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La photo de Hajar Jerroumi est extraite de la vidéo de l’émission 24/60 diffusée par Radio-Canada le 13 septembre 2013.
TABLE DES MATIÈRES
PARTIE 1 – Haroun Bouazzi
PARTIE 2 – Hajar Jerroumi
PARTIE 3 – L’Institut du Nouveau Monde
PARTIE 4 – Des réactions d’autres participants à l’École d’été de l’INM
* * * * *
PARTIE 1 – Haroun Bouazzi
Le coprésident d’AMAL-Québec, Haroun Bouazzi, a été invité à participer à l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde (INM) qui s’est déroulée du 8 au 11 août dernier. Cliquez sur l’image à droite pour consulter le message Twitter de l’INM à ce sujet.
Selon l’annonce de l’INM publiée avant l’événement, M. Bouazzi a été invité à agir comme «mentor» auprès des participants. Il «vous guidera dans cette démarche participative», annonçait l’INM aux participants. Dans le passé, Haroun Bouazzi a également conseillé le gouvernement Couillard en matière de sécurité.
Dans son programme, l’INM décrit Haroun Bouazzi comme une personne qui «participe, à travers ses prises de position dans les rencontres publiques et les médias, et par les mémoires qu’il présente en commissions parlementaires, à sensibiliser l’opinion publique et celle des élus sur l’importance de vivre dans une société où les droits fondamentaux des citoyens sont respectés».
La participation de Haroun Bouazzi en commission parlementaire, qui a eu le plus d’impact dans les médias, est celle qu’il fit en faveur du projet de loi 59 le 17 août 2015 (transcription – vidéo). Répondant à une recommandation du président de la Commission des droits de la personne, Jacques Frémont, le gouvernement Couillard avait conçu ce projet de loi pour donner des outils juridiques supplémentaires à la Commission afin qu’elle puisse notamment poursuivre «des gens qui écriraient contre la religion islamique […] sur un site internet ou sur une page Facebook». C’était de la censure pure et simple. Le gouvernement a dû abandonner cette partie de son projet de loi après une opposition quasi-généralisée au Québec et un filibuster d’Agnès Maltais à l’Assemblée nationale.
Avec le projet de loi 59 appuyé par Haroun Bouazzi, on s’éloignait d’une «société où les droits fondamentaux des citoyens sont respectés», contrairement à ce qu’affirme l’INM. Lysiane Gagnon avait qualifié le projet de loi de «totalitarisme pur» et Brian Myles, le directeur du Devoir, a écrit que sa mise en place aurait mené à «l’émergence d’une ‘police de la pensée’ au Québec».
Après les attentats terroristes à Bruxelles en mars 2016, un reportage de la télévision publique de Belgique a clairement indiqué que les islamistes, et ceux proches de l’infrastructure des Frères Musulmans en particulier, font tout en leur pouvoir pour faire interdire les critiques de l’islam par les gouvernements et les tribunaux occidentaux. À cette fin, ils ont élaboré le concept d’islamophobie qu’ils brandissent pour justifier la censure. Dans le reportage de Belgique, le sociologue Gilles Kepel souligna que «L’islamophobie est une arme contre les non-musulmans qui critiqueraient l’islam. C’est aussi une arme contre ceux des musulmans dont ils ont le sentiment qu’ils ont une interprétation erronée de l’islam, c’est-à-dire une interprétation qui n’est pas la leur».
Haroun Bouazzi est également engagé dans une campagne qui vise à susciter le ressentiment parmi les musulmans et les autres jeunes qu’il cherche à mobiliser. C’est ainsi qu’il a récemment décrit la situation des musulmans vivant au Québec comme étant «catastrophique» (Vidéo 0:07:25).
Dans un exposé récent à Paris, Haroun Bouazzi a candidement expliqué qu’il compte sur des militants «rigides», «révolutionnaires» et «d’extrême-gauche» pour l’aider à atteindre les objectifs politiques qu’il s’est fixés. On peut penser à sa volonté de faire censurer la critique de l’islam, notamment. Dans la portion de son exposé de Paris disponible au public, Haroun Bouazzi n’encourage pas explicitement l’usage de la violence. Par contre, il ne fait aucun mystère sur le fait qu’une stratégie qu’il qualifie de ‘révolutionnaire’ fait partie de son approche. Ce que Haroun Bouazzi propose est une démarche classique de type Good cop / Bad cop dans laquelle des militants en veston se présentent comme ‘les modérés’ qui sauront calmer les ardeurs des ‘rigides’ masqués après que ces derniers aient mené diverses actions qualifiées de ‘révolutionnaires’. On peut penser à du vandalisme, des occupations illégales, des confrontations avec la police, de faux appels à la bombe, etc. Bouazzi n’a pas précisé les actions qu’il avait à l’esprit. Moyennant des concessions des autorités sur lesquelles «les modérés» et «les rigides» se sont entendus au préalable, «les modérés» s’engagent à ramener le calme.
