Sur cette vidéo, la déclaration liminaire de Ezra Levant à l’ouverture de l’enquête de la Commission des droits de la personne de l’Alberta, à Calgary le 11 janvier 2008. Ezra Levant a fait l’objet d’une plainte par l’imam Syed Soharwardy et le Edmonton Muslim Council pour la republication des caricatures de Mahomet il y a deux ans par le défunt magazine Western Standard dont il était alors l’éditeur. La plainte a été rejetée après 900 jours d’enquête. Lisez : Caricatures de Mahomet : La saga Ezra Levant (la suite, mais c’est loin d’être la fin)
Le clip est présenté comme suit par Ezra Levant sur son blogue:
«Voici un clip vidéo de ma déclaration liminaire. Les deux autres personnes dans la pièce sont l’agent des «droits de la personne» Shirlene McGovern, et mon avocat Tom Ross».
«C’est à cela que ressemble un interrogatoire en 2008. Ce n’est pas dans un donjon ni même dans des installations sécurisées du gouvernement. Ce n’est pas fait par des paramilitaires en uniformes. Ça semble banal, une salle de réunion d’un cabinet d’avocat, avec un bureaucrate blasé. C’est ce que Hannah Arendt appelle la «banalité du mal»».
Traduction de la déclaration
Mon nom est Ezra Levant. Avant que ne commence l’interrogatoire par ce gouvernement, je ferai une déclaration. Lorsque le magazine Western Standard a publié les caricatures danoises de Mahomet il y a deux ans, j’en étais l’éditeur. Ce fut le moment le plus fier de ma vie publique. Je le referais aujourd’hui. En fait, je l’ai fait aujourd’hui. Bien que malheureusement le Western Standard n’ait plus d’édition imprimée, j’ai posté les caricatures ce matin sur mon site ezralevant.com.
Je suis présent à cet interrogatoire du gouvernement sous protêt. Ma position est que le gouvernement n’a pas l’autorité juridique ou morale de m’interroger, moi ou quelqu’un d’autre, pour avoir publié ces textes et images. C’est une violation de mes libertés anciennes et inaliénables: la liberté d’expression, la liberté de la presse et, dans le présent cas, la liberté religieuse et la séparation de la mosquée et de l’État.
C’est particulièrement pervers qu’une bureaucratie qui se fait appeler la Commission des droits de la personne de l’Alberta soit l’agence du gouvernement qui bafoue mes droits fondamentaux. Je vais donc maintenant appeler ces bureaucrates «la commission» ou «la CDP», puisque parler d’une «commission des droits de la personne» revient à vider ces mots de leur sens.
Je crois que cette commission n’a pas d’autorité légitime sur moi. La commission a été conçue comme un organisme quasi-judiciaire de bas échelon chargé d’arbitrer des querelles sur le logement, l’emploi et d’autres questions où les plaignants invoquent qu’ils ont été victimes de discrimination en raison de leur race ou de leur sexe. La commission a été conçue pour se pencher sur des actions, pas sur des mots ou des idées. Aujourd’hui, la commission, qui est financée par un gouvernement laïque à même les argents de contribuables de toutes origines, prend sur elle-même d’être un exécutant des vues de l’islam radical. Tant pis pour la séparation de la mosquée et de l’État.
J’ai lu les décisions rendues par la commission ces dernières années et il est clair qu’elle est devenue un dépotoir pour les déchets rejetés par le véritable système judiciaire. J’ai lu un cas où un étudiant en coiffure s’est plaint d’avoir été appelé un «perdant» par les filles de la classe. La commission a tenu une audition sur ce cas. Un autre cas est celui d’une gérante de cuisine souffrant d’hépatite C qui s’est plaint d’avoir été congédiée en violation de ses droits. La commission lui a donné raison et a ordonné au restaurant de lui verser 4900 $.
En d’autres termes, la commission est une farce, c’est l’équivalent albertain du pseudo tribunal de la télésérie américaine Judge Judy, sauf que Judge Judy est un vrai juge, alors qu’aucun des décideurs de la commission n’est juge et que certains ne sont même pas avocats. Et contrairement à la commission, Judge Judy croit en la liberté d’expression.
C’est déjà suffisamment grave que cette farce soit imposée à des salons de coiffure et des restaurants. Mais c’est encore pire maintenant que les commissions attaquent la liberté d’expression.
