Auteure : Michel Hébert
Référence : Journal de Montréal, 23 janvier 2014, p. 7
Titre original : Allah contre la charte
On s’en doutait; maintenant, on le sait. L’Islam mène bel et bien une action politique au Québec. C’est naturel, peut-on dire. Il a pris racine dans toutes les sociétés occidentales et voudrait bien y parvenir ici aussi.
C’est pourquoi tout juste avant les élections de 2012, le Forum musulman canadien (FMC) a pris soin de distribuer un bulletin de notes classant chacun des candidats de la région de Montréal.
Le but était simple: influencer le vote des électeurs musulmans de manière à contrer les obstacles à la présence de la religion dans l’espace public. Et la menace venait évidemment du PQ, partisan de la neutralité de l’État.
D’ailleurs, dans ce fameux bulletin, les candidats du PQ avaient presque tous obtenu la note D, «non recommandé». Sans doute à cause du projet de charte de la laïcité mis de l’avant depuis par le ministre Bernard Drainville.
Les libéraux, favorables au multiculturalisme, étaient naturellement mieux cotés. Sauf exception comme Fatima Houda-Pépin, que les intégristes musulmans détestent. En revanche, le libéral Marc Tanguay avait obtenu un joli B, il était «bien» vu du FMC. Quant aux caquistes, ils avaient été cotés moyennement avec un C pour «passable».
Québec solidaire
Il n’est donc pas étonnant que les leaders de la communauté musulmane incitaient les leurs à voter pour les héros de Québec solidaire, Françoise David et Amir Khadir. La première était la mieux cotée avec un A («très bien») tandis que son collègue Khadir obtenait un B+, soit presque «très bien»…
D’autres candidats de QS avaient obtenu la note C. Tel François Saillant du FRAPRU qui affrontait Jean-François Lisée, «non recommandé» par le Forum musulman…
Ce dernier apprécie la «laïcité ouverte» de Québec solidaire et sa volonté de subventionner l’embauche d’immigrants et d’en augmenter le nombre dans la fonction publique.
Le Forum musulman estime que le PQ fait montre d’«islamophobie». C’est pourquoi, à la veille des élections de 2012, les imams étaient invités à lancer des appels au ralliement dans les mosquées de Montréal. D’autres «actions concrètes» furent mises en œuvre en août 2012. S’exprimer dans les médias en est une…