0:12:25 / Transcription – Haroun Bouazzi à Paris : «Il y aurait deux stratégies qui existent. […] Il y a une stratégie que je qualifierais de révolutionnaire avec une lecture ou bien très près ou principalement d’extrême-gauche ou alors une lecture ‘décoloniale’ [sic], principalement. L’idée c’est de dire que les institutions portent en elles, ce qui est tout à fait vrai, portent en elles un côté de domination islamophobe et, que le fait de travailler avec elles, constitue [sic / contribue] à les renforcer ou à les reconnaître et que il faut les combattre de front plutôt que de rentrer dans un dialogue avec ces institutions.»
0:13:10 / Transcription – Haroun Bouazzi à Paris :«Ensuite, il y a un côté plus réformiste qui peut très bien être pour une réforme radicale, qui peut aussi prendre des lectures d’extrême-gauche d’ailleurs ou ‘décoloniales’ [sic] mais qui est beaucoup plus ouvert au dialogue avec les institutions qu’il faudrait réformer. Alors, nous on se place beaucoup plus dans la lecture réformiste même si on pense que les deux courants, non seulement dans n’importe quelle lutte ont toujours cohabité mais que, en plus, le courant réformiste ne peut absolument pas réussir s’il n’y a pas des courants qui sont beaucoup plus rigides dans le dialogue.»
Haroun Bouazzi joue sur les deux tableaux dans un autre aspect de son activisme. D’une part, il déclare que l’organisation AMAL-Québec qu’il copréside «est une voix citoyenne et non-religieuse. Ça, ça veut dire qu’on ne défendra jamais une religion ou une compréhension ou un courant de l’islam.» D’autre part, il s’engage dans des débats pour préciser ce qu’est la charia, sur l’existence ou non du concept de ‘crimes d’honneur’ dans l’islam, etc.
En 2015, Haroun Bouazzi s’est présenté devant les médias pour expliquer que le bon peuple avait tout faux quand il critique la charia et qu’en réalité, «Il n’y a pas une seule Charia» / WebArchive. Implicitement, Bouazzi faisait passer le message que des versions de la charia seraient acceptables. Pourtant, quand la Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en islam de l’OCI déclare que «La Charria est l’unique référence pour l’explication ou l’interprétation» de la Déclaration à son article 25, elle réfère à une charia et non à plusieurs. L’OCI, l’Organisation de la coopération islamique regroupe tous les pays musulmans.
Dans l’islam sunnite en particulier, il est exact qu’il existe quatre écoles d’interprétation. Ça ne donne pas quatre charias pour autant. Le manuel de charia Umdat Al-Salik précise qu’approximativement 75% des conclusions des quatre écoles d’interprétation sunnites sont identiques (voir p.vii). Des certificats de conformité du texte anglais de l’Umdat Al-Salik aux préceptes de la jurisprudence islamique ont été émis notamment par l’Université Al-Azhar d’Égypte, le principal centre d’enseignement de l’islam sunnite dans le monde, et par l’International Institute of Islamic Thought (IIIT). Ils apparaissent dans les premières pages de la traduction anglaise du manuel.
Par ailleurs, quand ces écoles d’interprétation de l’islam sunnite divergent, ce sont généralement des divergences de niveau et non des oppositions. Ainsi, en ce qui concerne l’excision du clitoris par exemple, l’école shafiste déclare qu’elle est obligatoire pour les femmes, alors que l’école hanafite la considère simplement comme «une marque de courtoisie envers le mari». Dans une interview de 2006, le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi, a également reconnu que les écoles d’interprétation de la charia divergent sur la façon de tuer les homosexuels : une prévoit de les jeter du haut des édifices alors qu’une autre prévoit de les brûler, etc. Qaradawi a cependant reconnu que les écoles d’interprétation s’entendaient sur la désignation de l’homosexualité comme un crime punissable de mort.