C’est mon premier point: les commissions ont sauté hors de la cage où elles étaient confinées, et elles attaquent maintenant nos libertés fondamentales. Comme l’a écrit Alan Borovoy, le leader canadien des libertés civiles qui a contribué à établir ces commissions dans les années 60 et 70, en se référant spécifiquement à notre magazine, être un censeur, «n’est certainement pas le rôle que nous avions envisagé pour les commissions des droits de la personne. Le droit de publier les caricatures contestées devrait être indéniable». Comme la commission est manifestement hors de contrôle, il a dit qu’«il serait préférable d’amender les dispositions de la Loi sur les droits de la personne pour éliminer toute ambiguïté d’interprétation».
La commission n’a pas d’autorité légale pour agir en qualité de censeur. La loi ne lui donne pas ce pouvoir, elle l’invente. Même Alan Borovoy le dit.
Même si les commissions avaient une feuille de vigne légale pour leurs tentatives de censure politique et religieuse, ça demeurerait illégal et inconstitutionnel.
Nous avons une tradition de liberté d’expression héritée de la Grande-Bretagne qui remonte à l’année 1215 et à la Magna Carta. Nous avons un patrimoine de 800 ans de common law britannique protégeant la liberté d’expression auquel s’ajoutent 250 ans de common law canadien.
Cette common law a été réaffirmée dans divers documents fondamentaux, en particulier depuis la Deuxième Guerre mondiale.
En 1948, la Déclaration universelle des droits de l’Homme de l’ONU, signée par le Canada, a stipulé:
«Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit».
La Déclaration canadienne des droits de 1960 garantit:
1. …les droits de l’homme et les libertés fondamentales ci-après énoncés:
c) la liberté de religion; d) la liberté de parole; e) la liberté de réunion et d’association; f) la liberté de la presse.
La Charte canadienne des droits et libertés de 1982 stipule que:
2. Chacun a les libertés fondamentales suivantes :
a) liberté de conscience et de religion;
b) liberté de pensée, de croyance, d’opinion et d’expression, y compris la liberté de la presse et des autres moyens de communication.
On les appelle même les «libertés fondamentales» pour leur donner plus d’importance.
Qu’un bureaucrate du gouvernement convoque un éditeur ou toute autre personne à un interrogatoire portant sur son discours politique ou religieux est une violation de 800 ans de common law, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, de la Déclaration canadienne des droits et de la Charte des droits. Cette commission applique les valeurs saoudiennes, pas les valeurs canadiennes.
C’est aussi une procédure profondément partiale et injuste. Le plaignant, ici un imam radical musulman qui a été formé dans une université officiellement anti-sémite en Arabie saoudite et qui a demandé que le Canada soit régi par la charia, n’a pas à payer un sou. Les contribuables d’Alberta financent la poursuite de la plainte contre moi. Les victimes des plaintes, comme le Western Standard, doivent payer leurs propres avocats de leurs propres poches. Même si nous gagnons, nous perdons : le processus est devenu le châtiment. (À ce stade, je voudrais remercier les nombreux donateurs qui ont donné leur propre argent au magazine pour nous aider à lutter contre l’imam saoudien et ses facilitateurs dans le gouvernement albertain).
La procédure est injuste. Contrairement aux vrais tribunaux, il n’existe aucun moyen de demander le rejet de poursuites vexatoires. Les règles de preuve de la common law ne s’appliquent pas. Les Règles des tribunaux ne s’appliquent pas. C’est un système en partie kafkaïen et en partie stalinien. Pour cet interrogatoire aujourd’hui, auquel je me soumets sous la contrainte, la Commission m’a même dit qui je pouvais ou ne pouvais pas amener comme avocat et conseillers.
Je n’ai pas confiance dans cette commission grotesque. Mais j’ai confiance en la justice et au bon sens de mes compatriotes Albertains et Canadiens. Je crois que mieux ils comprendront cette cause, plus ils seront choqués. Je suis ici sous la contrainte pour répondre aux questions posées par la commission. Mais ce n’est pas moi qui suis en procès: c’est la liberté de tous les Canadiens.
Vous pouvez commencer votre interrogatoire.
Voir aussi:
Commission des droits de l’Alberta contre Ezra Levant – caricatures de Mahomet
Alberta- Enquête sur la publication des caricatures danoises par Ezra Levant
Canada – Une nouvelle plainte aux droits de la personne contre Ezra Levant, cette fois pour son blog