Critique du documentaire Dans l’ombre des Shafia par Hugo Dumas de La Presse /
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Hugo Dumas de La Presse : Après le visionnement du documentaire Dans l’ombre des Shafia, hier midi, j’étais en beau fusil. D’abord contre la DPJ [Direction de la protection de la jeunesse] et la police, qui ont été incapables de protéger les enfants Shafia de leur père tyrannique.
[…] Les filles Shafia, qui ont vécu l’enfer, ont appelé la police pour signaler que leur père menaçait souvent de les tuer. La direction de leur école secondaire (Antoine-de-Saint-Exupéry) était parfaitement au courant que ça n’allait pas du tout à la maison des Shafia. Mais personne n’a pu les sauver. C’est ce qui brise le cœur en regardant Dans l’ombre des Shafia. Malgré tous les signaux d’alarme qui ont été lancés, la détresse des femmes Shafia n’a jamais été entendue.
Point de Bascule : Les programmes de rapprochement mis sur pied par les islamistes désorientent la police sur la nature et les implications de la menace posée par la charia, les règles islamiques et le radicalisme islamiste en général.
Dans l’épisode d’Enquête du 27 novembre 2014, le directeur de Point de Bascule a déclaré qu’il ne s’opposait pas à ce que les musulmanes choisissent de porter le voile. Il a indiqué que sa préoccupation concernait plutôt les femmes qui choisissent de ne plus le porter. Il a exprimé son inquiétude qu’une police dont l’expertise a été amoindrie par les programmes de rapprochement mis sur pied par les islamistes ne sache plus reconnaitre les signes de danger quand des jeunes filles musulmanes viennent chercher de l’aide contre les menaces dont elles sont l’objet dans leur milieu.
Dans l’interview originale accordée à Radio-Canada pour l’épisode d’Enquête du 27 novembre, Marc Lebuis avait donné en exemple la tragédie des Shafia pour illustrer les conséquences d’un manque de vigilance de la police découlant des programmes de rapprochement. Ses remarques sur les Shafia ont été exclues du montage final de l’épisode d’Enquête diffusé le 27 novembre.
L’affirmation de Marc Lebuis selon laquelle le voile islamique, le hijab, est un étendard du radicalisme islamique est basée sur la justification du port du voile fournie par Youssef Qaradawi, le guide spirituel des Frères Musulmans :
Youssef Qaradawi : Ce vêtement ne doit pas ressembler à ce que portent les mécréantes, les juives, les chrétiennes et les idolâtres. L’intention d’imiter ces femmes est interdite en islam qui tient à ce que les musulmans se distinguent et soient indépendants dans le fond et dans la forme. C’est pourquoi il a ordonné de faire le contraire de ce que font les mécréants.
Chapitre The halal and the haram in marriage and family life / Section The physical appetites / Sous-section How a Muslim Woman Should Conduct Herself / Archive.Today
Youssef Qaradawi : Voilà pourquoi Allah (swt) demande aux croyantes (musulmanes) de se couvrir d’un vêtement ample où qu’elles aillent, afin qu’elles puissent être ainsi distinguées des femmes qui sont non-croyantes et aux mœurs légères (non-believing and loose women). Allah a commandé à son Prophète (pbsl) de transmettre ce message divin à la nation: ‘Ô Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, qu’elles se couvrent de vêtements amples. Elles seront ainsi plus facilement reconnues (en tant que musulmanes) et ne seront pas molestées [Verset 33:59]’.
Chapitre The halal and the haram in marriage and family life / Section The physical appetites / Sous-section Women’s ‘Awrah / Archive.Today
NOTE : Les deux citations proviennent du livre Le licite et l’illicite en islam de Youssef Qaradawi. La première est reproduite du chapitre 2 de Frère Tariq (Paris, Éditions Grasset, 2010, p. 249) de Caroline Fourest et la seconde est une traduction française de Point de Bascule d’un extrait de la version anglaise de l’ouvrage de Qaradawi disponible sur Web Archive.
L’autorité morale de Youssef Qaradawi est reconnue par plusieurs leaders et organisations musulmans influents au Québec et par des personnalités souvent invitées par les médias québécois comme experts de l’islam :
Muslim Association of Canada (MAC) / La MAC est la principale courroie de transmission des Frères Musulmans au Canada. Dans une publication destinée aux jeunes et dans de nombreux autres documents, la MAC a recommandé les écrits de Qaradawi dans le passé;
Tariq Ramadan / Conférencier fréquemment invité au Québec et fondateur de Présence Musulmane, ce leader des Frères Musulmans a préfacé un recueil de fatwas de Qaradawi en français et il l’a décrit comme une autorité «qui répond aux questions que se posent les musulmans vivant en Occident»;
Salam Elmenyawi / Imam de la mosquée Assuna, président du Muslim Council of Montreal et aumônier des Muslim Students Associations de McGill et Concordia, Salam Elmenyawi identifia Qaradawi (Al Kardaoui dans le texte) comme une autorité que le Conseil de la charia qu’il comptait établr en 2004 envisageait consulter;
Salah Basalamah / Présenté comme le représentant de Tariq Ramadan au Canada par l’ancien doyen de la Faculté de Droit de McGill, Basalamah a décrit Qaradawi comme «un des exégètes musulmans les plus fameux dans le monde» (‘one of the most famous Muslim scholars in the World’). Basalamah a été consulté par la Commission Bouchard-Taylor au moment où elle amorçait sa tournée provinciale en 2007;
Sheema Khan / Fondatrice du Conseil national des musulmans canadiens (l’ancien CAIR-CAN) et directrice du CAIR de Washington lié au Hamas dans le passé, Sheema Khan a décrit Qaradawi comme ‘The renowned Muslim scholar’ («l’exégète musulman renommé»);
Patrice Brodeur / Dans un livre sur le halal au Québec publié en 2014, ce professeur proche de l’Arabie saoudite, titulaire de la Chaire du Canada Islam de l’Université de Montréal et collaborateur de la Commission Bouchard-Taylor a référé à Qaradawi comme une autorité pour préciser les règles que les musulmans doivent suivre en matière alimentaire.
Références supplémentaires
Point de Bascule (25 juin 2013) : Youssef Qaradawi : Les musulmanes doivent porter le hijab pour se distinguer des mécréantes par leur apparence, ce qui leur évite également d’être molestées
Point de Bascule : Fiche Charia / Crimes d’honneur
Sarah-Maude Lefebvre (Journal de Montréal – 24 mars 2013) : Haroun Bouazzi nie la différence entre le crime d’honneur et les cas de violence familiale pour lesquels la famille n’est pas complice de l’assaillant
Point de Bascule (9 décembre 2011) : Charia et crimes d’honneur : Point de Bascule répond à Sikander Ziad Hashmi
Point de Bascule (18 mai 2012) : Crimes d’honneur : Francine Pelletier relaie le message des islamistes
Critique du documentaire Dans l’ombre des Shafia par Hugo Dumas de La Presse /
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