Point de Bascule (22 juin 2016) : Charles Taylor (2007) : Charles Taylor (2007) : «L’excision n’est pas dans le Coran. Ce n’est pas dans la religion musulmane.»
Reliance of the Traveller (Traduction anglaise de l’Umdat Al-Salik)
PARTIE 2 – Hajar Jerroumi
Sur son profil LinkedIn, Hajar Jerroumi indique qu’elle a été embauchée comme agente de projets par l’Institut du Nouveau Monde en juin 2016. Elle avait participé aux éditions 2013 et 2014 de l’École d’été de l’INM. Depuis son embauche, elle a tweeté quelques messages au sujet de l’édition 2016 de l’École d’été de l’INM. Haroun Bouazzi, le coprésident d’AMAL-Québec, y avait été invité comme ‘mentor’ et elle a cité une des phrases de sa présentation : «Il faut être radical dans la quête de l’égalité».
Il y a longtemps que des termes comme ‘égalité’, ‘vivre ensemble’ et ‘participation citoyenne’ sont utilisés à toutes les sauces. Pour cerner les objectifs que poursuit Hajar Jerroumi à l’INM et ailleurs, il est utile de rappeler ses engagements passés.
AOÛT 2013 – Les médias ont identifié Hajar Jerroumi comme une porte-parole du Collectif 1ndépendance. Cette année-là, le Collectif avait invité quatre prédicateurs islamistes basés en France à venir s’adresser aux jeunes musulmans au Palais des Congrès de Montréal. L’événement qui s’est déroulé les 7-8 septembre 2013 avait été déplacé à la mosquée Al-Omah Al-Islamiah au centre-ville de Montréal après des critiques nombreuses contre les invités dans la presse et les médias sociaux de Montréal.
À la fin août 2013, Fabrice de Pierrebourg avait cité, dans La Presse, Nader Abou Anas, un des conférenciers invités, qui affirme qu’un homme qui serre la main d’une femme, «c’est déjà de la fornication, de l’adultère». Un site français consacré à l’islamisation de la France avait rappelé qu’Anas affirme que la musique est un «dégât» et qu’il condamne la célébration de la Saint-Valentin. Le Devoir avait rappelé qu’Anas déclare aux femmes qu’elles ne sont «pas libres de faire ce qu’elles veulent dans ce monde». Selon lui, «refuser le voile, c’est pire que d’avoir le cancer ou le sida». Il estime que les femmes non voilées iront en enfer.
À titre de membre du Collectif qui organisait l’événement, Hajar Jerroumi s’est présentée à une conférence de presse le 30 août 2013 pour défendre les conférenciers invités. À l’époque, elle n’avait pas nié les propos qui leur étaient reprochés mais avait promis «à 150%» qu’ils parleraient d’autre chose à Montréal. Selon Le Devoir du 30 août 2013, Hajar Jerroumi a nié avoir connu les propos passés des prédicateurs au moment où ils avaient été invités : «Hajar Jerroumi indique que son organisation a pris connaissance de ces propos seulement lorsque la ‘propagande médiatique’ a commencé la semaine dernière».
Point de Bascule (28 août 2013) : À défaut de percer complètement le mystère… des informations au sujet des organisateurs de la conférence islamiste 1ndépendance
13 SEPTEMBRE 2013 – Hajar Jerroumi s’est elle-même identifiée comme une porte-parole du Conseil musulman de Montréal (CMM) à l’émission 24/60 de Radio-Canada. En 2014, le journal français La Croix l’a également identifiée comme une porte-parole du CMM. À Radio-Canada, Madame Jerroumi avait été invitée pour parler de la manifestation que son organisation et le Collectif d’Adil Charkaoui contre l’islamophobie organisaient contre la Charte des valeurs du gouvernement québécois. En 2016, sur sa page Facebook, le CMM déclare chapeauter plus de 70 institutions musulmanes dans la région de Montréal.
En 2003, La Presse rapporta que le leader du CMM, Salam Elmenyawi, a justifié que Salman Rushdie soit tué pour avoir écrit Les versets sataniques parce que son roman était considéré hostile au fondateur de l’islam :
La Presse / 16 juin 2003 : Quant aux sévères sanctions prescrites par l’islam à ceux qui transgressent ses interdits, Salam Elmenyawi insiste sur leur portée limitée mais ne les désavoue pas. La peine de mort pour les musulmans qui renient leur foi? «Ce n’est pas une règle absolue, si on regarde la jurisprudence. Ça s’applique surtout à ceux qui combattent l’islam. Salman Rushdie, par exemple, a insulté le Prophète.»
