’honneur » ainsi que « l’islam » et même le « terrorisme islamique ». Elle a en effet été prise à partie par une coalition de huit groupes de défense des victimes de violence domestique de Erie County à Buffalo où la décapitation a eu lieu. J’ai rapidement affiché un billet sur mon blog sur cette question (qui mériterait un plus long billet), mais j’ai surtout fait l’éloge de la récente manifestation contre la charia à Londres parrainée par One Law For All.
Et voilà! Un second honorable allié m’a écrit. Je veux partager ce qu’il a dit. Son nom est Khalim Massoud et il est le président de Muslims Against Sharia, une organisation internationale. Après avoir lu mon dernier billet ICI, il m’a écrit ce qui suit:
Il n’y a absolument aucun doute dans mon esprit que la décapitation de Buffalo est un honoricide. Nous, Muslims Against Sharia, préférons ce terme à celui de « crime d’honneur ». La décapitation n’est pas seulement un meurtre, c’est un crime rituel. C’est une forme de contrôle et d’humiliation d’un membre de la famille qui a «dépassé la limite », dans le présent cas, une femme qui a demandé une ordonnance de protection et planifiait de divorcer son mari.
Mme Pappas doit être félicitée pour son courage d’appeler un chat un chat. Le présent climat de rectitude politique présente des risques considérables pour les futures victimes d’honoricide. Tenter de balayer sous le tapis les dimensions culturelles/religieuses de l’honoricide empêche que des solutions soient apportées au problème. Alors que la plupart des médias n’oseraient pas toucher cette question avec une pôle de dix pieds par crainte d’être taxés d’islamophobie, quelques braves femmes, les vraies féministes comme Marcia Pappas et Phyllis Chesler, s’expriment sur le sujet, puis sont immédiatement fustigées par des soi-disant groupes de défense des victimes parce qu’elles ont osé montrer le linge sale islamique. Les musulmanes en Amérique sont exposées à un grand danger parce que l’establishment musulman, avec l’aide des médias, veut présenter l’honoricide comme une fiction.
L’honoricide n’a pas sa place dans le monde moderne, surtout pas en Occident. Il doit être combattu avec force, et non présenté comme un cas de violence domestique. Il y a près d’un an, MASH a commencé la campagne STOP HONORCIDE! Notre objectif est de faire reconnaître l’honoricide comme un crime haineux. Le cas de Buffalo est un exemple parfait illustrant pourquoi l’honoricide devrait être un crime haineux. Le suspect est inculpé de meurtre au 2e degré. Si l’honoricide était classé comme un crime haineux, il serait inculpé de meurtre au 1er degré.
Khalim Massoud
Président
Voir aussi:
Zuhdi Jasser sur le musulman modéré qui a décapité sa femme à Buffalo
Crimes d’honneur – Depuis 2006 les Sikhs Canadiens prennent leurs responsabilités
Bien des musulmanes ne craignent pas tant l’islamophobie… que leur famille !