Interrogé sur cette déclaration passée par la députée Agnès Maltais en commission parlementaire le 20 août 2015, l’imam Elmenyawi a nié l’avoir tenue. Une consultation des archives de La Presse ne nous a pas permis de retrouver un rectificatif que M. Elmenyawi aurait demandé au journal de publier à l’époque.
En décembre 2004, Salam Elmenyawi a déclaré au journal Le Devoir que le Conseil de la charia, qu’il travaillait à établir, comptait consulter le guide spirituel des Frères Musulmans, Youssef Qaradawi (al Kardaoui), dans le futur pour trancher des questions de jurisprudence islamique. Selon Qaradawi, les apostats de l’islam sont passibles de mort. Dans un exposé à la télévision arabe (article – vidéo), il a même reconnu que «s’ils [les musulmans] avaient cessé d’appliquer les châtiments pour apostasie, l’islam n’existerait plus aujourd’hui». Dans le passé, Qaradawi a également plaidé pour la conquête musulmane de l’Occident, il a justifié les attentats suicide et il a présenté Hitler comme un envoyé d’Allah venu punir les juifs.
Le 15 septembre 2005, le CMM et plusieurs autres organisations islamistes opérant au Québec publièrent une lettre ouverte dans Le Devoir et The Gazette pour condamner comme ‘discriminatoire’ une motion de l’Assemblée nationale qui rejetait la reconnaissance des tribunaux de la charia en matière de droit familial envisagée par l’Ontario.
Lors de son passage devant la Commission parlementaire qui étudiait le projet de loi 59 en août 2015, le président du CMM a demandé que Québec rende la loi encore plus contraignante et «interdise les moqueries sur la religion».
2 MAI 2014 – Le Conseil de presse du Québec a retenu une plainte contre une journaliste du Devoir pour information incomplète car elle avait évoqué les positions politiques de Hajar Jerroumi sans mentionner son affiliation au Collectif 1ndépendance qui avait invité des prédicateurs islamistes à Montréal l’année précédente :
Décision majoritaire du Conseil de presse : «[L]a journaliste a manqué de rigueur en n’expliquant pas comment furent recrutées ces jeunes femmes interviewées, en ne mentionnant pas le rôle joué par Mme [Hajar] Jerroumi dans sa communauté ainsi que son appartenance au Collectif 1ndépendance. De plus, ces informations auraient apporté un éclairage important sur les positions de ces jeunes musulmanes qui, autrement, risquaient d’être perçues comme de simples étudiantes.»
2015 – Dans un message personnel / Archive.Today ajouté sous une pétition d’appui à Adil Charkaoui, Hajar Jerroumi a écrit : «M.Charkaoui dérange parce que Le courage, l’intégrité et la tenacité [sic] dérangent.»
AVRIL 2016 – Hajar Jerroumi s’est jointe à l’offensive organisée par le gouvernement du Maroc contre le secrétaire-général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, qui considère la présence marocaine sur le territoire contesté du Sahara occidental comme une «occupation». En mars 2016, le Maroc a expulsé 80 fonctionnaires des Nations Unies qui administrent le Sahara occidental. Des ressortissants marocains vivant au Québec, dont Abdelghani Dades, Hassan Bendehmane et Hajar Jerroumi, ont défendu la position du gouvernement marocain à M Télé / Archive.Today, une télévision qui cible la communauté maghrébine établie au Québec.
Dans son intervention, Hajar Jerroumi a principalement reproché au secrétaire-général de l’ONU d’avoir été partial et d’avoir nui aux intérêts du Maroc. (Vidéo 6:40)
Un des arguments invoqués par Hassan Bendehmane, un ancien fonctionnaire des Nations Unies d’origine marocaine, pour justifier la présence militaire marocaine au Sahara occidental, a été d’affirmer que plusieurs de ceux qui s’y trouvent sont des «intrus» qui représentent une menace pour la sécurité de son pays :
VIDÉO 9:17 Hassan Bendehmane : «Il est vrai que les conditions humanitaires sont déplorables dans les camps de Tindouf et il incombe aux Nations Unies de résoudre ce problème parce que c’est pour ça qu’on lui a confié la question. Il s’agit tout d’abord d’identifier ces gens-là : qui sont des véritables Sahraouis [donc] des citoyens marocains et qui sont des intrus? Et ça, c’est extrêmement important avant d’aller plus loin. Ce n’est pas seulement pour des questions de démocratie et de bonne gouvernance mais c’est aussi une question de sécurité.»
Quant au troisième intervenant Abdelghani Dades, il a été nommé au Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME) par le roi du Maroc le 21 décembre 2007 pour une période de quatre ans. En principe, son mandat devrait donc être terminé mais, à la fin août 2016, sa biographie figure toujours parmi celles des membres du CCME sur le site de l’organisation. L’article 163 de la constitution du Maroc précise que le CCME a été mis sur pied pour servir les intérêts du Maroc en élaborant des politiques qui concernent les Marocains à l’étranger.
Le décret du roi Mohamed VI qui créa le CCME en 2007 indique à l’article 9 qu’Abdelghani Dades a été choisi comme conseiller du roi en raison de son «dévouement pour la défense des intérêts suprêmes» du Maroc.
Au moment de la nomination des membres du CCME, le roi les présenta en indiquant qu’ils avaient également été choisis pour «leur attachement […] aux valeurs de l’identité marocaine unifiée». L’article 3 de la constitution marocaine précise que c’est l’islam qui unifie le Maroc [«L’Islam est la religion de l’Etat»]. L’article 41 de la constitution présente le roi comme le chef des croyants [«Le Roi, Amir Al Mouminine, veille au respect de l’Islam»].
En 2010, Abdelghani Dades a présenté dans le journal Atlas.Mtl, qu’il dirige à Montréal, un texte sur Ibn Khaldoun (1332-1406) qu’il qualifia de «savant maghrébin intemporel». Dades avait indiqué son appui aux idées d’Ibn Khaldoun en écrivant qu’il «ramène ses enseignements dans ses bagages».
Ibn Khaldoun est un exégète musulman endossé par l’International Institute of Islamic Thought (IIIT), le principal centre de recherche des Frères Musulmans en Amérique du Nord, et par d’autres acteurs islamistes. Ibn Khaldoun est surtout connu pour ses Prolégomènes (Paris, Imprimerie impériale, 1863) disponibles sur Google Livres (Partie 1 – Partie 2 – Partie 3).
Dans ses écrits, Ibn Khaldoun présente la justification théologique du projet de conquête de l’islam. Dans la version française du texte qui date du XIXe siècle, le traducteur a utilisé le terme islamisme avec le sens qu’on donne aujourd’hui au terme islam :
Dans l’islamisme, la guerre contre les infidèles est d’obligation divine, parce que cette religion s’adresse à tous les hommes et qu’ils doivent l’embrasser de bon gré ou de force. On a donc établi chez les musulmans la souveraineté spirituelle et la souveraineté temporelle, afin que ces deux pouvoirs s’emploient simultanément dans ce double but. Les autres religions ne s’adressent pas à la totalité des hommes; aussi n’imposent-elles pas le devoir de faire la guerre aux infidèles; elles permettent seulement de combattre pour [leur] propre défense. Pour cette raison, les chefs de ces religions ne s’occupent en rien de l’administration politique.» (Partie 1 – p. 469 Google Livres)
En 2008, Dades a déclaré au Devoir que le taux de chômage affectant la population d’origine maghrébine au Québec entraînera «un affaiblissement de [sa] volonté d’adhésion aux valeurs du pays». Comme nous l’avons déjà écrit dans le passé : c’est du chantage pur et simple comme les islamistes et leurs compagnons de route savent si bien le faire. Et si les écarts importants entre les taux de chômage qui affectent les différentes communautés établies au Québec étaient en relation avec le genre d’idées que leurs membres respectifs «ramènent dans leurs bagages»?
http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/societe/2013/09/13/004-manifestation-charte-des-valeurs-collectif-obscur.shtml / Archive.Today
Hajar Jerroumi (à droite) en compagnie de Salam Elmenyawi (à gauche) et d’Adil Charkaoui (2e à partir de la gauche) à une assemblée publique contre la Charte des valeurs proposée par le gouvernement québécois en 2013. L’image est tirée d’un reportage de Radio-Canada.
PARTIE 3 – L’Institut du Nouveau Monde
L’Institut du Nouveau Monde s’est associé à d’autres islamistes proches de l’infrastructure des Frères Musulmans dans le passé :
16-18 JANVIER 2007 – Le leader de l’organisation Présence Musulmane au Canada, Salah Basalamah, a été invité comme conférencier (p.7) par l’Institut du Nouveau Monde (INM). L’organisation Présence Musulmane a été mise sur pied en Europe en 1996 (et au Canada en 2001) pour appliquer le programme des Frères Musulmans en fonction des conditions locales. En 2004, dans une interview accordée au magazine Egypt Today, le leader de l’organisation, Tariq Ramadan, a incité les islamistes opérant spécifiquement au Canada à utiliser le cadre légal canadien («un des plus ouverts dans le monde», avait-il souligné) pour faire passer discrètement les principes de charia un à un. En 2007, Ramadan a participé à un séminaire au Québec pour expliquer comment le recours aux ‘accommodements raisonnables’ (et la menace de recourir aux tribunaux pour les obtenir) pouvait concrètement contribuer à l’islamisation de la société. Dans son interview de 2004 destiné aux islamistes opérant au Canada, Tariq Ramadan les avait fortement enjoint de ne pas mentionner ouvertement leur appui à la charia : «Le terme charia est mal vu dans l’esprit des Occidentaux», avait déclaré Ramadan. «Ce n’est pas nécessaire de mettre l’accent là-dessus. […] Pour le moment, ce n’est pas comme ça qu’on veut être perçus», avait-il ajouté.
En 2006, avant même d’être invité par l’INM, Salah Basalamah avait endossé (p.194) le leader islamiste Syed Maududi (Mawdudi / 1903-1979) en le présentant comme un des ‘réformistes’ musulmans qui devraient alimenter les réflexions des musulmans vivant au Québec. Dans son livre Jihad in Islam / WebArchive (pp.6 et 22), Syed Maududi a affirmé que «Le but de l’islam est de provoquer une révolution universelle. […] L’islam cherche à détruire tous les états et les gouvernements opposés à l’idéologie et au programme de l’islam où qu’ils soient sur terre. […] Le but de l’islam est d’instaurer un état fondé sur son propre programme et sa propre idéologie.»
Voilà la nature véritable du soi-disant ‘vivre ensemble’ que les islamistes et leurs compagnons de route ne cessent de marteler.
2-3 FÉVRIER 2007 – Participation de Présence Musulmane au rendez-vous stratégique sur la culture québécoise à l’Institut du Nouveau Monde.
9 AOUT 2007 – Rencontres de Présence Musulmane avec divers acteurs des mouvements jeunesse en collaboration avec l’Institut du Nouveau Monde.
22-25 AOÛT 2007 – L’Institut du Nouveau Monde (INM) présente Présence Musulmane comme un parrain de son École d’été (p.7) et la militante de Présence Musulmane, Asmaa Ibnouzahir, comme une ambassadrice de l’École (p.8).
En mars 2008, un quotidien du Sénégal rapporta que l’ambassadrice de l’INM et coordonnatrice du comité exécutif de Présence Musulmane Montréal à l’époque, Asmaa Ibnouzahir, était attendue à Dakar pour participer à un sommet de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) quelques jours plus tard. L’OCI regroupe les 56 pays musulmans et l’Autorité palestinienne. C’est le plus important bloc de pays aux Nations Unies.
L’OCI refuse d’endosser la Déclaration universelle des droits de l’homme, notamment parce qu’elle reconnait la liberté de changer de religion à l’article 18. En 1990, l’OCI a adopté sa propre Déclaration du Caire sur les droits de l’homme en islam. Les articles 24 et 25 stipulent que les droits et libertés énoncés dans la Déclaration du Caire sont soumis aux dispositions de la charia et que la charia demeure l’unique référence pour interpréter la Déclaration. L’article 22a, en particulier, stipule que «Tout homme a le droit d’exprimer librement son opinion pourvu qu’elle ne soit pas en contradiction avec les principes de la Charria».
En 2016, l’INM a de nouveau annoncé la participation d’Asmaa Ibnouzahir à son École d’été.
28 OCTOBRE 2007 – L’INM avait été mandaté par la Commission Bouchard-Taylor pour organiser le forum Qui sont les musulmans québécois?
Pour l’occasion, l’INM avait confié la tâche à Patrice Brodeur de dresser un portrait des principales organisations musulmanes actives au Québec. M. Brodeur avait présenté positivement Présence Musulmane, IRFAN-Canada (le collecteur de fonds du Hamas) et d’autres organisations islamistes actives au Québec sans faire la moindre allusion aux controverses au centre desquelles ces organisations ou leurs leaders s’étaient retrouvés durant les mois précédents. En 2014, IRFAN a été ajouté à la liste des organisations terroristes bannies par le Canada. Déjà en 2007, un document daté du 29 mai 2007 dans la cause criminelle Holy Land Foundation entendue aux États-Unis (voir subsection VIII) avait présenté IRFAN-Canada comme une composante de l’infrastructure de financement du Hamas en Amérique du Nord. En 2008, tous les accusés dans cette affaire de financement du terrorisme ont été reconnus coupables et condamnés à de lourdes peines de prison.
Aujourd’hui, Patrice Brodeur est professeur à l’Université de Montréal et il joue un rôle de premier plan auprès de l’Arabie saoudite à titre de conseiller principal du King Abdullah bin Abdulaziz International Centre for Interreligious and Intercultural Dialogue (KAICIID). Cet organisme, basé à Vienne mais financé par l’Arabie saoudite, utilise le prétexte du dialogue interreligieux pour promouvoir l’agenda saoudien. Ce qui démontre l’absolue mauvaise foi des Saoudiens en la matière, c’est que tout en faisant du prosélytisme à l’étranger pour leur doctrine au nom du dialogue interreligieux, ils interdisent la construction d’églises sur leur propre territoire (voir : CIA World Factbook / People and Society) et ils emprisonnent les non-musulmans qui organisent des activités religieuses dans leur propre domicile.
En 2015, le chancelier autrichien Werner Faymann a dénoncé le KAICIID de Vienne après que cette organisation ait refusé de condamner la peine de 1 000 coups de fouet imposée à Raif Badawi par un tribunal saoudien. Le chancelier avait déclaré à ce moment-là que «ce centre ne se conforme pas à son mandat de dialogue et est muet au sujet de violations fondamentales des droits de l’homme».
2009 – Des documents de l’INM identifiaient l’organisation Présence Musulmane de Tariq Ramadan parmi ses «partenaires et parrains».
5 NOVEMBRE 2009 – Après que Point de Bascule ait mentionné la collaboration de l’INM avec Présence Musulmane à l’occasion d’une visite de l’islamiste Tariq Ramadan à Montréal, l’INM avait réagi en émettant un communiqué de presse niant quelque association que ce soit avec Présence Musulmane malgré ses propres documents attestant du contraire.
14 NOVEMBRE 2009 – Présence Musulmane avait rétabli les faits sur sa collaboration passée avec l’INM en émettant son propre communiqué.
2010 – Avant d’être nommé au Conseil d’administration de l’INM en 2009-2010, Kamal El-Batal avait promu le ghetto comme un environnement propice à ‘l’intégration intelligente’ des immigrants.
PARTIE 4 – Des réactions d’autres participants à l’École d’été de l’INM
Le journal Métro de Montréal a délégué sa journaliste Roxane Léouzon à l’École d’été 2016 de l’INM. Elle a produit un compte rendu de ses rencontres avec trois participants qui a été publié le 9 août.
Faïçal Lounis, un autre agent de projet de l’INM, a notamment déclaré qu’un projet pilote organisé à l’École d’été 2016 de l’INM voulait «traiter de la radicalisation à travers l’idée d’une meilleure inclusion de la diversité».
Ce qu’on comprend de ce projet c’est que la radicalisation découlerait d’une mauvaise inclusion des migrants qui choisissent de venir au Canada. Nulle part, ne fait-on mention de ceux que le Centre de prévention de la radicalisation de Montréal a appelé les ‘agents de radicalisation’ dans un rapport récent et qui prônent un modèle de société islamique totalitaire qu’aucun accommodement, aucun compromis ne satisfera.
Lectures complémentaires
Point de Bascule : INDEX Radicalisation
Point de Bascule : FICHE Institut du Nouveau Monde
Point de Bascule : FICHE Haroun Bouazzi
Point de Bascule (27 juin 2016) : Good cop Bad cop : À Paris, Haroun Bouazzi déclare que son dialogue avec le gouvernement du Québec doit être mené de pair avec une agitation ‘révolutionnaire’ (sic) pour atteindre ses objectifs politiques